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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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une surprise en vous y invitant.
    — Qui prétend que je ne serais pas heureuse de l’entendre ? Et peut-être plus que vous ne l’imaginez, car, essayai-je encore, je dois vous raconter ceci...
    — Pardonnez-moi ! me coupa-t-il de nouveau. Qu’avez-vous dit avant ?
    — Je ne sais plus... Je crois que je vous annonçais mon désir de vous parler de...
    — Non. Vous avez prononcé ces mots : j’étais aux premières loges. Mais de quoi ? Quel autre spectacle a-t-on donné à la cour ?
    — François. Il faudra m’entendre, et peut-être serez-vous déçu.
    Il posa les mains sur la table et serra les mâchoires :
    — Dois-je craindre le pire ?
    — Berthe, notre cuisinière, m’a toujours appris que l’on mangeait chaud. Faites-le en m’écoutant.
    — Je préfère boire vos paroles, sourit-il tristement.

    Le plus dur me sembla fait après l’explication sur ma rencontre éclatante avec son père. J’étais soulagée et heureuse, car François ne m’avait pas mal jugée.
    — Je vous l’assure, Hélène. Ne faites plus ces yeux tristes.
    — Ce fut plus fort que moi. Je n’aurais pas dû intervenir. M’en voulez-vous ?
    Il allongea le bras et prit ma main :
    — Que vous me portiez de l’intérêt est, pour moi, un immense progrès. Que vous ayez vu mon père en action vous a sans doute permis de régler les questions qui pouvaient trotter dans votre tête. Que vous l’ayez mouché est un plaisir sans violence. Ma seule réserve est que, par ma faute, vous vous soyez mise en danger.
    — Votre faute ? Allons ! C’est moi qui me suis servie de vous. Et si je vous ai défendu, je ne regrette aucun de mes mots. Il n’y a ni compromis, ni compromission. J’ai parlé selon mon opinion. Il fallait que quelqu’un mette fin à la suffisance de cet homme et c’est tombé sur moi. N’est-ce pas la règle du royaume de Mouffetard de venir en aide à son prochain ?
    Il me caressa du regard :
    — Peu à peu, vous apprenez à me connaître, vous me découvrez et vous semblez aimer la façon dont je vis.
    De nouveau, il s’inquiétait :
    — Nous pourrions être si heureux...
    — J’ai autre chose à vous avouer, François.
    — Je me doutais bien que vous n’aviez pas fini, soupira-t-il. Alors, venez-en à ce qui pèse sur votre cœur depuis que nous sommes assis.
    — Il existe un lien avec le spectacle qui se jouera ici, ce soir.
    — Cette affaire du fantôme ? murmura-t-il.
    — Il se peut que j’y ajoute une suite.
    — Vous m’alarmez de plus en plus. Ce mystère semble si lourd que votre souffle peine et que votre si joli front se plisse d’émotion.
    — Pas ici. Il y a trop de monde.
    — Ce n’est pas rue Mouffetard que vous trouverez un endroit discret.
    — Et chez vous ?
    — C’est que...
    — Quoi ? Abritez-vous une pauvre damoiselle échappée du couvent de la Miséricorde ou une belle Andalouse ? Non ? À moins qu’il s’agisse d’une esclave maure et que vous hantiez un harem.
    — Ne me torturez pas. Mais je suis... Et vous êtes...
    — Oui, c’est nous. Mais il n’y a plus que vous qui soyez apeuré. Ai-je l’air de redouter ce qui pourrait m’arriver ? Laissez-moi insister. Ce n’est pas vous qui m’avez invitée. Je le fais seule et en toute liberté. Montrez-moi donc où siège votre royaume, cher comédien de mon cœur.

    Il vivait au premier étage d’une maison en bois dont le rez-de-chaussée était occupé tout entier par l’atelier d’un menuisier. Le passage était incontournable, mais on entrait sans frapper.
    — La porte ! par pitié. Ah ! c’est toi, Beltavolo, rugit un gaillard barbu dont la chevelure blonde se dissimulait sous un nuage de copeaux de bois.
    Toute la pièce était ainsi, et son air irrespirable. Il fallait surveiller ses pieds et prendre garde aux chausse-trappes de ce capharnaüm où s’entassait un fatras de pièces polies, cirées, tournées et découpées. S’y côtoyaient des chaises à trois pieds, des buffets sans battant, deux ou trois tables branlantes et cet orphelinat des objets à réparer soignait aussi les chagrins des tout-petits. Sur une étagère dorée de poussière, au cœur d’un bric-à-brac de pots de colle et de cire, de clous sans tête, de marteaux et de rabots aux manches brisés, sommeillait, tête penchée, à cheval dans le vide, une jolie poupée au bras cassé. Les deux attendaient sagement, serrés l’un contre l’autre, que le sorcier d’ici les réunisse à jamais. Comment sa main énorme

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