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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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comme gouvernante pour Marie-Valérie. À cette jeune fille, qu’elle n’a jamais vue, elle explique en anglais, de la façon la plus flatteuse, combien elle désire la prendre à son service : « C’est mon plus vif désir, sera-t-il exaucé ? Ma petite fille est une si adorable créature que vous ne vous repentirez pas, j’en suis certaine, de lui consacrer votre vie. Pardonnez-moi, chère Miss Throckmorton, de tant insister et de vous traiter déjà comme une vieille connaissance. J’attends votre réponse avec la plus vive impatience. Puisse-t-elle être favorable, pour moi et pour ma petite Marie-Valérie chérie. »
    Mary Throckmorton est flattée, mais non entièrement convaincue par ces effusions. Peut-être, répond-elle prudemment, aimerait-elle en effet consacrer sa vie à une petite archiduchesse inconnue, mais elle désirerait ne pas s’engager au-delà d’un an, pour le cas où le climat de Vienne ne lui conviendrait pas : sur quoi l’impératrice s’empresse de la rassurer, en lui disant qu’elle ne passera que quelques mois à Vienne chaque année et que le climat de la Hongrie est encore plus doux que celui de l’Angleterre.
    Nous avons déjà souligné à quel point l’impératrice est proche de sa coiffeuse Fanny Angerer. On en voudra pour preuve le fait que plusieurs fois Élisabeth l’utilisa comme sa doublure, afin de se fondre incognito dans la foule, en laissant Fanny se faire acclamer. La mystification ne marche qu’à l’étranger, là où l’on ne la connaît pas très bien. Ainsi, en 1885, Élisabeth laisse-t-elle sa coiffeuse se promener dans un bateau de cérémonie à travers le port de Smyrne et recevoir les hommages des notables alors qu’elle-même gagne la terre en barque et entreprend, en toute discrétion, une visite de la ville. En 1894 encore, à Marseille, les gens se pressent devant le perron de la gare, pour assister au départ de l’impératrice d’Autriche, et la comtesse Sztaray, dame d’honneur, rapporte : « De façon générale, Sa Majesté se sentait extraordinairement oppressée par cette sorte d’intérêt, mais cette fois elle en fut tout à fait ravie, parce que la curiosité de la foule s’était trouvée complètement satisfaite, avant même qu’elle ne fût apparue. [...] Madame F., coiffeuse de l’impératrice, montait et descendait les marches du perron, dans une attitude de la plus haute dignité, jouant autant qu’elle le pouvait le rôle de l’impératrice [...]. Sa Majesté trouva l’intermède très amusant. “Ne dérangeons pas cette bonne F.”, dit-elle, et elle monta rapidement dans le train sans être remarquée. »
    On comprend ainsi mieux la complicité entre l’impératrice et son proche cercle féminin. Complètement détachée de l’empereur, Élisabeth se désintéresse de sa vie quotidienne. Un époux qui se lève à quatre heures du matin, qui s’endort tous les soirs à neuf heures, consacre tous ses jours de travail à l’exécution d’un programme rigide d’obligations officielles, et qui part chasser le chamois dans les montagnes lors de ses brèves vacances, dispose de peu de temps pour le romanesque.
    L’emploi du temps de Sissi est plus varié. Lever vers cinq heures en été, vers six heures en hiver. Bain froid et massage. Gymnastique et exercices physiques, puis petit déjeuner frugal, souvent avec sa plus jeune fille, Marie-Valérie. Séance de coiffure pendant laquelle elle peut lire, faire sa correspondance ou apprendre le hongrois. Habillage (costume d’escrime quand elle va tirer les armes, tenue de cheval quand elle se rend au manège). Tout cela suffit à occuper la matinée. Elle gagne, en revanche, du temps à l’heure du déjeuner : son repas est expédié en quelques minutes. Elle fait ensuite une promenade ou pour mieux dire une marche forcée, à vive allure et sur de considérables distances, pendant plusieurs heures, accompagnée d’une de ses dames d’honneur. Vers cinq heures de l’après-midi, elle se change et se fait à nouveau coiffer, puis Marie-Valérie vient jouer auprès d’elle. Lorsqu’il n’y a pas moyen de faire autrement, elle apparaît vers sept heures au dîner de famille – où elle voit son époux, généralement pour l’unique fois de la journée. Elle se retire aussi vite que possible pour sa conversation quotidienne avec son amie Ida Ferenczy, qui l’apprête également pour le coucher et défait sa coiffure.
    On comprend mieux

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