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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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feu et se plaçait devant la femme pour la protéger ? devait-il se demander. Le danger venant du plus jeune, il allait l’expédier au ciel pour venir au secours de son associé qui ferraillait durement avec Faillard. Le brigand fit alors un pas, puis un second vers nous, les yeux fixés sur François tandis que je le laissais venir. Je ne bougeai pas, attendant qu’il soit à ma portée, à ma mesure, ne songeant qu’au mouvement du roseau qui plie, mais ne rompt pas.
    Le roseau plie avec humilité. Au premier frisson, à la première menace, il se courbe et s’adapte. Il est léger, mais plus rapide, et le premier à réagir. La force du roseau réside dans sa souplesse.
    De moi, le tueur ne se méfiait plus. Faillard avait raison, il m’avait oubliée.
    Vous laisserez approcher votre adversaire qui ne résistera pas au plaisir d’observer de si près une jolie proie. Vous attendrez qu’il soit à la distance. Vous ne le perdrez pas des yeux, n’exécuterez aucun geste. Il se croira vainqueur.
    Il fit jaillir son épée.
    Il convient de retenir un point fort. Je choisis la rapidité.
    Et il se découvrit.
    Regardez ma main. Je déplace mon pouce et le porte au-dessus de ma prise. J’augmente l’effet du levier. Je l’accélère. Ainsi, je gagne un temps dans l’action. Je ne me sers pas de ma puissance, mais de la souplesse de ma main.
    J’exécutai un mouvement, un seul. Et je saisis Damoclès que j’avais accroché dans mon dos et à la taille.
    Il vous faut un geste simple et direct dont l’effet sera si prévisible pour un habitué qu’il ne songera pas un instant que sa mort est au bout de votre lame. Le coup sera ordinaire, mais le résultat comparable à celui de l’embuscade.
    Avant qu’il ait pensé à moi, et pour cela quittant du regard François qu’il croyait tuer, je portai ma flanconade dans le défaut des côtes. Damoclès se brisa sur le coup. Comme je tenais la garde en main, la lame resta plantée dans les entrailles du mercenaire et son sang se mit à couler. Il lâcha son épée, les yeux noyés de surprise effrayée, et regarda la plaie par laquelle sa vie s’écoulait.
    — À moi ! expira-t-il en tombant à genoux, les mains pressant ses viscères.
    L’autre tueur gisait déjà à terre. Faillard, lui, campait debout. Le combat avait été dur, mais il n’avait point baissé la garde. La partie n’était pas gagnée pour autant. Jaillissant de l’escalier, les deux autres coupe-jarrets désormais le menaçaient.
    — À moi ! répéta l’autre en mourant.
    Que faire ? Le premier combat avait été si rapide que pas un homme n’était accouru pour nous venir en aide. Et le prochain assaut risquait d’être encore plus bref. Faillard se retrouvait seul face aux deux lames. François, alors, n’hésita pas. Il se précipita sur l’épée de celui que j’avais mortellement blessé, la saisit et vint se ranger aux côtés de Faillard qui dessinait de grands moulinets pour retarder l’attaque.
    — Monsieur, dit mon maître d’armes, nous nous présenterons plus tard, mais comptez-moi dès à présent au nombre de vos amis. Savez-vous manier cette arme ?
    — Pour tout dire, cela fait des années...
    — À votre allure, je m’en doutais.
    — Jean-Baptiste ! hurlai-je pour appeler le valet à la rescousse, sa disparition subite me faisant redouter une crise aiguë de couardise.
    Sortant de l’ombre où il s’était réfugié, Bonnefoix me saisit à l’épaule :
    — Je ne fuyais pas, je réfléchissais. Et il me vient une idée, claqua-t-il des dents. Le sifflet... N’en avez-vous pas parlé ?
    Mon sang ne fit qu’un tour. Je sortis le précieux cadeau de monsieur de La Reynie et le fis retentir si fort que les vitres de Notre-Dame durent en trembler.
    Les deux lascars se regardèrent. Quelle était donc cette ruse ?
    Moi, je sifflai et sifflai encore.
    Une porte s’ouvrit. Une autre. L’affaire se présentait dès lors autrement. Profitant du flottement, Faillard chargea si bien qu’il estourbit le troisième trousse-chemise d’un coup entre les yeux. François, lui, moulinait. Encouragée par un bruit de course et une frénésie de pas, je sifflai derechef à m’en éclater les veines du cou. Par un curieux effet, la douleur que j’avais ressentie quand Faillard m’avait autrefois blessée à l’oreille se réveilla. Mais je sifflai de plus belle, car j’avais aperçu un groupe d’hommes menaçants qui approchait. Mais eux aussi sifflaient ! Les

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