L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
parler des analyses érudites en présentant l'antisémitisme comme « sans rapport avec des juifs concrets », « ce n'est fondamentalement/^a^ une réaction à une quelconque analyse objective du comportement juif », et « indépendant de la nature et des comportements des juifs ». C'est une maladie mentale des Gentils, « son terrain d'action » est « l'esprit » (souligné dans l'original). Guidé par des « arguments irrationnels », l'antisémite, d'après Wiesel, « n'admet simplement pas l'existence des juifs" ». « Non seulement ce que font ou ne font pas les juifs n'explique en aucune façon logiquement l'antisémitisme, mais toute tentative [italiques dans l'original] d'explication de l'antisémitisme par les contributions des
24. Cynthia Ozick, « Ail the World Wants the Jews Dead », Esquire, novembre 1974.
25. Boas Evron, Jewish State or Israeli Nation, Bloomington, 1995, pp. 226-227.
26. Goldhagen, Hitler's Willing Executioners, pp. 34-35, 39 et 42. Wiesel, And the Sea, p. 48.
juifs à l'antisémitisme est en soi un exemple d'antisémitisme ! ^^ », observe le sociologue John Murray Cuddihy. La vérité n'est pas que l'antisémitisme est justifiable ou que les juifs sont responsables des crimes commis contre eux, mais que l'antisémitisme apparaît dans un contexte historique donné avec un réseau croisé d'intérêts. « Une minorité bien-organisée, douée et connaissant la réussite peut inspirer des conflits qui proviennent de tensions objectives entre les groupes », souligne Ismar Schorsch, bien que « ces conflits soient souvent enrobés de stéréotypes antisémites^^ ».
L'essence irrationnelle de l'antisémitisme des Gentils est déduite de l'essence irrationnelle de l'Holocauste. Pour preuve, la solution finale de Hitler était dépourvue de rationalité - « c'était le mal pour le mal », un massacre « sans but » ; la solution finale de Hitler a marqué l'apogée de l'antisémitisme ; donc l'antisémitisme est essentiellement irrationnel. Prises séparément ou à part, ces propositions ne résistent pas à l'analyse la plus superficielle^'. Politiquement, cependant, l'argument est extrêmement utile.
Par l'absolution totale qu'il accorde aux juifs, le dogme de l'Holocauste confère à Israël et aux juifs américains l'immunité contre une censure légitime. L'hostilité arabe ou celle des Noirs américains ? Elles « ne sont fondamentalement pas des réactions à une analyse objective du comportement des juifs. » (Goldhagen)^". Ou bien ce que dit
27. John Murray Cuddihy, « The Eléphant and the Angels: The Incivil Irritatingness of Jewish Theo-dicy », Robert N. Bellah et Frederick E. Greenspahn, éd., Uncivil Religion, New York, 1987, 24. Outre cet article, cf. son « The Holocaust: The Latent Issue in the Uniqueness Debate », P. F. Gallagher éd., Christians, Jews, and Other Worlds, Highland Lakes, New Jersey, 1987.
28. Schorsch, The Holocaust, p. 39. Incidemment, l'affirmation que les juifs sont une minoritée « douée » est aussi, à mes yeux, une « détestable version séculière de l'idée de peuple élu ».
29. Bien qu'un exposé complet de cette question dépasse les limites de cet essai, on peut en considérer simplement la première proposition. La guerre de Hitler contre juifs, même si elle est irrationnelle (et cela, en soi, est une question complexe) ne serait en aucune façon un hapax dans l'histoire. Qu'on se rappelle, par exemple, la thèse centrale du traité de Schumpeter sur l'impérialisme, pour laquelle « les penchants non-rationnels et irrationnels, purement instinctifs, pour la guerre et la conquête jouent un rôle immense dans l'histoire de l'humanité... D'innombrables guerres, peut-être la majorité des guerres, ont été menées sans le moindre intérêt raisonné et raisonnable. » (Joseph Schumpeter, « The Sociology of Imperialism », Paul Sweezy, éd., Imperialism and Social Classes, New York, 1951, p. 83.)
30. Tout en évitant de nommer explicitement le scénario de l'Holocauste, la récente étude d'Albert S. Lindemann sur l'antisémitisme commence par le postulat que « quelle que soit le puissance du mythe, l'hostilité envers les juifs, individuelle ou collective, n'est pas entièrement fondée sur des visions fantas-
Wiesel de la persécution des juifs : « Pendant deux mille ans... nous avons vécu sous la menace perpétuelle... Pourquoi? Sans la moindre raison. » À propos de l'hostilité arabe envers Israël : « À
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