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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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le roi. Une chance insolente même !
    — Et pourquoi, Votre Majesté ?
    — La rumeur prétendait me jeter sur la route pour aller au-devant de monsieur de La Salle.
    Un mouvement parcourut les courtisans, un bruit où triomphait les : « Je le savais. Ah ! l’escroquerie... » qui suffit pour que la marquise de Montespan avance et, sortant de la pièce où elle se trouvait, se place derrière le roi.
    — Quelle belle nouvelle m’apprenez-vous, sire, ajouta Penhoët sans se départir. Ainsi, notre navigateur est de retour...
    — N’ajoutez rien à cette sottise. Vous n’étiez pas au courant de ce bruit aussi faux que scandaleux ?
    Le roi scruta le joueur invétéré. Et ses yeux ne montraient rien.
    — Non, sire, répondit le marquis d’une voix égale.
    — Vous, si bon quand il s’agit de tromper son monde à la table de jeu, vous n’y êtes pour rien ?
    — Non, Votre Majesté, renouvela pareillement mon comparse.
    — Mais alors, pourquoi êtes-vous là quand nous ne devrions pas l’être ! Comment faut-il que nous prenions la chose ?
    — Comme nous tous ici, pour le plaisir de vous saluer, sire.
    — Est-ce aussi le hasard ou la chance du joueur qui vous permit d’être présent, ce jour où nous passâmes dans Paris sous les balcons de l’hôtel de la baronne de Beauvais ?
    — Sire, c’était déjà le désir de vous servir.
    — Nous essayerons d’y croire.
    Le roi semblait excédé. Il jouait avec le marquis comme un fauve dominateur agace une proie déjà affaiblie :
    — Je regrette que vous ne soyez pour rien dans cette sournoiserie à propos de La Salle, car je m’apprêtais à féliciter son auteur. Voyez-vous, monsieur, en fonctionnant, l’invention nous aurait permis de séparer les vrais fidèles des faux dévots qui ne viennent à la messe que pour mon plaisir. C’est un thème qui aurait plu au regretté Molière. Et à nous.
    — Sire, je m’en souviendrai.
    — Nous vous voyons, monsieur le marquis, et nous nous disons que, pour nous plaire et nous amuser, nous ne manquons pas d’acteurs, mais de bonnes comédies. Le sujet dont on nous parle, aujourd’hui, mettrait en scène un fantôme !
    Ses yeux exprimèrent une soudaine colère. Il redressa sèchement la tête. Cela s’adressait à tous : l’affaire déplaisait fortement. Puis, sans qu’on puisse le prévoir, il revint à nous :
    — Au moins vous savez cela, monsieur le marquis ?
    — Hélas, sire. Je l’ai su ce matin, et j’en condamne tout autant la cause que les effets.
    Le roi redevint maître de lui. Il bougea la tête d’un quart. Ses yeux me découvraient :
    — Et vous, madame, que pensez-vous de cette histoire de spectre ?
    J’ouvris sottement la bouche, puisque le roi me regardait et me posait la question, mais Penhoët fut plus rapide :
    — Sire, je vous présente...
    Le roi leva une main. Le marquis se tut.
    — Ainsi vous êtes Hélène de Montbellay, fille du comte de Saint Albert.
    — Sire, balbutiai-je. Je viens à vous pour...
    — Vous ne venez pas, vous errez ici comme ce fantôme, assena-t-il, à la fois cassant et séducteur. Combien de fois ? fit-il mine de chercher. Oui, c’est cela. N’est-ce pas le troisième moment où nous vous croisons ?
    — Pardonnez-moi, Votre Majesté, balbutiai-je en tentant de peser chaque mot. Deux fois... Avant-hier, au cours de la Soirée d’Appartements, et maintenant pour...
    — Vous oubliez votre coup d’œil à la fenêtre alors que vous étiez dans nos jardins.
    Ses yeux se moquaient. La marquise de Montespan ne put s’empêcher de sourire.
    — Pouvez-vous nous expliquer cette persécution ? demanda-t-il alors d’un timbre glacial.
    — Sire, ce n’est pas cela, je vous prie...
    — Êtes-vous à Versailles pour faire l’éloge d’idées libertines dont votre père paye le prix fort aujourd’hui ?
    — Majesté, tentai-je une nouvelle fois, je viens à vous pour...
    — Pour vous moquer, sans doute...
    — Je jure de ma bonne foi et...
    — Les injures, en effet. Avant-hier, alors que nous vous accueillions à Versailles, vous fîtes subir vos sarcasmes à un lieutenant général qui, pour mon plaisir, ne répondit pas à cet outrage qui m’était tout autant adressé. Est-ce la... tolérance, telle que la conçoit le comte de Saint Albert ?
    — Ma maladresse est seule coupable et je ne voulais pas...
    — L’esprit vous manque, madame. Et je ne vois pas ce qui vous retient encore.
    Ses yeux redevinrent cruels. La sentence était

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