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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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constat, les hypothèses se dédoublent et se multiplient à l’envi ! Trouvons le point de
section entre les deux cas. En existe-t-il un d’ailleurs ?
    – En tout état de cause, la prochaine victime pourrait bien être Sartine.
    – Tu veux dire qu’on tenterait quelque menée homicide contre lui ?
    – Ce qu’à Dieu ne plaise ! Mais il y a d’autres moyens de détruire un homme comme lui. La disgrâce, l’exil, le déshonneur…
    Nicolas se concentrait, derechef, sur son petit carnet.
    – Il me vient une idée. Tu vas la condamner et sans doute auras-tu raison. Elle sort, je t’en préviens, des sentiers battus. Te souviens-tu de cette équipée nocturne à l’hôtel de Rieussec 32  ?
    – Et comment ! Une escalade suivie d’une effraction ! Je revois l’aventure comme j’y étais, le vertige avec.
    – Eh bien ! Je souhaite répéter la chose à l’hôtel de Ravillois. Une visite discrète, méthodique et sans risques qui nous permettra de parfaire notre connaissance de la maison et de ses habitants.
    – Sans risques, c’est un peu vite dit et avancer un fait sans en être assuré. Je crois revoir la loge d’un portier.
    – Tu viens de m’assurer que la maison serait vide.
    – C’est vrai. Mais j’envisage une issue, car l’une de nos mouches a lié amitié avec l’homme, un peu porté sur le flacon. Je crois aisé qu’il puisse le distraire suffisamment pendant notre expédition. À nous de lui en indiquer l’horaire. Quelle alléchante perspective ! Mais tu sembles oublier que ce soir…
    – … nous sommes conviés à souper chez Semacgus. Cela s’accordera parfaitement. Nous quitterons
Vaugirard fort tard. Noblecourt a prévu de dormir sur place. Pour rejoindre les Porcherons nous prendrons hors les murs. Naganda, qui sera de la partie, nous accompagnera. Il est de bonne compagnie dans une pareille conjoncture. Je le préviendrai des tenants de l’équipée.
    Bourdeau ne répondit pas, l’air bougon. Les bouffées de fumée s’accélérèrent. L’inspecteur se garda pourtant d’élever la moindre objection sous le regard amusé de Nicolas qui lisait en lui à livre ouvert.
    – En attendant, reprit-il, il nous faut poursuivre l’enquête auprès des participants de la soirée à l’hôtel de Ravillois. Nous n’avons pas encore entendu M. de Sainte-James. Je présume, te connaissant comme un autre moi-même…
    Bourdeau rougit de plaisir. Ah ! songea Nicolas, comme il était aisé de jouer sur les faiblesses humaines. Il s’en voulut un peu de cette ruse innocente.
    – … que tu as lancé des recherches sur la coquine protégée par M. Tiburce ?
    – Nous saurons tout, et vite. Son train et ce qu’il dilapide pour elle.
    – Les passions des vieillards sont les pires.

    Dans la voiture qui les conduisait au bois de Boulogne vers la folie du financier, Nicolas méditait. De quelle manière user pour aborder le trésorier général de la Marine ? Peut-être était-il plus habile de ne pas évoquer de but en blanc la mort de M. de Chamberlin ? S’il parvenait à persuader Sainte-James qu’une autre affaire les conduisait jusqu’à lui, il jetterait le trouble dans son esprit, état des plus favorable pour faire surgir quelques vérités enterrées. Il gazerait l’affaire de l’hôtel de Ravillois et sonderait à
l’aveuglette les matières où l’homme de finance pouvait se sentir menacé. Alors, par chance, ou par un hasard qui, les précédents ne manquaient pas, n’était souvent que le rapprochement fortuit entre deux éléments, la lumière jaillirait peut-être qui indiquerait la voie à suivre. Les confidences de Sartine lui offraient une base ferme pour bâtir sa stratégie : demeurer évasif et se bien garder de lâcher le morceau, en l’évoquant pourtant de telle sorte que l’homme soit naturellement conduit à se confier plus qu’il ne l’aurait souhaité. Il ne s’agissait pas de se hasarder sans précaution et tout perdre au risque de s’être trop aventuré, mais d’agiter en douceur quelques fantômes d’épouvantails.
    Il s’ouvrit de son projet à Bourdeau qui l’approuva, tout en relevant son intrépidité et les risques encourus. N’y avait-il pas d’inconvénients à ne point interroger le témoin sur le déroulement de la soirée et sur ses relations avec cette famille ? Pour Nicolas, ces questionnements-là ne leur apprendraient rien. Les précisions apportées par le baron de Besenval étaient

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