L'Iliade et l'Odyssée
tombés devant Troie, Achille en particulier. Car une
flèche de l’arc de Pâris avait enfin abattu ce brave guerrier.
Il vit aussi Tantale, debout dans un lac.
Chaque fois qu’il se penchait pour boire, l’eau se retirait. Des
arbres laissaient pendre leurs fruits au-dessus de sa tête –
poiriers, grenadiers, pommiers, figuiers et oliviers. Mais quand le
vieillard étendait les bras pour les prendre, le vent les emportait
jusqu’aux nuages.
Il vit aussi Sisyphe, qui poussait sans répit
une énorme pierre vers le sommet d’une colline. Chaque fois qu’il
allait en atteindre le faîte, le poids de la pierre l’entraînait en
arrière. La pierre roulait de nouveau vers la plaine, et Sisyphe
recommençait à la pousser.
Ulysse aurait pu voir aussi les héros du temps
passé. Mais déjà s’assemblaient, avec une clameur prodigieuse, les
tribus innombrables des morts. Ulysse s’enfuit, blême de peur, et
gagna son vaisseau pour reprendre la mer.
L’Odyssée – Scène 7 : Le chant des
Sirènes
Quand leur navire eut quitté le fleuve Océan
et gagné la haute mer, une douce brise augmenta leur allure. Ils
n’atteignirent que trop tôt le premier des dangers contre lesquels
on les avait mis en garde : c’était l’île des Sirènes, dont
les chants ensorcelaient les hommes. Elles étaient assises près du
rivage, entourés des ossements des hommes que leurs chants avaient
attirés à la mort. Le vent tomba et il y eut un calme absolu.
Les hommes roulèrent la voile, la mirent dans
la cale, et ils frappèrent de leurs rames la mer écumante. Mais
Ulysse pétrit un gros morceau de cire, jusqu’à ce qu’il devînt
tiède et mou. Il boucha les oreilles de ses hommes et leur ordonna
de l’attacher au mât.
Quand le navire arriva à portée de voix de la
terre, les Sirènes l’aperçurent. Elles lancèrent par-dessus les
vagues les notes de leur chant harmonieux.
Viens, grand Ulysse,
Héros au faîte de ta gloire,
Arrête, immobilise ton vaisseau
Et écoute notre histoire douce comme le miel.
Tourne cette noire proue vers le rivage ;
Goûte aux doux délices
De jours et de nuits remplis de magie
Qui ne sont destinés qu’aux héros.
Nous connaissons ton noble passé,
Nous connaissons ce que réserve l’avenir.
Arrête-toi un moment avec nous, et repars ensuite,
Un homme content, un homme plus sage.
Leur voix avait tant de charme qu’Ulysse fut
pris d’un grand désir d’en entendre d’avantage. Avec des cris et
des froncements de sourcils il demanda à ses hommes de le
détacher ; mais ils ne pouvaient entendre ses cris, pas plus
qu’ils n’entendaient le chant, et ils firent exprès de ne pas
prêter attention à ses froncements de sourcils. Au contraire, ils
tirèrent plus fort sur leurs rames pour faire avancer le
navire.
Quand ils furent en sécurité, hors de portée
de voix, les hommes enlevèrent la cire de leurs oreilles et
détachèrent Ulysse du mât. Ils se félicitèrent tous d’avoir évité
le premier danger.
L’Odyssée – Scène 8 : Charybde et
Scylla
Dès qu’ils eurent laissé derrière eux l’île
des Sirènes, des nuages de vapeur s’élevèrent devant eux. La mer
grondait si fort que les hommes eurent peur et leurs mains
lâchèrent les rames. Le navire trembla sur les eaux agitées, mais
Ulysse se mit à marcher de long en large parmi les hommes, les
encourageant, et indiquant au pilote comment il fallait
gouverner.
Devant lui, il y avait deux périls entre
lesquels il devait choisir – ainsi l’avait dit l’enchanteresse
Circé.
Le premier était une falaise verticale, trop
raide et trop lisse pour qu’un mortel puisse l’escalader : à
son flanc, l’ouverture béante et sombre d’une caverne. C’était
l’habitation de Scylla, monstre horrible à six longs cous. Au bout
de chaque cou, une tête horrible et affamée s’abaissait pour
arracher une victime à tout navire qui passait.
L’autre falaise était plus basse, mais encore
plus dangereuse. Là vivait la redoutable Charybde, aspirant les
eaux trois fois par jour, et les vomissant ensuite. Bien que Scylla
dût saisir à coup sûr six de ses matelots pour en nourrir ses
hideuses têtes, il était cependant préférable de passer de son côté
plutôt que de l’autre.
Ulysse ne dit rien de Scylla à l’équipage.
Circé l’avait averti qu’on ne pouvait lui échapper, et il ne
voulait pas que ses hommes soient pris de panique et se cachent,
laissant aller le navire à la
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