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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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époux. Il n’y a aucun doute là-dessus : au début de leur mariage, elle éprouve les sentiments les plus ardents pour lui ; elle se languit de sa présence et désire être à ses côtés bien plus que ça ne sera le cas par la suite. Mais François-Joseph a des obligations. On les lui a inculquées dès sa jeunesse et l’accomplissement de son devoir occupera toujours la première place au long de sa vie. Il attend que Sissi le soutienne. Elle sait qu’il l’aime. Mais elle ne le comprend pas et souffre.
    En dehors de ses vexations, Sophie n’initie guère Sissi aux arcanes du pouvoir. Car elle continue à inspirer la politique de l’empire. Son but : détacher l’empereur du tsar de toutes les Russies qui a pourtant maté la révolte hongroise, quelques années plus tôt. Elle y réussira. Sophie redoute aussi les nations d’Occident, trop promptes à accorder refuge aux révolutionnaires et aux proscrits, nations toujours travaillées par le libéralisme 2 . Bientôt l’Autriche sera aussi isolée dans le monde qu’Élisabeth en son morne palais de Laxenburg.
    On a beaucoup parlé de la jalousie de l’archiduchesse pour sa bru et très peu de celle d’Élisabeth, provoquée par les connaissances politiques de Sophie et son influence sur son fils, nourrie enfin par le ressentiment naturel d’une jeune personne exclue de toute discussion sérieuse. Il arrive que Sophie aille à Laxenburg et conseille François-Joseph sur des affaires qui, à son avis, échappent entièrement à l’entendement d’Élisabeth. Si l’empereur s’était ouvert davantage à sa femme, il aurait non seulement stimulé son esprit naturellement éveillé et réceptif, mais l’aurait aussi flattée. En dépit de ses enfantillages et de son indiscipline, Élisabeth est très consciente de son rang et elle s’irrite de ne pas obtenir l’attention qui lui est due.
    On a beaucoup écrit sur les combats qu’elle livre contre sa belle-mère pour l’éducation de ses enfants. Mais la sévère Sophie doit rendre justice à la jeune impératrice : celle-ci accomplit correctement sa tâche dynastique. Un an après le mariage, en mars 1855, un premier enfant vient au monde 3 . On lui donne le prénom de l’archiduchesse Sophie qui devient aussi la marraine. Élisabeth n’a pas du tout été consultée sur ce choix, semble-t-il. Le baptême est célébré en grande pompe, en présence des diplomates de tous les pays, sauf de la Russie. Élisabeth éprouve une forte joie ; mais, là aussi, elle a compté sans sa belle-mère. Car celle-ci prend toutes les dispositions. Elle choisit l’entourage de la petite et c’est à peine si la mère peut se trouver une fois seule avec son enfant. Ce que l’impératrice dit ou ordonne est révoqué le lendemain et, au lieu d’être une source de bonheur, le nourrisson devient un nouveau prétexte à querelles. Élisabeth n’éprouve aucun plaisir à voir sa fille en présence de sa belle-mère. Elle finit par renoncer à la lutte et monte rarement visiter son enfant qui, fait significatif, n’est pas installé à proximité de ses appartements. Cette situation lamentable est évidemment tenue secrète.
    L’enfant, qui mourra prématurément en 1857, va occuper une place considérable dans le coeur de l’archiduchesse, dont le journal comporte des pages entières de détails sur la puériculture. Mais Élisabeth, dans l’inexpérience de ses dix-sept ans, abdique toute velléité d’éducation. Un an plus tard, le 15 juillet 1856, elle donne le jour à une seconde petite fille 4 . On la prénomme Gisèle en mémoire de l’épouse du premier roi de Hongrie, le très chrétien Étienne I er . Cependant, il en est de celle-ci comme de la petite Sophie. On l’installe tout simplement dans la chambre des enfants, placée sous la garde de l’archiduchesse. Le médecin traitant, le docteur Seeburger, dont les ordres sont exécutés à la lettre, est sa créature. Dans la nurserie, Sissi devient persona non grata .
    Au bout de quelques mois, elle s’insurge néanmoins et refuse de s’incliner. François-Joseph, devant ses menaces de quitter la Hofburg, supplie l’archiduchesse de confier les deux enfants à leur mère. Celle-ci s’incline, la rage au coeur. Elle se vengera... Son plus grand grief est de reprocher à sa belle-fille d’être incapable de donner un héritier à la Couronne. Quelques mois plus tard, elle tiendra sa revanche.
    1 - Cette femme, âgée de cinquante

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