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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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à qui je confierais le destin de ma fille. Maintenant, décide-toi.
    — Ai-je le choix ?
    — C’est à l’ami que je m’adresse.
    Les jambes de Bonnefoix se mirent à trembler :
    — Ami ?
    — Tu comptes plus à mes yeux que l’armée oisive qui hante Versailles et se dit la noblesse de France.
    — Monsieur le comte...
    — Laisse tomber ce titre. Tu parles à l’ami, répéta mon père. Agis avec lui selon ton cœur.
    La méditation de Jean-Baptiste Bonnefoix fut de courte de durée. Il revint de ses songes, le visage éclatant de bonheur :
    — Croyez-vous que l’on puisse refuser un plaisir à un ami ?
    — Qu’en penses-tu ?
    — Eh bien, je dis que cet ami a toujours été bon avec moi, et que je lui dois tout. Alors, un jour, nous irons sans doute à Versailles et nous en reviendrons, peut-être !

    J’allais vers Jean-Baptiste pour le remercier, mais, à ma surprise, Berthe fut la plus rapide. Elle se jeta sur lui et le serra si fort qu’il crut étouffer.
    — Tes œufs ne brûlent-ils pas ? balbutia Bonnefoix.
    Berthe libéra sa prise. Le front couvert de sueur, la mèche folle, l’œil brillant comme la pleine lune déchirant les nuages, Jean-Baptiste leva une main :
    — J’ai dit que nous irions sans doute à Versailles. C’est donc que j’y ajoute moi aussi une clause...
    — Cela ne m’étonne pas, lança joyeusement mon père.
    — Vous étiez d’accord quand je décrivais votre fille, commença-t-il.
    — Ta description, je la fais mienne.
    — Si vous n’ôtez aucun de mes mots, il faut les retenir tous.
    — Où veux-tu en venir ?
    — N’oubliez pas le défaut de sa cuirasse. Votre chère fille manque cruellement d’expérience à l’épée. Qu’en est-il de son guide ? L’histoire que vous rapportiez à propos du seigneur d’Artagnan prouve que ce n’est sûrement pas moi qui pourrai la sauver quand le danger surviendra au coin d’une rue borgne. Alors, je vous pose ma question : peut-on concevoir cette expédition sans maîtriser l’adresse au combat ?
    La prudente argumentation de Jean-Baptiste fit son effet. Un instant, notre petit homme sembla triompher.
    — Tu as raison, Bonnefoix.
    Je crus que mon père hésitait encore. J’intervins sans réfléchir :
    — À qui la faute ! Combien de fois vous ai-je réclamé cet apprentissage ?
    Il baissa les yeux. Je compris sa tristesse et je regrettai déjà ma réaction. Je n’avais fait qu’aggraver la peur de me perdre, dont il avait parlé, et qui s’installait petit à petit chez lui.
    Le rusé Bonnefoix en profita pour enfoncer le clou :
    — Il ne faut pas se décourager. Le temps viendra à bout de votre inexpérience et de votre faiblesse. Plus tard, nous étudierons les détails de cette expédition.
    Il gagnait du temps. Il était en train d’obtenir ce qu’il voulait.
    — Il n’en est pas question ! Je veux que nous partions au plus vite.
    — Je m’y attendais, bougonna Bonnefoix. Pendant notre voyage, tout sera ainsi. Elle voudra que son gentil valet règle les problèmes comme la fée s’y emploie avec sa baguette. Et pour mettre en fuite l’ennemi, faudra-t-il aussi que j’ouvre le Nil en deux comme le fit Moïse, selon la Bible ?
    Il lança furieusement son bras dans l’air. Mon père réagit aussitôt :
    — Cesse de t’appuyer sur les textes sacrés, Jean-Baptiste Bonnefoix. Tu finiras par attirer sur toi la colère du Créateur. Et ne plaide plus ta cause, malgré les dangers dont tu parles à juste titre, je ne changerai plus d’avis.
    — Alors nous serons mangés par le premier loup venu. Perrault, simple mortel, l’a écrit dans ses contes. Ce témoignage vous convient-il ?
    — C’est ma fille ! Je lui fais confiance. Je lui apprendrai le moyen de mettre ses ennemis en fuite, répondit mon père d’une voix forte.
    — Quel remède providentiel et miraculeux avez-vous imaginé ? Celui que vous nommiez voilà peu votre ami est aussi votre valet, grogna Jean-Baptiste. Il sait qu’il n’existe aucune magie chez les Montbellay. Grâce à Dieu, lâcha-t-il malgré lui en se signant.
    — Pourtant, c’est en parlant de la magie des fées que tu as trouvé la solution, reprit mon père calmement.
    — De la magie ? répéta Bonnefoix.
    — Un secret transmis de génération en génération. Un savoir inestimable. Bien sûr, il ne sauve pas de tout, mais il pourra vous aider. Cet héritage qui, jusqu’à moi, ne se transmettait qu’aux hommes, je le confierai à ma fille.
    — Quel

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