L'Impératrice indomptée

être l’instigatrice. Elle va trouver Ludovica pour lui faire la demande officielle.
    2 - 1867 est une année néfaste, puisqu’elle emporte tour à tour l’époux d’Hélène mais aussi la première femme de Charles-Théodore, la princesse Sophie de Saxe.
    3 - Ce précepteur d’Élisabeth n’est pas, par métier, un professeur. C’est un ami hongrois de son père qui, selon ce dernier, a sollicité comme une faveur la permission de donner à la jeune fille des leçons de hongrois, et qui réussit à éveiller en elle de l’intérêt, tant pour la Hongrie elle-même que pour son histoire. Elle prend plaisir à penser qu’elle ne sera pas couronnée seulement comme impératrice d’Autriche mais aussi comme reine de Hongrie.
    4 - Il existe deux portraits équestres d’Élisabeth datant de cette année-là, peints l’un et l’autre par le même artiste bavarois : le meilleur devait être un cadeau de Noël pour l’empereur. Celui qui fut choisi finalement montre Élisabeth chevauchant dans une forêt brumeuse ; l’autre a pour fond plus conventionnel le château.

III
    MARIAGE ET NAISSANCES
    L E CORTÈGE DES DEUX VOITURES prend donc la route sous les acclamations. Lorsque le carrosse quitte Munich, les larmes coulent sur ses joues, mais le temps magnifique, l’enthousiasme des villageoises qui sortent de leurs maisons, l’excitation populaire, tout contribue à la réconforter.
    Sur le parcours, les villages sont ornés d’arcs de triomphe, de couronnes, de fleurs ; les discours, les chants, les vivats, les pétards se succèdent sans trêve. La petite Bavière prend congé de sa princesse. Visiblement émue, elle remercie et salue. « La mère profondément bouleversée fond en larmes », rapporte un journal. Le cortège se dirige vers Straubing, où il s’embarque sur le vapeur Ville de Ratisbonne , richement décoré, pour descendre le Danube jusqu’à Linz.
    Une charmante surprise les y attend. François-Joseph se tient sur le quai pour souhaiter la bienvenue à sa fiancée, dans la première ville autrichienne où elle passe la nuit. En amoureux attentionné, il a fait toute la route depuis Vienne rien que pour les escorter, elle et toute sa famille, jusqu’à leur logement chez le bourgmestre. Il compte repartir le lendemain matin à l’aube, et être de retour à Vienne à temps pour accompagner ses parents à Nussdorf, où Élisabeth doit arriver au cours de l’après-midi.
    À Linz, une multitude de cloches sonnent. La foule est en vêtements de fête. La ville ressemble à un festival de couleurs où se mêlent à profusion le rouge et le blanc d’Autriche, le noir et le jaune des Habsbourg. Des généraux en uniformes de parade éblouissants, des alignements de troupes... au port d’armes. Une délégation d’habitants de la ville est présente pour saluer Sissi et ses dix-sept ans. L’hymne des Habsbourg est joué avec accompagnement de cymbales et roulements de tambours. Tout cela semble digne d’une joyeuse opérette ! La jeune fille s’endort aussitôt après avoir bu de la bière brune de Munich avec son père. À la veille de devenir une impératrice, elle est encore une enfant, à beaucoup d’égards !
    Le lendemain, un petit vapeur fluvial, le François-Joseph , attend les hôtes. Il est orné de guirlandes de roses provenant du palais de Schönbrunn et pavoisé d’innombrables pavillons. De sa cabine, transformée en jardin fleuri, Sissi voit défiler l’abbaye baroque de Melk, le château de Durnstein, les cités de la Wachau – Stein, Krems, Tulln, enfin Klosterneuburg –, des paysages idylliques et chargés d’histoire, splendidement décorés pour la jeune « rose de Bavière ». Partout, on a cessé le travail. Le long des rives, se massent les écoliers, les paysans et les ouvriers. Sur chaque appontement, sont rassemblés les notables locaux et l’on joue l’hymne impérial avec salves de canon. Ces milliers de personnes attroupées veulent toutes apercevoir Sissi. Déjà un peu épuisée, elle agite en souriant son mouchoir de dentelle.
    Il faut, en bateau, une journée pour atteindre la capitale. Dans la plaine de la Wachau, entre Krems et Melk, le soleil illumine le plus beau paysage fluvial d’Autriche ; mais au loin, sur la capitale, les nuages s’amoncellent. Il est cinq heures et demie du soir lorsque le bateau aborde enfin, à Nussdorf, le port de Vienne. L’arrivée est théâtrale et nombreux sont ceux qui en firent le récit