L'Iliade et l'Odyssée
mal. »
Alors Circé prononça un serment solennel.
Cependant quatre de ses servantes, nymphes des
sources, des bois et des fleuves sacrés, travaillaient dans sa
demeure. L’une jetait sur les fauteuils de belles étoffes de
pourpre. Une autre en approchait des tables d’argent et plaçait
dessus des corbeilles d’or. La troisième mélangeait du vin dans un
vase d’argent et disposait des coupes d’or. La quatrième apportait
de l’eau et la faisait chauffer dans un chaudron de bronze.
Quand l’eau eut bouilli, Ulysse se mit au
bain, et elle lui versa de l’eau tiède sur la tête et sur les
épaules, jusqu’à ce que toute sa fatigue eût disparu. Quand elle
l’eut baigné et frotté d’huile, elle lui donna pour se vêtir une
tunique et un beau manteau. Puis elle l’emmena s’asseoir sur un
fauteuil, et une servante lui apporta de l’eau pour les mains dans
une aiguière d’or. On lui servit des mets délicats, et Circé
l’invita à manger.
Mais Ulysse n’avait pas goût à manger ;
il restait immobile, plongé dans de sombres pensées.
« Pourquoi restes-tu là sans manger et
sans boire ? lui demanda Circé. Crains-tu encore quelque
piège ? Je t’ai pourtant juré un serment solennel. »
« Oh ! Circé, répondit Ulysse, quel
homme digne de ce nom pourrait manger et boire avant que ses
compagnons aient été délivrés et ramenés sous ses yeux ? Si tu
désires vraiment que je mange et que je boive, permets-moi de voir
mes amis. »
Alors Circé, sa baguette à la main, se rendit
à l’étable et en fit sortir tous les porcs. Quand ils furent
debout, devant elle, ella passa parmi eux et les frotta chacun
d’une drogue nouvelle. Aussitôt ils redevinrent des hommes, mais
plus jeunes et plus beaux qu’ils n’étaient auparavant.
Quand ils virent Ulysse, ils lui prirent la
main et tous se mirent à pleurer.
Circé elle-même fut émue et dit :
« Ulysse, va maintenant vers ton navire. Tirez-le à sec, et
cachez tous vos biens dans des grottes. Puis reviens ici avec le
reste de tes compagnons. »
Ulysse lui obéit. Quand il revint à la maison
de Circé avec ces derniers, ils trouvèrent les autres qui
festoyaient joyeusement. Circé les avait fait baigner et leur avait
donné de nouveaux vêtements. Quand ils se revirent face à face, ils
éclatèrent en sanglots.
Alors Circé s’approcha d’Ulysse et lui
dit : « Ulysse, je sais combien de maux vous avez endurés
sur la mer, et combien de cruels ennemis vous ont attaqués sur la
terre. Mais allons, mangez et buvez, jusqu’à ce que vous ayez
repris courage. Car vous êtes tous sans vigueur, sans
ressort. »
Ils restèrent donc là une année entière à
festoyer, mangeant force viandes et buvant du bon vin.
L’Odyssée – Scène 6 : Au royaume des
Morts
Quand une année eut passé et que furent
revenus les beaux jours, les hommes éprouvèrent le désir de
retourner dans leur pays.
C’est alors que Circé révéla à Ulysse les
épreuves qui l’attendaient encore. Avant d’arriver à Ithaque, il
devait accomplir un voyage au royaume des morts.
Ulysse laissa éclater son désespoir. Mais
Circé lui dit comment il parviendrait aux bois sacrés de
Perséphone, et quels sacrifices il devrait y offrir. Elle ajouta
que, là-bas, le devin Tirésias lui dirait comment il reviendrait
dans sa patrie.
À cette nouvelle, les hommes se mirent à
sangloter et à s’arracher les cheveux. Mais leurs lamentations ne
servaient à rien. Enfin, ils lancèrent le navire à la mer et
voguèrent jusqu’à l’extrémité du monde, au pays des Cimmériens,
couvert de nuées et de brumes.
Ils trouvèrent là l’endroit qu’avait indiqué
Circé et firent leurs sacrifices. Bientôt les âmes des morts se
rassemblèrent, celle de Tirésias et les autres.
Voici ce que Tirésias dit à Ulysse :
« Tu peux encore, Ulysse, arriver dans ton pays, si,
approchant de l’île où paissent les troupeaux du dieu Soleil, tu
continues ta route sans leur faire aucun mal. »
« Mais si tu les touches, alors je te
prédis la perte de ton vaisseau et de tes compagnons. Toi-même, tu
rentreras tard dans ta patrie. Tu trouveras dans ta maison des
hommes effrontés qui courtisent ta fidèle épouse. Tu devras les
massacrer tous. »
Cela dit, l’âme de Tirésias rentra au séjour
des morts. Mais nombre d’autres se présentèrent, et Ulysse leur
parla à toutes : l’âme de sa mère et celles de tous les héros
qui étaient
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