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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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chaudes disputes entre l’impératrice et l’archiduchesse deviennent de plus en plus fréquentes à mesure que les semaines passent.
    Une jeune fille indépendante de moins de vingt ans ne peut que s’irriter de se voir harcelée et dominée par une belle-mère sans doute bien intentionnée, mais tenace. Dès le début, le mariage est en péril. Sissi rit souvent – ne serait-ce que pour retenir ses larmes –, un rire relevé par un soudain sourire éblouissant qui s’évanouit presque aussi vite qu’il est apparu. Les bals, les soirées l’assomment plus que tout. De temps à autre, elle réussit à s’échapper pour faire une longue promenade toute seule. Elle est résolue à sortir où et quand il lui plaît. Elle monte à cheval, dans les bois, surtout au crépuscule ; c’est l’unique moyen qu’elle a trouvé pour s’évader de la cérémonie et du protocole sans fin de cette cour ennuyeuse.
    Car son époux étant occupé toute la journée, elle le voit peu ; pour le reste, l’entourage de Sissi appartient au cercle de sa belle-mère. Comme tout le monde à la cour, ses dames d’honneur lui sont étrangères. Un ordre formel s’oppose à ce qu’elle soit entourée d’une femme de son pays et, quand son époux n’est pas avec elle, elle se sent seule, abandonnée, livrée à la puissance secrète que représente sa belle-mère.
    Dès les premiers jours de son mariage, celle-ci se fait cruellement omniprésente. Tout est donc prétexte à la rébellion. L’impératrice, parce qu’elle pratique la course à pied, porte plusieurs mois les mêmes souliers au lieu d’en prendre chaque jour une nouvelle paire, selon le protocole. Monte-t-elle à cheval, ce qui lui arrive tous les jours, on se voile la face parce qu’elle laisse voir sa cheville et deviner le galbe de sa jambe. Très croyante, mais pas dévote, elle se confesse et communie en suivant les élans de son coeur et non les prescriptions du calendrier. Elle se promène dans les rues de Vienne avec une seule dame d’honneur et, scandale des scandales, entre dans les boutiques de la Kärtnerstrasse qui est la rue de la Paix autrichienne. Attroupements, rapports de police, réprimande de la belle-mère : « Votre Majesté croit évidemment se trouver encore dans les montagnes bavaroises », lui dit-elle. Ajoutez à cela que sa sveltesse est une offense à l’opulence de la Vénus viennoise.
    Le pire pour Élisabeth est l’obligation constante d’être en représentation. Il lui semble qu’elle passe tout son temps à changer de robe. Elle vit mal ce contraste entre l’époque de sa belle liberté sur les bords du lac de Starnberg et le cérémonial de Schönbrunn ; entre la vie au foyer paternel et une existence entièrement condamnée à l’apparence ; entre le laisser-aller d’une bohème aristocratique et la rigidité de l’étiquette. Chez elle, les seuls yeux qui la surveillaient un peu étaient ceux de sa mère ; à Schönbrunn, mille regards malveillants la rappellent sans cesse au respect des devoirs imposés par sa dignité. Dès les premiers jours, il y a eu des froncements de sourcils, des remontrances d’en haut, des hochements de tête étonnés d’en bas. Sissi souffre cruellement de ne jamais être laissée à elle-même, elle se sent observée, elle étouffe dans les salles et les pièces du château de Vienne, dont elle ne réussira que peu à peu à en arranger quelques-unes selon son goût.
    Ses conflits avec sa belle-mère, soutenue par les dames d’honneur les plus âgées, vont crescendo . En apparence, ils ne portent que sur des questions de forme : l’étiquette, les réceptions et les dévotions, mais, en vérité, ils relèvent des contrastes de nature, de tempérament, des différences de pensée et de sentiment. Sophie est rigide et ferme. Elle estime que sa tâche consiste à faire d’une petite fille, dont son fils a eu la fantaisie de s’éprendre, une souveraine consciente de ses devoirs. Mais, si l’intention est bonne, la manière est rude. Or, Élisabeth est un être trop sensible. S’il arrive que quelqu’un manque un tant soit peu de douceur ou de gentillesse à son égard, il devient son ennemi et le demeure. Quoi qu’il dise ou fasse par la suite, elle reste sur la défensive, interprétant à son désavantage ses moindres actes. À l’inverse, elle se montre charmante, affectueuse même, avec ceux qui semblent l’aimer et l’apprécier.
    Sissi considère que les

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