L'inconnu de l'Élysée
France chrétienne ». Les Unionistes réclament à chaque numéro l'abrogation des lois contre les congrégations de 1901 et de 1904 5 . Leur cheval de bataille est le retour à la liberté de l'enseignement. « La liberté d'enseignement existe-t-elle en France ? » interrogent-ils. Les catholiques corréziens n'admettent pas que dans leur département, seulement un enfant sur dix fréquente l'école libre ; aussi fêtent-ils en grande pompe l'ouverture à Brive d'une école Bossuet. Pour les aider dans leur combat contre les francs-maçons locaux, ils appellent à la rescousse des personnalités qui feront plus tard figures de sinistres sires comme Xavier Vallat, alors député de l'Ardèche (à Brive le 13 octobre 1929 à la salle Saint-Libéral) ou Philippe Henriot (au Congrès diocésain du 4 octobre 1931).
Mais les banquets laïcs organisés autour d'Henri Chapelle, maire radical-socialiste, et du sénateur Labrousse, remportent toujours autant de succès. Et quand Chapelle parle de la laïcité comme du « piédestal de la République », son ami Louis Chirac n'est pas le dernier à applaudir.
Ce dernier polémique certes avec curés et évêque, rédige des tracts, mais il se dévoue surtout sans compter pour de nombreuses œuvres qui viennent en aide à la classe laborieuse. Il sera ainsi longtemps secrétaire général de la société de gymnastique La Gaillarde, mais aussi président de l'Université populaire (après en avoir été nommé vice-président en mars 1924 6 ), vice-président de l'Association des anciens élèves des Écoles laïques, secrétaire de la section cantonale des pupilles de la nation…
Après une telle somme d'activités, Louis Chirac aurait pu profiter quelque peu de sa retraite, qu'il prend à la fin de l'année scolaire 1930-31, mais il va au contraire se mettre plus que jamais au service des autres. Repéré pour ses talents de polémiste par La Dépêche de Toulouse, il est sollicité pour prendre la place de rédacteur-correspondant à Brive, laissée vacante par un certain Royer qui vient de trépasser. Il devient donc journaliste le 26 mai 1931. Activité qu'il va mener avec brio sans délaisser pour autant les autres, notamment celle de responsable de la gestion de l'Office des habitations à bon marché (HBM), qui lui a été confiée par son ami Henri Chapelle, maire de Brive, lequel a fait construire la Cité des Roses où sont logées quelque cent familles nombreuses à revenus modestes. Sa gestion ne se limite pas à l'encaissement de loyers très modérés ni à l'écoute des problèmes de ses administrés : il fait de cette cité un lieu de convivialité, y organise des fêtes, y fait venir des gens de théâtre, des musiciens, des forains… Il traduit là dans les faits son engagement « Front populaire ».
Avant de s'enflammer pour la coalition de gauche en 1936, Louis Chirac s'est battu pour défendre la République quand, en février 1934, il l'a crue menacée. À la fin de cette année, à l'occasion des élections au Conseil d'arrondissement de Brive, il revendique haut et fort ses engagements. Il ouvre les colonnes de La Dépêche aux trois candidats de gauche, ce qui lui vaut une violente philippique du Courrier du Centre , auquel il riposte le 1 er décembre 1934 :
« … Tous trois sont également attachés à la défense des idées laïques et républicaines, au progrès social de la démocratie. Cela vous paraît intolérable. Pour un peu, vous le déclareriez immoral. […] Tout doux, cher monsieur. Regardons un peu, s'il vous plaît, les deux “blocs” en présence.
« À gauche, je le répète, parce qu'il ne faut pas se lasser de le dire, le bloc de tous les républicains qui demeurent invariablement fidèles à leurs principes, à leur programme, qui travaillent et qui luttent pour la paix – oui, la paix intérieure et extérieure, la concorde et la fraternité sociale – et non, comme vous le dites dans un but par trop intéressé, pour la révolution ; le bloc de tous ceux qui placent au-dessus de tout la défense de la République et des droits de la représentation nationale… »
Après une charge contre le « bloc des droites », Louis Chirac conclut : « Et c'est pour cela que dimanche prochain, toutes les forces de gauche feront bloc contre vos troupes bigarrées. Le résultat de la bataille ne saurait être douteux : le drapeau républicain en sortira victorieux ! »
Ce même 1 er décembre 1934, Le
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