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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Péan
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plus l'ombre d'un képi. Ravie, la dame remercie son bienfaiteur et votera désormais les yeux fermés pour Chirac et le RPR. De surcroît, l'anecdote fera le tour de la Corrèze. Le candidat a passé vingt minutes avec la marchande à laquelle il a laissé de surcroît un billet de 50 francs pour ses marrons. »
    Jacques Chirac est élu à l'Hôtel de Ville le 22 mars 1977. Le voici désormais installé dans une véritable place forte, à la tête de 15 milliards de budget et de 36 000 fonctionnaires. « Il a fait de la mairie de Paris le plus puissant instrument d'influence politique », commente Raymond Barre. Il dispose des moyens de ses ambitions, lesquelles sont désormais présidentielles.
    Appel aux souvenirs du président.
    « Vous avez recréé le parti gaulliste et vous prenez la mairie de Paris. J'ai du mal à imaginer que vous ne pensiez pas déjà à la présidence ?
    Long silence.
    – Je ne saurais quoi vous répondre là-dessus… Probablement, probablement… »
    Contre toute attente, grâce au RPR, la droite gagne les élections législatives, et le RPR devance l'UDF. C'en est fini du rêve de Giscard et de « Ponia » qui voulaient casser le parti « des copains et des coquins ». Le vrai patron de la majorité est désormais le maire de Paris qui, dans son programme, avait affiché son antilibéralisme, sa préférence pour une « Europe fondée sur le fait national », son attachement au « progrès social », et avait retrouvé les accents du gaullisme social.

    Le 26 novembre 1978, la voiture de Jacques Chirac dérape sur une route verglacée en Corrèze. Fractures de la colonne vertébrale et du fémur. Il souffre énormément. Il est finalement transporté à l'hôpital Cochin où Pierre Juillet, le 6 décembre, lui fait approuver une diatribe contre l'Europe et une charge violente contre Giscard. Avec cette formule terrible : « Comme toujours, quand il s'agit de l'abaissement de la France, le parti de l'étranger est à l'œuvre, avec sa voix paisible et rassurante. » L'effet de l'Appel de Cochin est désastreux pour Chirac que le président traite d'« agité ».
    Pierre Juillet a-t-il abusé de l'état du blessé ? Plusieurs thèses courent, en réponse à cette question. Depuis le début, Bernadette Chirac déclare que son mari venait d'être opéré, qu'il était fiévreux et qu'on lui a forcé la main. Longtemps Jacques Chirac a reconnu avoir lu le discours préparé, ajoutant qu'il s'était promis d'en retrancher une phrase, puis qu'il avait fait une « connerie ».
    Et aujourd'hui ?
    « Ce n'est pas l'épisode le plus brillant de ma carrière, convient-il. La vérité, c'est que c'est Juillet qui l'avait écrit. Je m'étais pété la cuisse, j'avais une fracture de la colonne vertébrale. Les chirurgiens avaient beaucoup hésité à opérer soit la jambe, soit la colonne ; ils ne pouvaient faire les deux… Finalement, ils avaient décidé de m'opérer la jambe. Du coup, j'étais dans un corset, la jambe dans le plâtre, et je n'étais pas au mieux de ma forme ! Je souffrais beaucoup, et je ne l'ai donc pas lu.
    – Vous traînez encore cet Appel de Cochin comme un boulet…
    – Ça oui ! »
    À l'occasion des européennes, sous l'influence de Pierre Juillet, Marie-France Garaud et Charles Pasqua, Chirac va faire campagne, vent debout, contre l'Europe. « Cette Europe mollusque et sans corps véritable, nous ne l'accepterons jamais ! » s'exclame-t-il sur tous les tons. Les résultats sont catastrophiques. Avec Simone Veil à sa tête, la liste giscardienne arrive en tête alors que celle du RPR n'est que quatrième. L'effet de la victoire aux législatives est annulé.
    Le soir du scrutin, le maire de Paris convoque Marie-France Garaud pour le lendemain matin afin de la congédier. Elle prend les devants et s'en va d'elle-même, à l'instar de Pierre Juillet. Le président se souvient.
    « Il était dans la nature des choses que je prenne mon indépendance, notamment au regard d'un problème essentiel sur lequel nous avons divergé rapidement : le problème européen. L'un comme l'autre étaient anti-européens, alors que moi, j'étais pour une certaine idée de l'Europe. Petit à petit, on s'est donc perdus de vue. Entre nous, ç'a été terminé… Ils m'en ont voulu. »
    Cette façon de présenter leur divorce confirme a contrario le poids déterminant qu'avaient eu jusque-là ses deux conseillers.
    À la mi-1979, l'ascension de Jacques

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