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L’impératrice lève le masque

L’impératrice lève le masque

Titel: L’impératrice lève le masque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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convoitise.
    — Moosbrugger vivait ici avec une certaine Mme Schmitz. Dans la via Bramante. C’est peut-être là que se trouve le carnet dans lequel il prenait des notes sur ses clients.
    — Et vous voulez y aller pour perquisitionner ?
    Le commissaire secoua la tête.
    — Pas moi, mais vous . J’aimerais que vous y alliez et que vous fassiez une perquisition. Moi, je suis ici à titre privé. On m’a retiré l’affaire.
    — Mais vous m’accompagnez ?
    — Bien sûr, mais de manière officieuse.
    Soudain, quelque chose traversa l’esprit de l’inspecteur. Tron pouvait littéralement suivre sur son visage les idées qui le travaillaient.
    — Cette jeune fille violée et étranglée, commissaire, avait-elle des morsures sur le buste ?
    — Comment le savez-vous ?
    — Je ne sais rien. Je pense juste à un crime semblable qui a eu lieu cet été à Vienne.
    — Vous parlez de l’affaire de la gare de Gloggnitz ? Il hocha la tête.
    — On nous a tenus au courant parce qu’il n’était pas exclu que l’assassin se soit ensuite rendu à Trieste.
    L’inspecteur se leva et retourna un tas de dossiers sur l’une des étagères. Il finit par trouver celui qu’il recherchait et le tendit à son collègue en se rasseyant. Sur la couverture, il était écrit en lettres majuscules : JOSEPHA GSCHWEND , 12/08/61. La date des faits sans doute. Au-dessous, on pouvait lire : « Vienne, gare principale de Gloggnitz » et les initiales de l’agent qui avait mené l’enquête. Le dossier comprenait sept feuilles couvertes d’une fine écriture de greffier ainsi qu’une liste de destinataires.
    Josepha Gschwend, 28 ans, née à Neuenbourg sur le Danube, morte le 12 août 1861 à l’hôtel Ferdinand . L’assassin l’avait attachée, violée (il y avait quelques détails extraits du rapport d’autopsie sur les morsures dont le buste était couvert) et enfin étranglée. Ni le portier ni les sous-officiers logés au même étage (un groupe de chasseurs carinthiens) n’avaient rien remarqué de suspect. Un prêtre aussi avait passé la nuit à cet étage, mais on n’avait pas pu le retrouver. Voilà qui était intéressant, pensa Tron. Très intéressant.
    L’inspecteur devait avoir eu la même idée, car il demanda : — Y avait-il un prêtre à bord de l’ Archiduc Sigmund ?
    — Le père Tommaseo de San Trovaso, répondit le commissaire.
    — Et vous l’avez interrogé ?
    Tron fit non de la tête.
    — On m’a retiré l’affaire avant que je ne fasse sa connaissance.
    — Et quel genre d’homme est-ce ?
    — Je l’ai vu hier sur le navire, répondit Tron. On ne peut pas dire que la mort de Moosbrugger l’ait laissé inconsolable.
    — Hier ? Sur le navire ?
    Spadeni se pencha au-dessus de son bureau.
    — Vous voulez dire que ce Tommaseo est à Trieste ? En ce moment ?
    Le Vénitien haussa les épaules.
    — Ça, je ne peux pas vous le dire. Peut-être a-t-il continué sa route en direction de Vienne ?
    L’inspecteur s’était levé. Il fit le tour de son bureau et mit une redingote marron clair au-dessus de son gilet à fleurs. Il avait le visage radieux et se frottait les mains d’excitation. Puis il sortit soudain un revolver.
    — Il n’y a pas de temps à perdre, commissaire.
    — Je ne comprends pas…
    — Peut-on être certain que le père Tommaseo n’ait pas eu connaissance de cette adresse ? Et qu’il n’ait pas eu la même idée que vous ?
    — Non, mais…
    — Vous voyez ! Si nous arrivons trop tard, il y aura peut-être un nouveau cadavre et le carnet de Moosbrugger aura disparu.
    Son visage brillait comme un arbre de Noël.
    — Qu’attendez-vous ?

38
    Grande, corpulente, les cheveux blonds noués en chignon, le manteau bleu marine tendu au niveau de sa puissante poitrine, Mme Schmitz montait en haletant l’escalier qui menait à son appartement via Bramante et les marches tremblaient sous ses pas. Au premier étage, elle se demanda si elle devait déjà mettre à chauffer l’eau pour les pâtes. Parfois, quand le vent soufflait du sud-ouest, l’ Archiduc Sigmund faisait la traversée en moins de neuf heures et la sonnette retentissait alors plus tôt que prévu. Plus vite l’eau bouillait, plus vite ils mangeaient, et plus vite ils étaient au lit. Ce n’était pas l’aspect le plus important de leur relation, mais certains jours, à peine était-elle levée qu’elle ne pensait plus qu’à cela.
    Depuis six ans qu’elle était veuve, ils se voyaient deux fois par

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