L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
parce que « sa peine est authentique ». Les services du premier ministre d'Israël ont récemment estimé le nombre
3. Lappin, Man With Two Heads, p. 48. D.D. Guttenplan, « The Holocaust on Trial », Atlantic Monthly, février 2000, p. 62 (mais rappelons que dans le texte cité au chapitre précédent, Lipstadt traite la mise en doute d'un témoignage de survivant de négation de l'holocauste).
4. Wiesel, AU Rivers, pp. 121-130, 139, 163-164, 201-202 et 336.Jewish Week, 17 septembre 1999.New York Times, 5 mars 1997.
5. Léonard Dinnerstein, America andthe Survivors ofthe Holocaust, New York, 1982, p. 24.
de « survivants encore en vie de l'Holocauste » à près d'un million. Le principal motif de cette révision à la hausse n'est pas difficile à trouver non plus. Il est difficile de réclamer de nouvelles compensations financières importantes s'il n'y a plus que quelques survivants de l'Holocauste encore en vie. En fait, les principaux complices de Wilkomirski étaient, d'une façon ou d'une autre, engagés dans le réseau des compensations de l'Holocauste. Son amie d'enfance d'Auschwitz, « la petite Laura », a reçu de l'argent d'un fonds suisse de l'Holocauste bien qu'en réalité, ce soit une pratiquante de cultes sataniques née aux États-Unis. Les principaux parrains israéliens de Wilkomirski participaient aux activités d'associations impliquées dans la compensation de l'Holocauste ou bien ils étaient subventionnés par elles ^.
L'affaire des réparations explique mieux que tout la nature de l'industrie de l'Holocauste. Comme nous l'avons vu, après son alignement sur les États-Unis pendant la guerre froide, l'Allemagne fut rapidement réhabilitée et l'holocauste nazi oublié. Néanmoins, au début des années 1950, l'Allemagne engagea des négociations avec les associations juives et signa des accords d'indemnisation. Sans pression extérieure, ou presque, elle a payé à ce jour à peu près soixante milliards de dollars.
Comparons tout d'abord avec le passif américain. Environ quatre ou cinq millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont péri victimes des guerres des États-Unis en Indochine. Après la retraite américaine, rappelle un historien, le Viet-Nam avait désespérément besoin d'aide. « Dans le Sud, neuf mille hameaux sur quinze mille, trente millions d'hectares de rizières, quinze millions d'hectares de forêts étaient détruits et un million et demi de têtes de bétail avaient été tuées ; on estimait qu'il y avait deux cent mille prostituées, huit cent soixante-neuf mille orphelins, cent quatre-vingt-un mille infirmes et un million de veuves ; les six cités industrielles du Nord avaient été très abîmées, de même que les villes de province et quatre mille communes agricoles sur cinq mille huit cents. » Refusant, néanmoins, de payer la moindre réparation, Jimmy Carter a expliqué que « les destructions étaient mutuelles ». Déclarant qu'il ne voyait pas pourquoi il ferait « des excuses, certainement pas pour la guerre elle-même », le ministre de la défense de Bill Clinton, William Cohen, pense la même chose : « Les deux nations ont été blessées. Elles ont leurs cicatrices de guerre. Nous
6. Daniel Ganzfried, « Binjamin Wilkomirski und die verwandelte Polin », Weltwoche, 4 novembre 1999.
avons certainement aussi les nôtres
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»
Dans sa volonté d'indemniser les victimes juives, le gouvernement allemand a conclu trois accords en 1952. Les plaignants individuels ont touché de l'argent dans le cadre de la loi sur l'indemnisation (Bundesentschddigungsgesetz). Un accord séparé conclu avec Israël prévoyait le financement de l'installation et de l'intégration en Israël de plusieurs centaines de milliers de réfugiés juifs. Le gouvernement allemand a aussi négocié, à la même époque, un accord financier avec la Conférence des réclamations matérielles juives contre l'Allemagne, qui coiffait toutes les grandes associations juives, dont le Comité juif américain, le Congrès juif américain, le Bnai Brith, le Comité unifié de distribution et ainsi de suite. La conférence des réclamations était censée utiliser l'argent, dix millions de dollars par an pendant douze ans, soit à peu près un milliard de dollars actuels, pour les juifs victimes des persécutions nazies qui n'auraient pas bénéficié du système de compensation^ Ma mère faisait partie de ceux-là : survivante du ghetto de Varsovie, du camp de concentration de
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