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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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revenir en arrière, j’aimerais qu’on m’appelle Lucius Domitius ou Lucius tout court. Tu le pourrais, toi ?
    — Je n’ai pas l’habitude, César.
    — Et tu m’appelles César. Tout le monde m’appelle César…
    On frappa et un officier s’encadra dans la porte.
    — Terpnus est là, César.
    Néron fit signe qu’on lui donne l’entrée et, l’instant d’après, le professeur de chant était devant eux. Terpnus était sûrement d’origine grecque, car il avait le profil caractéristique de ce peuple, avec le nez dans le prolongement du front. Il était bien bâti, mais moins massif que l’empereur. Ses cheveux noirs lui tombaient en grosses boucles sur les épaules. Il s’inclina avec un large sourire, tandis que Néron venait lui donner l’accolade.
    — Terpnus, te voilà ! Sois remercié par tous les dieux !
    — Dès que j’ai appris que tu voulais me voir, j’ai accouru aussi vite que j’ai pu.
    — Dis-moi ce que je dois faire ! J’hésite sur le morceau à interpréter. J’en ai travaillé plusieurs. Que penses-tu de « La fureur d’Hercule » ?
    — Un instant, s’il te plaît, César. Avec ta permission, j’aimerais que nous parlions d’abord de mon salaire.
    — Bien sûr. Je te propose cinq cent mille sesterces et cinq cent mille autres si je gagne le concours. Cela te convient-il ?
    Terpnus accentua son sourire.
    — Cela me convient tout à fait.
    Il avisa alors Lucius et son visage se ferma.
    — Mais d’habitude, lorsque je donne des leçons, je suis seul avec mes élèves.
    — Tu as raison ! Je ne t’ai pas présenté Lucius Gemellus. C’est l’émotion. Je suis tellement fébrile…
    Néron lui fit alors le même discours qu’aux autres personnes de son entourage : son frère par les astres, les oreilles de Tigellin qui allaient devenir les siennes pour représenter à ses côtés le public de Rome… Tandis qu’il parlait, Lucius adressa un sourire aimable au professeur de chant. Ce dernier écouta le tout sans faire de commentaire et commença sa première leçon.
    — Tu parlais à l’instant du choix des morceaux, mais nous n’en sommes pas là. Connais-tu bien le règlement du concours ?
    — Je sais que l’ordre de passage des concurrents est tiré au sort. Et j’ai exigé que rien ne soit changé. Je veux que tout soit parfaitement équitable.
    — C’est un souci qui t’honore, mais ce n’est pas tout. Sais-tu que le meilleur chanteur du monde peut perdre quand même ?
    — Comment cela ?
    — Il est interdit, sous peine de disqualification immédiate, d’essuyer la sueur qui coule ou d’éternuer.
    Il considéra le visage moite de l’empereur.
    — Je vois que tu as tendance à suer beaucoup. Je te conseille de t’entraîner à chanter près d’une source de chaleur. Même chose pour les éternuements. S’il te vient l’envie d’éternuer, mets-toi à chanter et fais en sorte de te retenir.
    — Je vais demander immédiatement qu’on aille chercher une torche et qu’on l’approche de mon visage.
    — Patiente un peu. Nous n’en sommes pas encore à chanter. Il faut commencer par les vocalises. Envoie plutôt chercher une plaque de plomb.
    — De plomb ? Pour quoi faire ?
    — C’est la meilleure manière de développer la puissance vocale. Il faut se coucher sur le dos, placer la plaque sur la poitrine et faire les vocalises dans cette position.
    Aussitôt, Néron alla demander qu’on lui apporte une plaque du plomb. Lucius Gemellus, qui observait toute la scène en silence, était stupéfait de voir l’empereur aussi docile. Sa passion pour le chant faisait de lui un élève timide. La manière dont il se comportait avec son professeur témoignait d’une admiration sans borne à son égard. Tandis qu’ils attendaient la plaque de plomb, Terpnus changea de sujet :
    — Pour bien chanter, un régime est indispensable. Je suis sûr que tu bois trop de vin.
    — C’est mauvais pour la voix ?
    — Très mauvais.
    — Alors, je n’en boirai plus jusqu’au concours.
    — Il serait bon aussi que tu manges beaucoup d’oignons et d’huile. Cela, au contraire, est excellent.
    — J’en mangerai à tous les repas.
    Il y eut un silence. Néron hésitait visiblement à poser une question. Enfin, il se décida :
    — Sais-tu si Hylas participera au concours ?
    — Sans doute. Il y vient tous les ans. Pourquoi me

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