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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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Oui ! C’est Paris qui nous accueille !
    Et, faisant écho à ce présage que je voulais faste, les cloches de Saint-Germain saluèrent notre entrée dans la ville.

    Le prudent Bonnefoix soutint qu’il était nécessaire d’abandonner nos montures, la circulation à cheval lui paraissant dangereuse. Le mieux était de faire appel à un cocher qui connaissait Paris et nous conduirait à bon port chez madame de Sévigné. Je lui fis confiance pour obtenir au mieux de nos intérêts les services de cet homme. L’affaire se négocia, à la porte Saint-Jacques, au relais de poste où nous comptions mettre en pension nos chevaux.
    Le marchand qui y tenait patente était plus gros et plus petit que Jean-Baptiste. Il soufflait à chaque pas, dodelinait et s’essuyait le front à l’aide d’un méchant linge à la propreté douteuse. Des oies cuisaient au fond de son échoppe.
    — Mon premier métier est celui d’aubergiste. Je tiens cette maison de mon père et c’est une bonne affaire. Le faubourg Saint-Jacques est un passage fréquenté. Et le guet n’y est pas regardant. On y entre mieux que par la porte Saint-Martin. Il est vrai que plus on approche de la cour des miracles et plus le prévôt se méfie... Vous avez bien fait de venir par le Midi.
    Il cligna de l’œil comme si cette précision pouvait nous être utile et voyant que nous restions de marbre, il changea de sujet :
    — Ainsi, vous voulez circuler. Choisirez-vous une chaise à porteurs, une chaise roulante ou une voiture de ville ? J’ai les trois.
    Après chaque phrase, il s’essuyait le front ou frottait ses mains graisseuses sur un bas-de-chausses à la couleur incertaine. Puis, il tournait le regard vers la cuisine, installée à la vue de tous au fond de l’officine. Il y régnait une chaleur épouvantable.
    — La calèche nous conviendrait mieux, commença Bonnefoix...
    — Tout a un coût, intervint l’aubergiste. Vous avez donc de solides moyens ! Et combien seriez-vous prêts à me donner ?
    — Cela dépend, minauda Bonnefoix, qui faisait mine de n’en savoir trop rien.
    — Si vous devez vous rabattre sur la chaise roulante, reprit l’aubergiste d’un ton moins obséquieux, je possède des roulettes ou des vinaigrettes. Pour vous, ce sera le même prix. Je vous donnerai des hommes forts. Je calculerai selon leur temps. Où allez-vous ?
    — Dans le Marais.
    L’aubergiste fronça le sourcil :
    — Désormais, tout le monde veut y baguenauder. C’est parfait de se promener chez les gens fortunés, mais ce n’est pas à côté. Il faut traverser la Seine. Oublions la chaise à porteurs, murmura l’aubergiste en pensant à son futur profit.
    — Et la calèche ? insista Jean-Baptiste.
    Le gros homme jeta un regard vers les oies dont la chair fondait en dégageant une fumée qui piquait les yeux. La cuisson avançait. L’aubergiste rassuré se retourna vers nous et nous observa encore avant de se décider à parler :
    — Si vous vous rendez dans le Marais, ce n’est pas pour flâner, mais pour y rencontrer des personnages importants. Je me trompe ?
    Nous ne répondîmes pas.
    — Il vous faut donc, continua-t-il, un bel attelage et j’ai ce qui convient. Mais une affaire est une affaire. Celui que je vous propose est rare. Pour ainsi dire, vous ne trouverez pas mieux sur cette rive de la Seine. Hélas, de nos jours, tout a un coût, répéta-t-il en se frottant le front.
    — Laissez-nous en juger, intervins-je.
    Il me regarda curieusement :
    — Est-ce vous qui tenez les cordons de la bourse ?
    — Avant de les délier, je veux savoir dans quoi je pourrai m’asseoir.
    Il plissa le front et sembla me découvrir. Puis, l’instant d’après, il me sourit :
    — D’où vous vient cet aplomb, mademoiselle ?
    — Et vous, de quel droit me questionnez-vous ?
    — Je vois, minauda-t-il. Votre allure est trompeuse. Sous ces modestes habits, se cache, à coup sûr, un grand nom et pourquoi pas une pucelle qui a fui le couvent pour retrouver son amant. Eh ! si je me trompe, dites-le-moi.
    L’aubergiste n’en finissait plus. Déjà, il élevait la voix et des curieux, présents à une table, tendaient l’oreille.
    — Tout est ainsi à Paris, me glissa Bonnefoix.
    Puis, d’une voix plus solide, il s’adressa à l’aubergiste :
    — Pourrais-je vous parler de façon secrète ? Tenez, j’aurais plaisir à observer vos oies cuites.
    Sans attendre, Jean-Baptiste prit par le bras le grossier questionneur et l’entraîna à sa

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