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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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autant de consolation à Polwarth. Lorsqu’il fut question de se lever, il se remit d’abord avec un peu de difficulté sur sa jambe solitaire, et jetant un regard fort équivoque sur ce qui remplaçait l’autre, il toussa, et fit un tel bruit en traînant sa jambe de bois sur le plancher du banc, qu’il attira sur lui tous les yeux, comme s’il avait voulu que toute la congrégation pût rendre témoignage que c’était pour lui qu’on venait d’offrir au ciel des actions de grâces.
    Le ministre qui officiait était trop discret pour fatiguer l’attention des officiers de l’état-major en leur donnant un échantillon de son éloquence sacrée. Il fut une minute à prononcer son texte de manière à faire impression. Il en mit trois à l’exorde. Dix lui suffirent pour les deux points de son discours, et il termina sa péroraison en quatre minutes et demie, ayant ainsi le plaisir de voir, par cinquante montres qui furent tirées en même temps, et par le nombre de visages satisfaits qu’il apercevait de toutes parts, qu’on trouvait universellement qu’il venait de débiter un discours très-orthodoxe.
    Ce mérite trouva sans doute sa récompense. Entre autres témoignages qui furent rendus en sa faveur, quand Polwarth lui serra la main pour le remercier des actions de grâces qu’il avait rendues pour lui, il trouva le moyen de placer un compliment flatteur pour le prédicateur, en lui disant qu’indépendamment de toutes ses autres beautés, son sermon avait le mérite d’être admirablement court.

CHAPITRE XX
    Allons ! ma Willifrida, que rien de ce qui peut déplaire à l’amour ne fasse naître en vous le souci ; que rien ne retarde la bénédiction céleste ; bannissez toute pruderie et toute crainte fâcheuse.
    Anonyme.
    Il fut peut-être heureux, pour la tranquillité de toutes les parties intéressées, qu’à l’époque où une confiance sans réserve s’établit entre le major Lincoln et celle qu’il aimait, Mrs Lechmere ne pût se placer devant cette brillante image de bonheur et de pureté que tous les traits et tous les mouvements de Cécile offraient aux yeux de son amant. L’intérêt singulier et quelquefois un peu contradictoire que cette dame avait si souvent prouvé qu’elle prenait à tout ce qui concernait son jeune parent ne se montrait plus pour éveiller ses soupçons endormis. Les sentiments dont il était alors entièrement occupé lui avaient même fait oublier ces scènes inexplicables dans lesquelles il avait vu figurer sa tante, ou, s’il s’en souvenait, elles ne faisaient que voiler la vivacité des tableaux agréables que lui présentait son imagination, comme un léger nuage jette une ombre passagère sur des campagnes riantes. Indépendamment de ses auxiliaires naturels, l’amour et l’espoir, Mrs Lechmere en avait trouvé un autre non moins puissant dans le cœur de Lionel, par suite d’un accident qui l’obligea longtemps, non seulement à garder la chambre, mais même à rester au lit.
    Le jour que le major Lincoln subit l’opération critique dont nous avons parlé, sa tante en attendit le résultat avec la plus grande inquiétude. Dès qu’elle eut appris qu’elle était heureusement terminée, elle courut vers l’appartement avec un tel empressement, que les suites qui en résultèrent se joignant aux infirmités naturelles de son âge, pensèrent lui coûter la vie. En montant l’escalier, son pied s’embarrassa dans sa robe, et, sans faire attention au cri que poussa miss Danforth pour l’avertir, elle voulut continuer à marcher, avec cette violence de caractère qui lui faisait quelquefois oublier tout son amour pour le décorum, et elle fit une chute qui aurait pu être fatale à une femme beaucoup plus jeune. Le choc qu’elle reçut fut suivi d’une inflammation qui, sans paraître très-dangereuse, se prolongea assez longtemps pour donner des craintes à tout ce qui l’entourait. Cependant, à l’époque où nous sommes arrivés, tous les symptômes fâcheux avaient disparu, et sa guérison n’était plus douteuse.
    Lionel ayant appris tous ces détails de la bouche de Cécile, on peut juger que la source où il les puisait ne fit qu’ajouter à l’effet que produisit l’intérêt que sa tante avait pris à lui. Cependant, quoique Cécile eût particulièrement appuyé sur la preuve qu’offrait cet incident de l’attachement de Mrs Lechmere pour son neveu, le major Lincoln avait remarqué que miss Dynevor, dans les

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