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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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l’extrémité de la lame semble faible. Faux. Elle est souple et pareille au roseau. Eh ! vous serez le roseau, puisque vous en parliez. Le roseau plie avec humilité. Au premier frisson, à la première menace, il se courbe et s’adapte. Il est léger, mais plus rapide, et le premier à réagir. La force du roseau réside dans sa souplesse. Ce talent définit tout ce qui est en vous. Comme l’humble roseau, vous vous en servirez au combat.
    — Mais comment ?
    Il marqua un temps pour ménager sa surprise. Il sourit :
    — Pour combiner souplesse et rapidité, il existe un geste. Ce sera le vôtre.
    — Par pitié ! Lequel est-ce ?
    — La flanconade. Une quarte forcée qu’on porte dans le flanc de son adversaire.
    Malgré son bras blessé, il dégaina sans effort et dressa sa pointe plus haut que la main. Son côté gauche était couvert. On ne passerait pas. Il fit un pas et porta son coup. Son épée trouva un passage et perça mon barrage. La pointe s’immobilisa sur moi. Une simple pression et elle s’enfonçait.
    — Cette pointe est plus légère que le roseau. Pourtant, elle pourrait vous tuer.
    — Je ne pourrais jamais réaliser une attaque si rapide.
    — Regardez ma main. Je déplace mon pouce et le porte au-dessus de ma prise. J’augmente l’effet du levier. Je l’accélère. Ainsi, je gagne un temps dans l’action. Je ne me sers pas de ma puissance, mais de la souplesse de ma main. Ce mouvement ne requiert pas de force et cette botte est si simple que personne ne se méfiera. À vous de patienter et d’agir à-propos en l’utilisant au bon moment.
    — Je n’aurai pas le temps de sortir mon arme. Je bougerai la main et...
    — Patience, irréductible Hélène. J’ai bientôt fini. Pour gagner encore du temps et diminuer le poids de Damoclès, je la raccourcirai en prenant sur le fort de l’épée. Elle sera moins menaçante et vous dégainerez plus facilement. Vous êtes très habile. Vous n’aurez pas besoin d’une arme encombrante. Retenez cette maxime, elle vous donnera du courage : à vaillant homme, courte épée .
    — Je devrai allonger encore plus le bras.
    — Vous avez merveilleusement réussi ce geste en me giflant, l’autre jour. Votre impertinence m’a donné cette idée. Vous laisserez approcher votre adversaire qui ne résistera pas au plaisir d’observer de si près une jolie proie. Vous attendrez qu’il soit à la distance. Vous ne le perdrez pas des yeux, n’exécuterez aucun geste. Il se croira vainqueur. C’est alors que vous dégainerez. La botte suivra. C’est l’effet de surprise. Tenez, prenez cette dague et portez-la à votre ceinture. Maintenant, au combat !
    Il dégaina son épée. Je restai immobile. En avançant, il ne dissimula pas son plaisir. Je ne bougeai toujours pas. Patience... Il fit un pas et vint à moi. L’image du roseau ondulant selon le flux du vent se fixa devant mes yeux. Il fit un autre pas et, dans ce mouvement, je sentis l’air glisser sur mon corps. En un éclair, je fis jaillir la dague et, en la pointant plus haut que le bras, je portai l’estocade. Il arrêta mon geste en me saisissant le poignet. La lame tutoyait son thorax.
    — Tout doux, bel animal, l’affaire d’hier m’a suffi. Votre geste n’est pas parfait, mais le résultat est là. C’est cela qui compte.
    Il ne lâcha pas mon poignet et nous restâmes ainsi, tous deux le souffle court.
    — Pour accentuer l’effet de surprise, il faut finir plus vite que l’on commence. Le roseau accorde ses mouvements avec ceux du vent. Plus la rafale approche, plus l’air est vif et plus le roseau réagit. Son humilité est une façade. Sa grande qualité ? Ne jamais attaquer, mais être le premier à s’adapter. Le tempo, pensez-y. Désormais, je n’ai rien d’autre à vous dire. Je vous crois prête pour l’aventure, soupira-t-il.
    — Il me manquera l’expérience. J’aurais tant voulu en profiter.
    — Je ne suis pas autorisé à poursuivre plus avant, dit-il en se troublant.
    — Désiriez-vous m’apprendre autre chose ?
    — Avec regret, je laisserai cet avantage à plus jeune que moi.
    — Merci, maître.
    — Tout l’honneur est pour moi.
    Et nous nous saluâmes.

    Alors, parodiant l’accolade, il posa la lame de la dague sur mon épaule. Sur le champ, je mis un genou en terre. Nous éclatâmes de rire. Ainsi s’acheva la leçon de mon maître.
    EN M’ÉLOIGNANT, MES LIENS CROISSENT
    1 - Ou bouche à feu. Ancêtre du canon.
    2 - Partir en guerre,

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