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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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accueillit la nouvelle avec stupeur. Son visage naturellement rubicond devint blême.
    — Moi ? Mais comment peuvent-ils m’accuser d’une telle horreur ?
    — À cause de ton chant sur la chute de Troie. Ils disent que tu as brûlé Rome pour te délecter du spectacle, te réjouir de leur malheur.
    — Mais c’est monstrueux ! Je prenais part à leur peine, au contraire !
    — Ils ne l’ont pas compris ainsi.
    — Et ils ne m’ont pas vu au milieu d’eux ? Ils n’ont pas vu tout ce que j’ai fait pour eux ?
    — Ils l’ont oublié.
    — Et mon palais qui a brûlé ? J’ai perdu plus que tout le monde dans l’incendie. Je suis le premier sinistré de Rome.
    — Ils disent que tu en construiras un autre plus grand en levant un impôt. Ils prétendent même que tu as voulu détruire Rome, pour la rebâtir en lui donnant ton nom.
    Cette dernière accusation eut raison de l’empereur, qui s’affala sur un fauteuil et resta la bouche ouverte, cherchant en vain ses mots. Tigellin voulut apaiser un peu sa détresse :
    — Tu n’es pas la seule victime. Moi aussi, je suis mis en cause. Ma propriété du Pincio est partie en fumée, eh bien, au lieu de me plaindre, ils racontent que j’ai mis le feu pour amplifier l’incendie… En tout cas, la situation est grave. Pour l’instant, mes hommes tiennent la ville, mais une émeute est à craindre, voire un soulèvement.
    — Il faut leur dire la vérité, expliquer que c’est un accident.
    — Cela ne suffira pas. Ils n’écouteraient pas ce genre de justification… J’ai bien réfléchi. Ce qu’il faudrait, c’est trouver un autre coupable. Seulement, l’accusation doit être assez vraisemblable pour qu’ils y croient.
    — Quel individu serait assez monstrueux pour faire une chose pareille ?
    — Je ne parle pas d’un homme, mais d’un groupe, d’une organisation.
    Le préfet Flavius Sabinus, qui était resté silencieux jusque-là, intervint :
    — Mes vigiles m’ont justement signalé des hommes et des femmes qui regardaient l’incendie en se réjouissant ouvertement. Si cela se trouve, ce sont eux les coupables.
    — Peut-être. Où cela se passait-il ?
    — Au nord, près de la via Nomentana et de la via Salaria.
    Le préfet du prétoire était doué d’une excellente mémoire. Il se souvint immédiatement où il avait lu ces noms : dans le rapport qu’avait rédigé Lucius Gemellus sur les chrétiens.
    — Je crois que nous tenons nos coupables, César : les chrétiens.
    — Qui est-ce ?
    — Une nouvelle religion. J’avais chargé Gemellus d’enquêter sur leur compte.
    L’évocation de Lucius fit passer un bref sourire sur les lèvres de Néron.
    — Tes oreilles et les miennes !
    — Précisément… Ce sont des éléments asociaux, qui pratiquent leur culte en secret et qui rejettent tous les dieux, y compris la personne de l’empereur. Le peuple accordera sûrement du crédit à ces accusations. Il déteste les nouvelles religions. Il s’est déchaîné contre elles, le jour des  Fordicidia .
    Néron se leva de son siège. L’énergie semblait lui être revenue.
    — Je veux entendre Gemellus m’en parler. Qu’on le fasse venir.
    Peu après, Lucius était en présence des trois hommes, un peu intrigué d’avoir été convoqué. L’empereur alla à sa rencontre et serra chaleureusement ses mains dans les siennes.
    — Décidément, tu es un homme précieux, Gemellus ! Non seulement tu m’as aidé à remporter le concours, mais tu peux me délivrer des accusations odieuses que lance le peuple contre moi.
    — J’en serais plus heureux que tout, César. En quoi faisant ?
    — Il semblerait que les chrétiens soient les vrais coupables. Parle-moi d’eux.
    Lucius devint aussi blême que Néron quelques instants plus tôt.
    — Qu’est-ce que tu dis ?
    — Tu as enquêté sur eux, à ce qu’il paraît. Comment sont-ils ?
    — Mais ce ne sont pas eux, César !
    Flavius Sabinus intervint :
    — Moi, je pense que ce sont eux. Mes vigiles sont formels : ils ont regardé la ville brûler en souriant.
    — C’est un malentendu. Moi aussi, je les ai vus. Mais c’est parce qu’ils croient que leur dieu doit revenir dans un grand embrasement. Ils se sont trompés. Ils ont mal interprété la prophétie.
    Lucius se tourna vers Tigellin.
    — Dans mon rapport, je prends leur défense, tu le sais

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