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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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maugréa-t-il, comme s’il se donnait du courage pour libérer son cœur d’une charge trop lourde.
    Mais avant de sauter le pas, il se gratta le nez, allant d’un pied à l’autre.
    Quand soudain, il se décida :
    — Vous semblez amoureuse de François de Saint Val ?
    Quelle démarche étrange ? Son visage tendu me fit craindre le pire.
    — Poser une question dont vous connaissez déjà la réponse n’est pas dans vos manières, répondis-je effrontément, cachant ainsi mon émotion.
    — Jusqu’où s’élèvent vos sentiments ? insista-t-il.
    — Aussi haut que porte ma vie, lançai-je le cœur battant.
    Que cherchait-il à me dire ? Il se taisait encore. Abandonnant ma fierté, je le suppliai de s’expliquer :
    — Je vous en prie. Mettez fin à mes inquiétudes.
    — Ce jeune homme, jeta-t-il brusquement sur un ton où perçait une sincère émotion, vous aime pareillement et j’en ai la preuve. Mais ce que j’ai à vous avouer n’est pas simple. Voyez-vous, d’habitude je ne trouve guère d’utilité à parler de ces sentiments et...
    — Monsieur, vos messes basses, vos circonlocutions, vos aveux tardifs, je n’en veux plus.
    Il soupira et ses yeux s’attristèrent :
    — Mon rôle est ingrat. Ma mission m’oblige à toutes sortes d’arrangements et je profite parfois des faiblesses des hommes en bafouant leur honneur. Oui, je sollicite leur collaboration et j’en fais mes agents. Ainsi, je reste en contact avec Paris. Oui, que voulez-vous ! enragea-t-il, j’ai besoin de mouches et...
    — François ? murmurai-je.
    — Ah ! Comprenez-moi, fit-il en joignant les mains. Je tenais Beltavolo. Son maudit père le réclamait. Et je savais où le trouver. Mais plutôt que de livrer mon martyr, j’ai négocié avec lui. Je l’ai laissé en liberté. En échange de quoi, il espionnait pour moi.
    Cet air malheureux, ce drame dont François ne pouvait parler, l’aveu qu’il ne parvenait pas à me faire, c’était donc cela ?
    — Mais le pire, le voici. Informé de votre arrivée à Paris, je lui ai demandé de vous suivre comme un double. Et je crois qu’il y parvint au-delà de tous mes espoirs.
    En un éclair revint sa soudaine apparition dans les écuries de l’aubergiste et son habile numéro pour me séduire... Beltavolo m’avait trahie. Et brusquement, il ne restait que cela.
    La Reynie devina mes pensées :
    — Non, madame, il n’a jamais agi contre vos intérêts et en voici la preuve.
    — Taisez-vous, monsieur. Je ne veux plus rien entendre.
    Il se jeta sur moi et me saisit aux bras :
    — Il faudra m’écouter ! François de Saint Val a accepté cette mission parce qu’il ne vous connaissait pas. Et par la suite, il m’a trahi parce qu’il vous aimait. Oui, il travaillait pour moi, mais c’était la première fois. Coincé par mon chantage, il n’a pu qu’accepter. Il cédait ou je le dénonçais à son père. Ainsi, celui qui bafoua son honneur, ce fut d’abord moi. Songez à cela quand vous le jugerez, mais pas avant de m’avoir entendu. Donc, il devait espionner la fille du comte de Montbellay, banni et exilé en son domaine de Saint Albert. Que venait-elle chercher ou quérir ? Il devait vous questionner. Ensuite ? Il me rapportait tout. Mais ce garçon charmant tomba sous votre charme. Dès lors, Beltavolo disparut. Des nouvelles ? Un signe ? Rien ! Enfui. Comprenez ma fureur... qui prit fin d’un coup en vous découvrant. Beltavolo avait raison. On ne pouvait se résoudre à vous tromper.
    Il regarda ses pieds, mal à l’aise et peu habitué à ce genre de situations.
    — Je devine son calvaire. Se dévoiler ou se taire ? Et pendant ce temps, il devait se cacher car je m’étais évidemment lancé à sa recherche. Non, ne condamnez pas cet homme. Il vous aime et vous a respectée.
    Je revoyais François, inquiet et perdu quand nous étions à Versailles et se murant dans son silence. Je devinais sa peur à l’idée de tomber sur un homme de La Reynie. Pourquoi ne m’avait-il pas parlé ?
    — Il le fera, sans doute, reprit La Reynie qui suivait mes pensées et se glissait dans mes doutes. Il vous avouera tout, un jour... Quand vous lui en donnerez l’occasion. Quand il saura que vous avez assez confiance en lui pour le pardonner.
    — Il m’a séduite sur vos ordres ! rétorquai-je, mais plus troublée que je ne le voulais par le plaidoyer de La Reynie.
    — Non, madame. C’est vous qui triomphez de lui. Maintenant, soupira-t-il, la question est de savoir

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