L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
de façon à placer l'événement dans une catégorie entièrement à part. On ne sait jamais très bien, néanmoins, pourquoi les nombreux points communs devraient être considérés comme sans importance dans la comparaison.
Tous les historiens de l'Holocauste considèrent qu'il s'agit d'un événement unique mais peu s'accordent sur ce qui en fait la singularité. Chaque fois qu'un argument en faveur de la singularité est réfuté empiriquement, un nouvel argument s'installe à sa place. Les résultats, d'après Jean-Michel Chaumont, sont de multiples arguments contradictoires qui s'annulent mutuellement: « La connaissance ne s'accumule pas. Pour améliorer l'ancien argument, le nouveau repart à zéro' ». Autrement dit, la singularité est un postulat dans le scénario de l'Holocauste, le prouver est la tâche par
3. Jacob Neusner, éd., Judaism in Cold War America, 1945-1990, vol. II :/« the Aftermath of the Holocaust, New York, 1993, VIII.
4. David Stannard, « Uniqueness as Déniai », Alan Rosenbaum, éd., Is the Holocaust Unique?, Boulder, 1996, p. 193.
5. Jean-Michel Chaumont, La concurrence des victimes, Paris, 1997, pp. 148-149. La dissection par Chaumont de la « singularité de l'Holocauste » est un tour de force. Cependant, sa thèse centrale n'est pas convaincante, du moins pour le milieu américain. D'après Chaumont, le phénomène de l'holocauste tire son origine de la quête tardive de la reconnaissance publique des souffrances passées des survivants juifs. Cependant, les survivants figurent à peine dans l'élan initial qui a projeté l'holocauste au centre de la scène.
excellence et le nier revient à nier l'Holocauste. Même si l'Holocauste était unique, quelle différence cela ferait-il ? En quoi notre compréhension serait-elle modifiée si l'holocauste nazi n'était pas le premier mais le quatrième ou le cinquième dans une liste de catastrophes comparables ?
La contribution la plus récente au concours de la singularité de l'Holocauste est celle de Stephen Katz, avec son livre The Holocaust in Historical Context. Katz, qui cite près de cinq mille ouvrages dans le premier volume d'une étude qui doit en compter trois, étudie l'ensemble de l'histoire de l'humanité pour prouver que « l'Holocauste est phénoménologiquement unique en vertu du fait que jamais auparavant, un État n'avait entrepris, en tant que principe intentionnel et politique effectif, d'anéantir physiquement tout homme, femme et enfant appartenant à un peuple donné. » Pour éclairer sa thèse, Katz explique : « § est uniquement C. § partage peut-être A, B. D, ...X avec A mais pas C. Et § partage peut-être A, B, D, ...X avec tout A mais pas C. Tout repose entièrement, pour ainsi dire, sur § qui est seul C ... vr qui n'est pas C n'est pas § .... Par définition, aucune exception à la règle n'est admise. A partageant A, B, D.... X avec j est peut-être comme j sous cet aspect et sous d'autres ... mais en ce qui concerne notre définition de singularité, tout ou tous les A dépourvus de C ne sont pas § .... Bien sûr, dans sa totalité, § est plus que C, mais il n'est jamais sans C. » Traduction : un événement historique qui contient un trait distinctif est un événement historique distinct. Pour éviter toute confusion, Katz explique plus loin qu'il utilise le terme phénoménologiquement, « dans un sens non husserlien, non shutzien, non hei-deggerien, non merleau-pontien ». Traduction : l'entreprise de Katz est une absurdité phénoménale^. Même si les sources démontraient l'exactitude de la thèse centrale de Katz, ce qui n'est pas le cas, cela prouverait simplement que l'Holocauste contient un trait distinctif. Le contraire serait étonnant. Chaumont conclut que l'étude de Katz est en fait de « l'idéologie » déguisée en « science », ce qu'on va voir tout de suite'.
Il n'y a qu'un cheveu entre la thèse de la singularité de l'Holocauste et la thèse qu'il est impossible d'appréhender l'Holocauste rationnellement. Si l'Holocauste n'a pas de précédent dans l'histoire, il doit être au-dessus de l'histoire qui ne peut pas s'en emparer. En effet, l'Holocauste est unique parce qu'il est inexplicable, et il est inexplicable parce qu'il est unique.
6. Steven T. Katz, The Holocaust in Historical Context, Oxford, 1994, pp. 28, 58, 60.
7. Chaumont, La concurrence, p. 137.
Le pourvoyeur-en-chef de cette mystification, qualifiée par Novick de « sacralisation de l'Holocauste
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