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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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se peignit quelque temps sur tous ses traits avant qu’il répondît :
    – Oui, si les hommes de la Baie s’y prenaient comme les troupes du roi, et qu’ils fissent la folie de se servir d’aussi grosses pièces ; mais pour les canons de la colonie il ne faut qu’un peu de soufre, et d’ailleurs ils n’en ont pas beaucoup. Que ces troupes impudentes essaient de gravir Breeds-Hill ! qu’elles essaient, et le peuple leur apprendra la loi !
    Lionel avait alors obtenu tous les renseignements qu’il pouvait espérer tirer de l’idiot sur la force et la position des Américains ; et comme les moments étaient trop précieux pour les perdre en vains discours, il le quitta après lui avoir recommandé de venir le trouver le soir.
    En rentrant chez lui, le major Lincoln s’enferma dans son cabinet particulier et passa plusieurs heures à écrire et à examiner des papiers importants. Il y eut une lettre entre autres qu’il écrivit, qu’il lut, qu’il déchira et qu’il recommença plus de six fois ; enfin il y apposa son cachet et mit l’adresse avec une sorte d’insouciance qui prouvait que ces essais réitérés avaient épuisé sa patience. Il confia ces papiers à Meriton, avec ordre de les remettre à leurs différentes adresses, à moins qu’il ne lui fît dire le contraire avant le lendemain, et alors il prit à la hâte un peu de nourriture. Pendant le temps qu’il avait passé dans son cabinet, il avait plus d’une fois déposé la plume pour prêter l’oreille lorsque le bruit de la rue, pénétrant jusqu’à sa retraite, annonçait l’effervescence et l’agitation qui régnaient dans Boston. Ayant enfin rempli la tâche qu’il s’était assignée lui-même, il prit son chapeau et se dirigea à pas précipités vers le centre de la ville.
    Des trains d’artillerie roulaient avec fracas sur le pavé, et les artilleurs, ayant leurs officiers à leur tête, suivaient chacun leur pièce. Des aides-de-camp couraient à cheval dans les rues, portant de tous côtés des messages importants, et de temps en temps on voyait un officier sortir de sa demeure pour aller rejoindre sa compagnie. À la noble fierté qui respirait dans ses traits se mêlaient des regrets involontaires, lorsqu’en se retournant il voyait encore attachés sur lui des regards où se peignaient la confiance et l’amour. Mais à peine avait-on le temps, au milieu du mouvement général, de remarquer ces légers épisodes de chagrins domestiques, qui se trouvaient absorbés dans l’intérêt du grand drame qui se préparait. De temps en temps les sons éclatants de la musique militaire retentissaient au travers des rues sinueuses, et des détachements défilaient en ordre pour se rendre au lieu désigné pour l’embarquement.
    Tandis que Lionel s’était arrêté un moment au tournant d’une rue pour admirer la contenance intrépide d’un corps de grenadiers, il reconnut les traits durs et les formes colossales de Mac-Fuse. Le capitaine marchait à la tête de sa compagnie avec une gravité imperturbable qui annonçait qu’il regardait la précision de la marche comme un des incidents les plus importants de la vie. À peu de distance de l’Irlandais, Job Pray réglait son pas sur celui des soldats, et les regardait avec une admiration stupide, tandis qu’il semblait éprouver un plaisir involontaire en entendant les sons belliqueux des instruments. À peine cette belle troupe était-elle passée, qu’un autre bataillon lui succéda, et Lionel reconnut aussitôt les figures des hommes de son régiment. Polwarth était à la tête de son peloton, et en voyant son ami, il lui cria d’un air enjoué :
    – Dieu soit loué, Lionel, nous allons enfin nous battre en place, et il ne s’agit plus ici de courir comme des limiers.
    Les sons du cor couvrirent sa voix, et Lionel ne put que lui rendre son salut cordial. La vue de ses camarades lui avait rappelé son devoir, et, sans plus attendre, il se dirigea vers la demeure du commandant en chef.
    La porte de la maison commune de la province était encombrée de militaires, les uns attendant qu’ils pussent être admis, les autres entrant et sortant d’un air affairé, comme s’ils étaient chargés de l’exécution de mesures de la plus haute importance. À peine le nom du major Lincoln fut-il prononcé, qu’un aide-de-camp se présenta pour le conduire devant le gouverneur, avec une politesse et un empressement que plusieurs officiers, qui attendaient depuis

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