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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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des gardes, et un autre vers l’amant. Ses lèvres tremblèrent… Elle ne dit rien. Bois-Redon prononça :
    – Sa Majesté le roi veut voir à l’instant monseigneur le duc d’Orléans…
    Louis sentit son cœur se gonfler d’une sincère gratitude pour cette splendide maîtresse qui lui donnait un trône. Il se tourna vers Bois-Redon. La reine saisit sa main et murmura :
    – Restez…
    Orléans pâlit ; pour la troisième fois, le destin l’avertit. Il eut froid dans ses veines. Isabeau fit un rude effort sur elle-même, étrangla sa pitié naissante, et avec un sourire effrayant :
    – Restez encore un peu…
    Le duc fut rassuré. « Encore un peu » corrigeait « restez ». Il secoua la tête :
    – Capitaine, courez dire au roi que je me rends à ses ordres.
    De nouveau seul avec Isabeau, il l’étreignit dans ses bras et, d’un accent affolé :
    – Peut-être serai-je roi, bégaya-t-il. Mais vous, je jure que vous serez la reine du roi…
    Et il s’élança.
    Ses quatre pages, déjà, étaient prévenus. Ils étaient à cheval dans la rue ; chacun d’eux portait une torche. D’un rapide regard, le duc sonda les noires profondeurs de la rue ; tout était paisible.
    – À l’Hôtel Saint-Pol ! dit-il en se mettant en selle.
    La petite troupe s’avança au pas, le long de la rue Barbette. Les pages marchaient en avant. Le duc, à quelques pas derrière eux, les rênes flottantes, un vague sourire aux lèvres, songeait…
    Brusquement, les pages poussèrent un cri de détresse, des ombres bondirent dans le brouillard…
    – Holà, drôle ! cria le duc. Holà, truands ! Au large, au large !…
    Pendant un temps d’une inappréciable rapidité, il eut dans les yeux la vision fantastique de ces ombres qui surgissent, de ces lueurs d’acier qui zébraient les ténèbres ; un de ses pages s’abattit, puis un autre. Tout à coup, il éprouva au flanc une violente douleur, il lui sembla que sa raison s’envolait, que tout lui manquait. Il s’abandonna, s’abattit, tomba de cheval en murmurant :
    – Ah ! traîtres, vous m’avez tué !…
    Un coup l’atteignit à l’épaule, un autre à la tête… Il eut encore la force de se soulever sur les deux mains et de haleter :
    – Je suis le duc d’Orléans…
    – Nous le savons ! répondit une voix sombre.
    Le duc retomba, sur le dos, le visage tourné vers le ciel. Il eut cette dernière vision de Valentine, de l’épouse fidèle lui jetant un dernier regard de pardon, et cela s’enveloppa de l’éclair d’une hache qui se levait…
    – Adieu… Valentine… pardon… oh !… pard…
    Ce fut fini. La hache, à toute volée, l’atteignit au crâne. La cervelle jaillit, éclaboussa les marches disloquées du vieux perron des « Templiers de Notre-Dame ». Il y eut un tourbillon parmi la nuée des démons. Brusquement tout cela s’évanouit. Il n’y eut plus là que quatre hommes. L’un d’eux saisit le cadavre par les pieds et le traîna jusqu’à une torche qui brûlait encore sur la chaussée. Cet homme saisit cette torche, la leva, éclaira une seconde le visage livide, éclaboussé de sang, le crâne défoncé, et il dit :
    – C’est bien. Allons-nous-en.
    Ocquetonville, s’étant assuré que le duc d’Orléans était bien mort, éteignit la torche sous son pied. Alors, suivi de Scas, de Guines et de Courteheuse, il s’enfuit. Au fond des ténèbres, les quatre hommes damnés s’enfuirent, se glissèrent au long des murs, en se disant :
    – Ce fut vite et bien fait. Jamais nul ne saura !
    Là-bas, sur la chaussée bourbeuse de la rue Barbette, il y avait trois corps étendus : celui du duc d’Orléans, ceux de deux pages ; les deux autres s’étaient enfuis comme ils avaient pu, sauvant leur peau.
    Les assassins étaient déjà loin. Ils s’arrêtèrent, ruisselants de sueur, et quelques minutes, leur groupe immobile haleta dans le silence. Enfin, Guillaume de Scas parla :
    – Je suis sûr que Thibaud Le Poingre nous ouvrira.
    – Et s’il ne veut pas ouvrir, dit Courteheuse, nous défoncerons sa porte.
    – Il est sûr que je crève de soif, gronda Ocquetonville.
    – Moi aussi, dit Guines.
    Ils ne dirent pas un mot de l’affaire et se dirigèrent vers le cabaret de la « Truie Pendue ». Mais chacun d’eux songeait : Nul ne saura. Nul ne peut savoir.
    Vers ce moment, dans la rue Barbette, il y eut un bruit de pas précipités. Une silhouette se dessina sur l’écran de

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