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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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rejoindre ce centre où tout se rapportait à lui . Ma méfiance y vit la preuve de ce que craignait mon père. J’entrais dans l’île enchantée. Une contrée des plus engageantes. Il suffisait de franchir les grilles non cadenassées, mais dont le roi détenait les clefs, et qu’il pouvait tourner selon sa volonté, pour provoquer... un coup de foudre ?
    La beauté du château et l’aperçu des jardins accroissaient l’attirance et l’envie. Le trésor royal se montrait, se désirait, ici, à deux pas de l’impétrant. Et sa valeur était d’autant plus élevée qu’il permettait de fuir le monde des malheureux que nous venions de traverser. Dans ce projet incroyable, les faubourgs tenaient leur rôle. Ils symbolisaient l’Enfer avant l’Eden, que le maître tout-puissant des lieux avait montré une dernière fois avant d’atteindre le cercle des élus. Combien y demeuraient ? Quelques centaines, si j’en jugeais à la taille du palais. Combien étaient-ils à les servir ? Des dizaines de milliers si j’appréciais ceux que j’avais croisés. Et ce tout , du plus humble au plus noble, de France et de Navarre, ne menait qu’à un point, qu’à un homme.
    Jean-Baptiste avait raison. Ce château était fait de cartes. Le roi les battait, les distribuait, les ramassait. Il invitait à jouer une partie dont il maîtrisait les règles. La première, et peut-être la seule, se résumait ainsi : il fallait composer une construction savante avec le plus grand nombre de dames, de valets, d’as, de cavaliers. Pour cela, on s’aidait des cartes inférieures. Et toutes se réunissaient pour la seule gloire d’un roi réunissant le cœur, le pique, le carreau et le trèfle. Mais Bonnefoix se trompait sur un point. Ce château ne pouvait pas s’effondrer puisque le roi tenait les règles. Seules les cartes pouvaient souffrir de son arbitrage. La mise en garde de mon père revint à ma mémoire. Quelle carte se présenterait à moi ? Chagrin ou bonheur ? François m’attrapa par le bras et me fit sortir de mes songes.
    — Eh bien ! Vous avez vu. Maintenant, que faisons-nous ?

    Jean-Baptiste espérait retrouver le carrosse et s’en retourner fissa à Paris. Plus loin, peut-être ? À Saint Albert, par exemple, près de Saumur. Avant, il voyait d’un bon œil l’instruction d’une halte dans une taverne accueillante. Selon cette hypothèse, tout lui convenait tant qu’il y aurait du feu et des poulardes. Un arrêt dans la ville nouvelle de Versailles ? L’idée le tentait car il avait faim, mais, à coup sûr, il ressentait la nécessité de s’éloigner du château. Hélas, je mis fin à ses projets :
    — Que diriez-vous de nous promener dans les jardins ?
    Il soupira. François, lui, s’assombrit.
    — Aucun de vous n’est-il courageux ?
    — Ce n’est pas cela ! s’écria Saint Val.
    — Pourquoi montrez-vous cet air courroucé ? Expliquez-vous, François.
    — Avant de parvenir au parterre de l’Orangerie, j’aurai croisé une tête connue... et je ne le souhaite pas. Comprenez-vous pourquoi ?
    — Êtes-vous si fameux ? se moqua Jean-Baptiste. Craignez-vous d’affronter le regard fâché de la fille d’un vicomte à qui vous auriez conté fleurette ?
    François se contenta de hausser les épaules. Malgré moi, mon cœur se serra. Je pris Jean-Baptiste par le bras :
    — Nous irons à deux ! Personne ne s’intéressera à nous. Combien de curieux se pressent à notre suite ? Nous nous mêlerons au nombre et ce ne sont pas nos habits qui pourront nous faire remarquer.
    Je tirai sur le bras de Jean-Baptiste, mais lui ne bougea pas. Il sondait François et cherchait à comprendre ce soudain retournement :
    — Allons, monsieur de Saint Val, fit-il doucement. Que redoutez-vous ?
    François hésitait. Une colère idiote m’assaillit :
    — Les mots sont trop durs à sortir de cette bouche, c’est cela ? Hier, vous vous dissimuliez sous les traits de Beltavolo ! Aujourd’hui, qu’y a-t-il encore ?
    — Je n’ai rien à cacher !, riposta-t-il brusquement.
    — Pourtant, vous nous forcez à le croire, répondit plus posément Jean-Baptiste. Et ce n’est pas ainsi que vous gagnerez l’estime de ceux qui vous entourent.
    Il ferma un œil et jeta l’autre dans ma direction. Cela suffit pour que François lâche un pauvre sourire.
    — Faut-il que je vous dévoile toutes mes faiblesses ?
    — C’est la règle chez les Montbellay, asséna Bonnefoix sur un ton solennel.
    — N’avez-vous pas

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