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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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malgré moi.
    Il cessa de marcher sur-le-champ. Son visage devint blanc, ses lèvres rétrécirent. Il ne put contenir plus longtemps son courroux.
    — Exigez, commandez, décidez à la place des autres. Pourquoi ne cherchez-vous pas à comprendre ? Je revois mon père. Voulez-vous savoir ce que j’éprouve ? Êtes-vous seulement attentive à cette estime mutuelle dont nous parlions hier et que vous appelez de vos vœux ?
    Cet assaut brûlant me fit reculer d’un pas. Je crus trouver mon salut en campant dès lors sur mes jambes, les bras posés sur les hanches, espérant ainsi masquer le trouble qui me gagnait tout autant.
    — Hier, vous le détestiez, ironisai-je. Aujourd’hui, vous semblez souffrir de cet éloignement. Je ne me trompe pas en parlant d’inconstance.
    Ce coup brutal acheva de le mettre hors de lui :
    — Vous dites avoir du cœur. Je crois plus à votre vanité ! Vous et votre père, il n’y a que cela qui compte. Avez-vous pensé au mal que je ressens en revoyant celui qui m’a privé de tout ? Votre égoïsme est tel que vous refusez de croire que les sentiments d’un père ne se fondent pas toujours sur l’amour, l’affection, la tendresse. De quoi se plaint Beltavolo ? Mais comment le savoir si vous ne pensez qu’à vous ! Votre jeunesse ressemble à celle d’une petite fille gâtée. Aveugle et sourde, vous avez cru que toutes les vies ressemblaient à la vôtre. Tout est simple dans ce conte de fées. Une fille aimante venant au secours de son père, prisonnier d’un château assailli par les Intolérants ! Réveillez-vous, Hélène de Montbellay. Voyez les larmes de rage qui coulent sur mes joues, stigmates d’une enfance gâchée dont je paye le prix chaque nuit en songeant à ce qu’un père, puisqu’il porte ce nom, m’a obligé à vivre. Exister ? Je ne pense pas que nous y mettions le même sens. Ma mémoire est peuplée de chagrins secrets, de suppliques stériles, de souvenirs manqués. Aujourd’hui, j’y ajoute les remords pour ce que je fus obligé de faire afin de ne pas sombrer. Qui est François de Saint Val ? Rien, je vous le dis. Du moins, il ne ressemble pas à celui qui vous fait face. La faute à qui ? Un homme, un seul ! Un père qu’un autre destin aurait pu choisir comme le vôtre.
    Il se tut et me regarda. La colère étirait les traits de son visage et je voyais encore que de terribles pensées y livraient bataille. De quoi souffrait-il vraiment ? Que reprochait-il à son père ?
    — Je le hais, gronda-t-il d’une voix effrayante, jusque-là inconnue, pour le mal qu’il m’a fait et me poursuit encore...
    Et il s’éloigna sur-le-champ, fuyant par une ruelle qui s’enfonçait dans la ville.
    Oubliant Bonnefoix, je courus après François. Je dus l’attraper par la manche, m’accrocher pour qu’il accepte de venir à moi. Il refusait toujours. Une rage exaltée monta en moi et nous luttâmes ainsi, alors qu’à chaque geste, nos corps se rapprochaient. Désormais, nos regards se défiaient. Qui céderait en premier ? Mais la querelle s’épuisa sans livrer sa réponse. Nous aurions dû nous séparer, il le fallait. L’inverse se produisit. Mon cœur battait contre le sien. J’étais bouleversée, à bout de souffle, et lui, je crois aussi.
    — Je n’avais pas mesuré vos sentiments, me défendis-je. Mais vous vous trompez. Je peux deviner votre chagrin.
    Sans s’écarter, il haussa les épaules :
    — Vous ne savez rien. Et il vaut mieux qu’il en soit ainsi.
    Je me serrai à lui, laissant venir à moi de nouvelles émotions :
    — François, je désire que nous partagions cette estime mutuelle. Et peut-être plus que je ne le laisse voir. Dites-moi ce qui vous préoccupe ?
    — À quoi bon ? glissa-t-il.
    — Prenons comme point de départ la décision d’être aussi franc l’un que l’autre. Depuis notre première rencontre, je dis la vérité. Et c’est sans doute ce qui pose problème entre nous. Vos secrets vous rongent.
    — Je n’ai jamais été aussi franc de ma vie. Aller au-delà me semble impossible.
    — Vous voyez, m’exclamai-je en m’éloignant. Vous vous refermez sur vous-même. Vous boudez aussi. Sinon, vous vous emportez. Et si je me compare...
    — Vous recommencez à me juger ! me coupa-t-il. Et vous parlez encore de vous.
    — La faute à qui ? Depuis que vous avez vu votre père, vous n’avez desserré les lèvres que pour hurler. Est-ce si dur de vous confier paisiblement ?
    — J’ai perdu cette

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