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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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l’église, répondit Lionel, et rapidement, mon garçon.
    Comme ils entraient dans Corn-Bill, la violence du vent augmenta tellement, que Lionel, baissant la tête, s’enveloppa de son manteau, de manière à ne lui laisser d’ouverture que ce qu’il en fallait pour suivre les pas de Job, à la faveur de la lanterne. Séparé en quelque sorte de tous les objets extérieurs, il reprit le cours de ses pensées, et bientôt il oublia où il était et celui qu’il suivait. Au bout de quelque temps il fut tiré de sa rêverie en s’apercevant qu’il avait quelques marches à monter, et pensant que c’était l’église, il leva la tête, suivit son conducteur sans regarder autour de lui, et se trouva bientôt dans la tour d’un vaste édifice. S’apercevant à l’instant, par la différence d’architecture, qu’il n’était pas dans la chapelle du roi, il se mit à gronder Job et lui demanda où il l’avait amené.
    – C’est ici ce que vous appelez une église, dit Job, quoique moi je lui donne le nom de conventicule ; mais il n’est pas étonnant que vous vous y trompiez, car d’un édifice que le peuple avait bâti pour adorer Dieu le roi en a fait une écurie.
    – Une écurie ! s’écria Lionel. Sentant alors une forte odeur de chevaux, il avança, et ouvrant la porte extérieure, il aperçut à son grand étonnement qu’il était dans un manège préparé pour faire manœuvrer la cavalerie. Il était impossible de s’y méprendre. Les galeries et les ornements supérieurs étaient restés intacts, mais tout ce qui dans le bas eût pu gêner les exercices avait été détruit, et le pavé était couvert d’une couche épaisse de terre, comme cela se pratique ordinairement.
    Toutes les profanations dont les Anglais s’étaient rendus coupables se présentèrent en foule à l’esprit de Lionel, lorsqu’il se trouva dans un lieu où il se rappelait avoir vu souvent de graves et pieux colons réunis pour prier ensemble. Saisissant la lanterne de Job, il se précipita hors du bâtiment avec un sentiment de dégoût que le pauvre idiot lui-même n’eut pas de peine à distinguer. En se retrouvant dans la rue, le premier édifice qu’il aperçut en face de lui était la maison commune de la province, et il fut frappé de l’idée que c’était sous les yeux même du gouverneur qu’on s’était permis de blesser les sentiments des colons dans ce qu’ils avaient de plus cher et de plus sacré.
    – Insensés ! insensés ! murmura-t-il d’un ton d’amertume, lorsque vous auriez dû agir comme des hommes, vous vous êtes amusés comme des enfants, et vous avez oublié votre âge et même votre Dieu pour satisfaire une injuste colère.
    – Et maintenant, en guise de représailles, ces mêmes chevaux meurent de faim, faute de fourrage, dit Job qui continuait à marcher à côté de lui. Ils auraient mieux fait d’aller eux-mêmes à l’office et d’écouter le sermon, plutôt que de mettre de vilaines bêtes pour hennir et ruer dans un lieu que le Seigneur visitait si souvent.
    – Dites-moi, mon garçon, de quel autre acte de folie l’armée s’est-elle encore rendue coupable ?
    – Quoi ! n’avez-vous pas entendu parler de l’église d’Old-North ! Ils ont fait du bois à brûler du plus beau temple de la baie. S’ils l’osaient, ils porteraient leurs mains sacrilèges jusque sur l’antique Fanueil-Hall lui-même.
    Lionel ne répondit point. Il avait entendu dire que la détresse de la garnison, bloquée de toutes parts, l’avait forcée à détruire l’église en question, et plusieurs autres maisons encore, pour en faire du bois de chauffage. Mais il ne voyait là-dedans qu’une ressource à laquelle la nécessité avait contraint de recourir, et cette mesure au moins ne portait pas l’empreinte de ce mépris pour les sentiments du peuple qui n’éclatait que trop dans la prostitution des antiques murs de l’édifice qui était connu et vénéré de toute la Nouvelle-Angleterre sous le nom de l’église d’Old-South.
    Lionel continua sa route d’un air pensif à travers les rues silencieuses, jusqu’à ce qu’il eût atteint le temple plus favorisé où le rite de l’église anglicane était observé, et qui était doublement sacré aux yeux de la garnison, puisqu’il portait le nom de leur monarque terrestre.

CHAPITRE XXII
    Tu ressembles trop à l’esprit de Banquo ; retire-toi !
    SHAKESPEARE. Macbeth .
    Le major Lincoln trouva la chapelle du roi

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