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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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pris ce bijou. Mon regard se troubla et je rejoignis l’émotion de mon père. Celui-ci s’était encore levé. Il me serra dans ses bras et nous restâmes longtemps ainsi, entremêlant les tremblements de nos âmes.
    — Je vais t’aider à l’attacher autour de ton cou.
    Il se déganta. Ses mains étaient chaudes et douces. Une bouffée d’amour me prit au cœur en revoyant le souvenir de sa tendre affection alors qu’il m’endormait.
    Il était une fois, Hélène...
    Devais-je renoncer ? À cet instant, j’aurais pu décider de le faire. Mais mon père, sans le vouloir, mit fin à cette hypothèse.
    — Une fois à Versailles, demande à rencontrer le marquis de Penhoët.
    Il parlait de l’avenir. Il y était entré. Avait-il seulement senti que je pouvais encore fléchir ? À l’inverse, l’avait-il si bien deviné qu’il me poussait en avant ?
    — C’est le seul ami qu’il me reste à la cour du roi, continua-t-il. Il t’aidera à reconnaître les lieux. Cependant, méfie-toi de cet homme ! Il est connu pour son libertinage...
    — L’aveugle se moquerait-il du borgne ? lançai-je d’une voix plus claire.
    — C’est aussi un joueur ! reprit mon père sans répondre. Il passe sa vie dans le cabinet du Billard, ce salon aménagé par Louis XIV en salon de divertissements. La nuit, ce passionné de bassette et de lansquenet 1 s’attable et gagne des fortunes en ruinant de moins rusés que lui. Ne t’approche pas de ces plaisirs néfastes, tu y laisserais les trois mille livres que tu emporteras.
    — Je gérerai avec prudence ce que vous me confierez.
    — Au premier signal, je compléterai cette somme.
    — C’est déjà une fortune !
    — À quoi l’utiliser de mieux, si ce n’est au profit de mon plus grand trésor ?
    — Et c’est pourquoi vous auriez préféré le tenir caché ?
    — Je n’ai jamais voulu te séquestrer, mais le danger est grand à Versailles...
    — Vous m’en avez tant parlé que je pourrais m’y déplacer les yeux fermés.
    — Garde-les grands ouverts !
    — Existe-t-il au moins une pièce où je puisse me rendre ?
    — Derrière chaque porte se cachera un piège.
    — Je ferai entendre mon avis et rentrerai à Saint Albert où nous organiserons le plus grand bal du siècle !
    Je me levai et le pris par la main pour danser. Un instant, son visage redevint souriant : — Pitié ! je n’ai plus de souffle...
    Il s’arrêta et me serra la main :
    — Mon enfant, combien tu me manqueras ! Mais encore une chose...
    — Une recommandation de plus !
    — J’ai tant à te dire... En arrivant à Versailles, tu feras demander le marquis de Penhoët et pour qu’il te reconnaisse, tu lui montreras la miniature que je viens de t’offrir. Il a connu ta mère, et je crois qu’il en fut un peu amoureux. Cela suffira pour qu’il soit convaincu que tu es bien ma fille. Vous vous ressemblez tant. J’aurai donc perdu, par deux fois, mes êtres les plus aimés.
    L’émotion douloureuse revenait. Renoncer encore ?
    — Allons, mon père ! Je vous ai promis d’organiser à Saint Albert les plus belles festivités de toute votre vie !
    — Dieu t’entende, murmura-t-il.
    Et ce fut la première fois que je le surpris à prier et à invoquer le soutien du Créateur.
    — Hélène, autre chose encore.
    — Encore !
    — Oui, oui, oui ! Laisse-moi te parler. À qui donc le ferai-je, bientôt ?
    — Nous serions mieux à Saint Albert. Je grelotte, et vous aussi.
    — En rentrant, j’écrirai à la marquise de Sévigné. À Paris, tu te rendras chez elle sans détour. Ne va pas à Versailles directement. Promis ?
    — Promis.
    — Tu logeras dans son hôtel de Carnavalet. Elle t’accueillera comme sa fille qui lui manque tant.
    Il baissa la voix :
    — Je comprends mieux ce qu’elle éprouve... Et n’oublie pas de l’embrasser pour moi.
    Il soupira et s’approcha pour caresser mes cheveux. Soudain, il tomba sur la blessure que j’avais reçue sous l’oreille pendant mon apprentissage.
    — Mon professeur m’a fait payer l’écot. Ce n’est qu’une égratignure, et je lui ai rendu dix fois plus à l’épaule. Ne vous inquiétez plus. J’ai compris ses leçons de modestie.
    Il caressa tendrement l’œuvre de Faillard.
    — Hélène, ma fille courageuse, combien je t’aime...
    Le froid vint à bout de notre émotion. Les chevaux hennissaient, réclamant le retour. Nous fîmes un grand détour qui nous mena aux limites nord de Saint Albert. Je revoyais le tableau de

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