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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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nouvelles vint mettre fin à ces joyeuses retrouvailles. Les policiers de La Reynie partis à la recherche du comédien caché dans le grenier revenaient dans la rue. Les mines étaient basses. Ils nous regardèrent en coin avant de s’isoler pour discuter avec celui qui nous avait parlé et qui semblait leur chef. Ce dernier écouta en hochant la tête, puis revint vers nous :
    — L’homme est mort. La gorge tranchée, lâcha-t-il d’une voix sans émotion.
    Si le fait d’avoir tué mon agresseur me laissait peu de regrets, à l’inverse, j’étais touchée par la triste fin de cette âme errante. Pis, je m’en sentais responsable. On nous surveillait. On nous avait suivis, et j’avais guidé les criminels, agissant sans prudence, égoïstement, sacrifiant ainsi la vie de quelqu’un à mes seuls intérêts immédiats.
    Pour tout avouer, une autre chose me désespérait en apprenant son funeste sort. J’avais promis au roi de dévoiler le fantôme, du moins celui qui avait endossé ce rôle, et la seule piste solide venait de disparaître. L’homme que nous cherchions, et manqué de peu, était-il le revenant de Versailles ? Un unique chemin, et il s’embourbait dans le sang.
    Les larmes vinrent. La douleur, aussi.
    — Vous pleurez le décès de cet esclave ? s’étonna le policier, plus habitué que moi à fréquenter la mort.
    Je répondis d’un mouvement de la tête.
    — Il était recherché, reprit-il doucement. Un jour ou l’autre, on l’aurait retrouvé. Sa vie n’aurait guère été plus longue.
    — Qui vous prouve qu’il était coupable ? rageai-je.
    — On l’a tué, répondit-il aussi calmement, sur le ton de l’enquêteur, c’est donc qu’il a joué un rôle dans cette affaire. Il ne peut y avoir de preuve plus flagrante. Soit il savait, soit il avait commis quelque chose en rapport avec ces crimes. Vous n’y êtes pour rien. Pleurez sur ce que nous n’apprendrons jamais, car, c’est certain, on craignait qu’il ne passe aux aveux. Cette épitaphe figurera sur son tombeau.
    — Eh bien ! Faisons en sorte de croire qu’il s’est confessé avant de mourir.
    On s’intéressa à celui qui venait de parler. C’était Jean-Baptiste Bonnefoix, calme et serein, revenu de l’enfer de la peur et retrouvant sa faconde, comme si rien ne s’était produit. Avant de poursuivre, il prit soin de vérifier soigneusement si aucun inconnu ne l’écoutait. Pas une âme qui vive.
    — Enfin quoi ? fit-il alors avec assurance. Pas moins de quatre hommes lancés à ses trousses, c’est que le gibier était gros. Ce policier a raison : ce pauvre errant détenait des connaissances. Mais voilà comment on pourrait raconter l’histoire : en montant chez lui, nous avons vu qu’il n’était que grièvement blessé. Entendez-vous, chers témoins ? Et en trois phrases, il nous a tout raconté. C’est ensuite qu’il s’est éteint.
    — Et qu’avait-il sur le cœur ? demanda Faillard qui ne pouvait être au courant.
    — Ah ! Mais c’est un secret. Retenons que ce fut formidable. Et nous en aurons dit assez pour inquiéter ceux qui voulaient sa mort et savaient que nous étions à ses trousses. Faisons courir le bruit puisqu’on ne peut plus en douter, nous voilà nous-mêmes espionnés. Et attendons que ces ombres réagissent. Oui. Ferrons ceux qui nous ont ferrés, ainsi vous verrez la peur changer de camp.
    — Je trouve cette idée bonne, renchérit le policier. Au moins, la mort de cet individu n’aura pas été inutile.
    Le disait-il pour son enquête ou afin de me soulager ?
    — Je partage cet avis, lança une voix nouvelle.
    De la nuit, surgit un petit homme habillé de noir qu’une énorme perruque du même ton charbon ne parvenait pas à grandir.
    — On me cherche, on me trouve, fit La Reynie de sa voix de crécelle.
    Le lieutenant de police regarda son monde. L’inspection achevée, il se retourna, d’abord, vers Faillard.
    — Monsieur, votre lame est encore solide. Vous manquez aux mousquetaires du roi.
    Et c’était un compliment.
    Puis il s’inclina vers moi :
    — J’ignorais que vous maniiez l’épée comme la raison. J’ai été fort sage de vous être agréable.
    Il jeta un œil sur le coupe-jarret que j’avais occis, avant d’ajouter, en direction de Bonnefoix :
    — Vous qui raisonnez si bien, est-ce vous aussi qui siffliez ?
    — J’avoue que j’en ai eu l’idée, répondit Jean-Baptiste crânement. Et d’ailleurs, s’il était possible de vous en

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