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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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s’apprêter à se battre.
    3 - « Ceux qui vont mourir te saluent. » Phrase célèbre des gladiateurs, saluant César au moment de rentrer dans l’arène.
    4 - Statue installée à Versailles dans le salon de Vénus et sculptée par Jean Warin.
    5 - Chanson de geste écrite au XI e siècle.
    6 - Jardin où enseignait Platon. Akdêmos est à l’origine du mot « académie ».
    7 - Partie fine de la lame, proche de la pointe.
    8 - Terme venant de l’ancien italien botta : « coup ». En Espagnol, botar : toucher, bouter.
    9 - Écrivain et duelliste redoutable, ce personnage a bien existé. (1619-1655).
    10 - Autre nom pour spadassin (de spada qui signifie épée).
    11 - Le duel n’est pas sans rapport avec le deuil, même si aujourd’hui on l’entend dans le sens de duo puisqu’il se « joue » à deux.
    12 - Sous la peau.
    13 - Guy Chabot, comte de Jarnac (1509-1584), eut raison du seigneur de la Châtaigneraie lors d’un duel en le touchant au jarret par surprise. Ce coup de Jarnac se produisit en 1547.

V. Plus je m’éloigne, et plus je me rapproche.
    Le 16 octobre 1682, nous quittâmes Saint Albert. J’écris nous , car Jean-Baptiste Bonnefoix me suivit. Ses jérémiades, ses gémissements, ses gesticulations comiques, apaisèrent un peu la séparation d’avec les êtres les plus chers de mon âge d’or.

    Au cours des derniers jours, je vis mon père continûment. Il délaissa ses mises d’ermite pour m’offrir son temps. Nous partions à l’aube pour parcourir une dernière fois notre domaine. Chaque bosquet, chaque allée, chaque pré appelait un souvenir. Les gens de Saint Albert que nous croisions étaient au courant. Notre curé Passementier était passé par là. J’avais droit à un salut et parfois à un signe de croix. Souvent, je dus descendre de cheval pour embrasser femmes et enfants ramassant le bois et les marrons en prévision de l’hiver. Dans la brume du matin, se glissaient des silhouettes familières. Je reconnaissais le solide laboureur que la saison poussait à l’inaction et dont le pas devenu lourd annonçait l’endormissement de la nature. Je surprenais les braconniers, cachés dans les fourrés, guetteurs patients du gibier qu’ils poursuivraient jusqu’à l’Avent. Je répondais à l’écho qui faisait glisser sur le vent le patois du bœutier. Les granges regorgeaient de foin sec. Les cheminées fumaient et l’odeur du lard qui cuisait, pour manger jusqu’au carême, éveillait mon estomac.
    Poussecul, mon fidèle alezan, frémissait des naseaux et voulait mettre fin à ces tendres adieux qui me troublaient bien plus que je ne l’aurais cru. Malgré ses dix-huit ans, je le sentais prêt pour l’aventure. Il me donnait du courage, me poussait en avant.
    Un matin, nous passâmes devant la grotte des Maudits qui avait servi de cadre à mes leçons sur les méfaits de l’obscurantisme et des dogmes. Mon père voulut y faire une halte. La source grondait, lâchant ses dernières forces avant d’être prisonnière du gel de l’hiver. Je fermai les yeux. Et comme dans mon enfance, je me pris à imaginer le dragon mythique qui effrayait le passant et qui veillait ainsi sur les amours secrètes de mes aïeux.
    En descendant de monture, je vis des larmes dans les yeux de mon père, et ce n’était pas le froid qu’il fallait accuser.
    — Il n’y aurait aucune honte à renoncer, commença-t-il.
    — Et des regrets toute ma vie ?
    Son visage s’adoucit :
    — Tu ne reculeras plus. Et c’est aussi ma fierté. Si ton caractère doit un peu à ton éducation, je crois que j’ai réussi cette part de ma vie.
    — Je connais le comte de Saint Albert. Tout, chez lui, n’est que générosité.
    — Tout doux ! Tu me pousses vers le péché d’orgueil...
    Il toussa fortement et grimaça aussitôt. La quinte se poursuivit. Il se leva et posa les mains sur ses poumons.
    — De quel mal souffrez-vous, mon père ?
    — Ce n’est rien. Le galop était trop vigoureux et le froid me brûle un peu. Ne t’inquiète pas. Il ne faut penser qu’à toi.
    Il se rassit. Son visage retrouva sa douceur teintée de tristesse.
    — Écris-moi le plus souvent, Hélène.
    — Je vous le promets.
    — Et prends ceci avec toi.
    Il desserra sa main droite. Dedans s’y trouvait une miniature finement ciselée dans l’or. Il ouvrit le boîtier. C’était un portrait peint de ma mère.
    — Il ne m’a jamais quitté. Il te revient, à présent.
    Émue plus que je ne le fus jamais, je

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