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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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plusieurs heures, trouvèrent jusqu’à un certain point injuste.
    Cependant Lionel, sans faire attention à des murmures qu’il entendait à peine, suivit son conducteur, et fut introduit immédiatement dans un appartement où un conseil de guerre venait de terminer ses délibérations. Sur le seuil de la porte, il rencontra un officier supérieur qui partait en toute hâte, et dont la haute stature semblait un peu courbée par la préoccupation où il était plongé. Son front, que couvrait un voile sombre, s’éclaircit pourtant un instant pour rendre son salut au jeune major, qui s’était rangé pour le laisser passer. De jeunes militaires s’élancèrent sur les pas du général, et d’après le peu de mots qu’il entendit, Lionel reconnut qu’ils partaient pour le champ de bataille.
    La salle était remplie d’officiers de haut rang, parmi lesquels se trouvaient quelques hommes qui, par leur costume, appartenaient aux emplois civils, et dont les figures allongées et l’air de mauvaise humeur annonçaient qu’ils faisaient partie de ces conseillers dont les pernicieux avis avaient hâté le mal que toute leur sagesse ne put jamais réparer. Gage était au milieu d’un petit cercle de ces dignes personnages, qui cachaient mal leur mortification. Dès qu’il aperçut Lionel, il s’avança à sa rencontre avec l’air affable et sans prétention qui lui était naturel, tandis que la simplicité de son costume formait un contraste marqué avec la richesse des uniformes qui brillaient autour de lui.
    – En quoi puis-je obliger le major Lincoln ? dit-il en lui prenant cordialement la main, comme s’il était bien aise d’être délivré des conseillers fâcheux qu’il avait quittés avec si peu de cérémonie.
    – Je viens de voir passer le régiment de Wolfe qui se rendait au lieu de l’embarquement, et j’ai pris la liberté de me présenter auprès de Votre Excellence pour lui demander s’il ne serait point temps que le major de ce régiment reprît son service ?
    Le général parut réfléchir un instant, puis répondit avec un sourire bienveillant :
    – Ce ne sera qu’une affaire d’avant-poste, qui doit être promptement terminée. Si j’accédais à la demande de tous les braves jeunes gens qui viennent m’offrir leur bras aujourd’hui, il pourrait en coûter la vie à quelques bons officiers, et l’enlèvement d’une misérable redoute serait acheté trop cher à ce prix.
    – Me sera-t-il permis de vous faire observer que la famille Lincoln est de la province, et que c’est à elle de donner l’exemple dans cette occasion ?
    – La loyauté des colonies est trop bien représentée ici pour que ce sacrifice soit nécessaire, répondit Gage en jetant les yeux d’un air d’indifférence sur le petit groupe de conseillers qui étaient restés rassemblés derrière lui ; mon conseil a décidé quels officiers seraient employés, et je regrette que le nom du major Lincoln n’y ait pas été compris, puisqu’il paraît le désirer ; mais une vie aussi précieuse que la sienne ne doit pas être exposée légèrement et sans nécessité.
    Lionel s’inclina d’un air respectueux, et après avoir communiqué au général le peu de détails qu’il avait obtenus de Job Pray, il s’apprêtait à se retirer lorsqu’il se trouva près d’un autre officier supérieur qui sourit en voyant son air de désappointement, et qui le prenant par le bras, l’entraîna hors de la salle avec une familiarité et une aisance qui n’avaient rien d’affecté.
    – Ainsi donc, Lincoln, vous voilà condamné, comme moi, à ne point vous battre aujourd’hui pour Sa Majesté, lui dit-il lorsqu’ils furent dans l’antichambre ; Howe a l’honneur de l’expédition, si toutefois il y a de l’honneur à acquérir dans une affaire aussi vulgaire. Mais allons, accompagnez-moi sur Copp’s-Hill comme spectateur : puisqu’on nous refuse de jouer un rôle dans l’action, peut-être y trouverons-nous l’épisode d’un poème burlesque, sinon d’un poème épique.
    – Pardonnez-moi, général Burgoyne, dit Lionel, si je vois la chose d’un air plus sérieux que vous.
    – Ah ! j’oubliais que vous étiez avec Percy lors de la chasse de Lexington ! interrompit le général. Eh bien ! nous l’appellerons donc une tragédie, si cela vous convient mieux. Quant à moi, Lincoln, je suis las de ne voir que des rues tortueuses et des maisons lugubres, et, comme j’ai du goût pour

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