L'industrie de l'Holocauste Reflexion sur l'exploitation de la souffrance des juifs
Majdanek et des camps de travail forcé de Czestochowa et de Skarszysko-Kamiena, elle n'a touché que 3 500 dollars de compensation du gouvernement allemand. D'autres victimes juives (et beaucoup d'autres, qui n'étaient en réalité pas des victimes) ont, quant à elles, reçu des pensions viagères de l'Allemagne, pour un montant total qui aboutit à des centaines de milliers de dollars. L'argent attribué à la Conférence des réclamations était destiné aux victimes juives qui n'avaient reçu qu'une compensation de base.
De fait, le gouvernement allemand a voulu préciser dans l'accord avec la Conférence des réclamations que l'argent irait uniquement aux survivants juifs, au sens strict du terme, qui n'avaient pas été convenablement ou en toute équité indemnisés par les tribunaux allemands. La Conférence se déclara outragée qu'on mette sa bonne foi en cause. Après la signature de l'accord, elle publia un communiqué de presse soulignant que l'argent serait utilisé pour « les persécutés juifs du régime nazi pour lesquels la législation existante ou en projet ne prévoyait pas de remède. » L'accord final précisait que la Conférence devait utiliser l'argent « pour le secours, la réinsertion et la
7. Marilyn B. Young, The Vietnam Wars, New York, 1991, pp. 301-302. « Cohen : US Not Sorry for Vietnam War », Associated Press, 11 mars 2000.
8. Pour cette affaire, cf. surtout Nana Sagi, German Réparations, New York, 1986, et Ronald W. Zweig, German Réparations and the Jewish World, Boulder, 1987. Les deux volumes sont des histoires officielles financées par la Conférence des réclamations.
réinstallation des victimes juives. »
La Conférence des réclamations annula rapidement l'accord. Par un manquement flagrant à sa lettre et à son esprit, elle alloua l'argent à la réinsertion non des victimes juives, mais des communautés juives. De fait, un des principes dirigeants de la Conférence des réclamations était l'interdiction d'utiliser l'argent sous forme « d'allocations directs aux individus ». Cependant, dans un parfait exemple de « charité bien ordonnée commence par soi-même », la Conférence a fait exception pour deux catégories de victimes : les rabbins et les « dirigeants juifs de premier plan » ; ils ont reçu des paiements individuels. Les associations membres de la Conférence des réclamations ont utilisé la plus grande partie de l'argent pour financer leurs divers projets particuliers. Les rares paiements reçus par les vraies victimes juives ne furent que des retombées indirectes ou accidentelles^. De larges sommes ont été attribuées par des canaux détournés aux communautés juives du monde arabe et ont facilité l'émigration des juifs d'Europe de l'Est'". Les associations ont aussi subventionné des entreprises culturelles comme des musées de l'Holocauste et des chaires universitaires d'études de l'Holocauste, ainsi qu'un secteur de Yad Vashem consacré, à coups de trompette, aux « Justes des Nations ».
Récemment, la Conférence des réclamations a cherché à s'emparer de propriétés
9. En réponse à une question posée récemment par le député allemand Martin Hohmann (CDU), le gouvernement allemand a reconnu (dans un style extrêmement embarrassé) que seulement 15% environ de l'argent donné à la Conférence des réclamations avait été donné aux juifs victimes des persécutions nazies, (communication personnelle, 23 février 2000).
10. Dans son histoire officielle, Ronald Zweig reconnaît ouvertement que la Conférence des réclamations a violé les termes de l'accord : « L'apport de fonds provenant de la Conférence a permis au Comité [unifié de distribution] de poursuivre des programmes en Europe qu'il aurait autrement dû interrompre et d'entreprendre des opérations qu'il n'aurait pu autrement envisager en raison du manque de fonds. Mais le changement le plus important dans le budget du comité unifié de distributrion provoqué par le paiement des compensations est l'allocation pour les pays musulmans, où les activités du comité ont crû de 60% pendant les trois premières années d'allocations de la conférence. Malgré les restrictions formelles à l'usage des compensations prévues dans l'accord avec l'Allemagne, l'argent a été utilisé là où les besoins étaient les plus importants. Moses Leavitt [cadre dirigeant de la Conférence des réclamations]... observa: "Notre budget était fondé sur la priorité des
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