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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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horloges publiques. Notre pauvre nature est sujette à tant de maux, que nous devons chercher toutes les occasions d’être heureux ; c’est vraiment un devoir pour nous.
    – Le péché ne rend point heureux l’homme tombé, dit une voix basse et sourde qui sortait de derrière le poêle.
    – Eh !… quoi ?… que dites-vous, major Lincoln ? voilà une idée bien sombre pour un jour de noces, dit le prêtre en regardant autour de lui.
    – C’est ce pauvre jeune homme que j’ai amené pour m’aider à rallumer les feux, qui répète une des sentences de sa mère ; voilà tout, Monsieur.
    Pendant ce temps, le docteur Liturgy avait aperçu Job tapi derrière le poêle, et se renversant sur sa chaise, il dit en souriant d’un air dédaigneux :
    – Je connais l’enfant, Monsieur, je dois le connaître. Il est versé dans la connaissance des textes, et il est même assez porté à entrer en discussion sur les matières religieuses. Il est fâcheux que dès son enfance on n’ait pas mieux dirigé sa faible intelligence, mais on a étouffé les germes de son esprit en le remplissant de toutes ces subtilités. Nous (quand je dis nous, je veux parler des membres de l’église dominante), nous l’appelons souvent le Calvin de Boston. Eh ! eh ! eh ! Le vieux Cotton {61} lui-même ne l’égalait pas en subtilités ! Mais à propos d’église, ne croyez-vous pas qu’une des conséquences de cette rébellion sera d’étendre les bienfaits du culte dans toutes les colonies, et que nous pouvons déjà entrevoir le moment où la véritable religion sera établie dans toutes ces provinces ?
    – Oh ! certainement, dit Lionel en marchant avec impatience vers la fenêtre ; plût à Dieu qu’ils arrivassent !
    Le docteur, qui célébrait trop souvent des mariages pour que l’approche de cette cérémonie pût encore lui faire éprouver la moindre émotion, ne comprit pas celle de Lionel, et prenant à la lettre ce que celui-ci venait de dire, il répondit :
    – Je suis enchanté de vous entendre parler ainsi, major Lincoln, et j’espère que vous voterez en conséquence lorsque l’acte d’amnistie sera présenté au parlement.
    En ce moment Lionel aperçut le sleigh qui enfilait la rue déserte, et poussant un cri de joie, il courut à la porte pour recevoir la mariée. Le docteur resté seul finit sa phrase pour sa propre satisfaction, et quittant une place qu’il trouvait si agréable, il prit une lumière et entra dans le sanctuaire. Après avoir allumé tous les cierges, ouvert son livre, et s’être revêtu de ses ornements sacerdotaux, le docteur, dont tous les traits avaient pris un air de solennité convenable, attendit avec dignité le jeune couple qu’il devait unir. Job, qui s’était placé modestement de côté et dans l’ombre, regardait l’attitude et l’aspect imposant du prêtre avec toute la crainte respectueuse d’un enfant.
    En ce moment, un petit groupe sortant de la partie la plus éloignée et la plus obscure de l’église s’avança lentement vers l’autel. Cécile ouvrait la marche, appuyée sur le bras que Lionel lui avait offert, moins encore par galanterie que pour soutenir ses pas tremblants. Elle avait ôté dans le vestibule de la chapelle les vêtements extérieurs qui l’avaient préservée du froid, et sa toilette noble et simple, quoique faite avec précipitation, était en harmonie avec la cérémonie qui se préparait. Une pelisse de satin blanc, bordée de riches fourrures, tombait négligemment sur ses épaules, et ne cachait qu’à demi sa taille svelte et élancée. Sa robe, de même étoffe, était taillée d’après la mode du temps, de manière à dessiner tous les contours d’une tournure charmante. Deux rangs d’une superbe dentelle garnissaient le haut de la robe, et descendaient jusqu’au bas en s’éloignant graduellement l’un de l’autre. Mais cette mise à la fois distinguée et simple (simple pour un jour aussi solennel) était tout à fait perdue ; car, en la voyant, il était impossible de remarquer autre chose que sa beauté et la douce mélancolie répandue sur tout son maintien.
    En approchant du prêtre, Cécile, par un mouvement gracieux, jeta sa pelisse sur la balustrade peu élevée qui entourait le sanctuaire, et accompagna Lionel jusqu’au pied de l’autel, d’un pas plus ferme qu’auparavant. Ses joues étaient pâles, plutôt par l’effet de l’émotion que de la crainte, tandis que ses yeux

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