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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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bienveillant et intime, je communiais avec eux. Je les soutenais tous. Je partageais leur cause. Et rien ne m’empêcherait de la mener au bout.
    Dans un tourbillon me revinrent les raisons de ma présence à Paris. Et une bouffée de frayeur me saisit au ventre. Le stratagème du marquis de Penhoët fonctionnerait-il ? Il y avait tant d’aléas, d’incertitudes dont la marquise de Sévigné, malgré sa gentillesse, nous avait démontré les effets. L’exil, le bannissement pour mon plus fidèle ami de Versailles. Et pour mon père, quoi de plus ? Si la cour ne croyait pas à l’idée folle du retour de La Salle, nous risquions d’être démasqués... Demain, tout se jouerait. Oui, demain, j’apprendrais ce que la chance m’accordait. Mais avant, il fallait que je parle à François. Il devait aussi savoir pour son père. Hélas, le temps passait trop vite. Il me faudrait rentrer, ordonner mes pensées, trouver la robe qui conviendrait, partir au petit matin, quitter le doux refuge de madame de Sévigné et affronter le roi. Qu’avait dit Louis de Mieszko ? À quel moment devais-je m’avancer ? Quels mots devais-je prononcer ? Sire ... Mon père ... Je ne savais plus.
    — Louvois est le pire de tous, répéta le catholique.
    Je revins au présent. Pour la troisième fois, j’entendais ce nom. Madame de Sévigné, le marquis de Penhoët et maintenant ces deux pauvres amis, tous semblaient craindre ou détester Louvois.
    Et demain, qu’adviendrait-il pour moi ?
    — Le vin et le civet arrivent !
    François rayonnait et Dieu, que son éclat était beau !

    Le Chapeau-Rouge se divisait en deux parties. La première, située près de l’entrée, était réservée aux repas. La seconde, plus au fond, se destinait au cabaret. De simples bancs en bois symbolisaient la salle dont le sol n’était lui-même qu’en terre battue. Une estrade servait de scène et de grands rideaux rouges dissimulaient les décors. Et je n’en vis pas davantage.
    — Le miracle se trouve derrière le rideau, lança François en mordant dans la viande. Ce soir, nous aurons droit à un beau spectacle. Le Capitan Matamore, Arlequin, Polichinelle, Pantalon, Scaramouche, Pierrot ! Ils seront tous là. Ce sont les plus grands farceurs de la comédie italienne. Ils vont jouer et je sais déjà qu’il y aura une belle surprise. Pierrot ? Il interprètera un rôle nouveau et imprévu. Il sera en blanc, mais sous ses habits, quelle surprise ! Je ne vous dis rien. Vous découvrirez par vous-même...
    Oui, bien sûr, il n’imaginait pas que nous nous séparions. Moi, comment pouvais-je en avoir envie ? Le fait d’y penser était déjà une déchirure. Bonheur ou douleur ? Le visage de la vieille sorcière me revint.
    — François...
    Il leva les yeux. Ce n’était que douceur et désir de me plaire.
    — Pas un mot, jeta-t-il, c’est moi qui parle. Je viens d’apprendre des choses surprenantes et figurez-vous qu’elles ont un rapport avec vous et ce spectacle. Ah ! Je vous étonne... Eh bien, oui. Pour tout vous dire, je sais ce qu’il s’est passé, cette nuit, à Versailles, alors que vous y étiez. Et c’est cela qui servira de trame à nos amis farceurs.
    — François !
    — Non. C’est regrettable, mais on m’écoute. Les bruits courent entre Versailles et Paris. Si bien qu’ils ont déjà franchi les quatre lieues qui nous amènent rue Mouffetard. Et...
    — François ! j’allais vous expliquer...
    À mon grand étonnement, il éclata de rire :
    — Vous n’allez rien me dire, car vous ignorez tout.
    — Pourtant, je vous assure que j’étais aux premières loges.
    Il marqua un temps :
    — Ce n’est pas possible.
    Il réfléchit encore :
    — Ne me dites pas que vous vous trouviez à cette table quand le fantôme est apparu ?
    — Ah ! Vous parlez du revenant ? fis-je sans étonnement.
    — Comment ! Il y a autre chose ? Mais, d’abord, restons sur cette apparition. Étiez-vous informée ?
    — Bien plus que vous ne pouvez l’imaginer... Ce matin, le marquis de Penhoët a pris le soin de se déplacer chez la marquise de Sévigné. Je connais tous les détails de cette affaire. Et, à ce sujet, je dois vous dire que nous allons...
    — Ce marquis ! Toujours dans mes pieds, ronchonna-t-il. Ma déception est grande.
    — Pourquoi, François ?
    — La troupe de théâtre qui se produit chaque soir dans ce cabaret a décidé d’un nouveau spectacle comique dont le sujet porte sur ce fantôme, et j’espérais organiser

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