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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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paraissait émouvoir ; prends alors ce papier, lis le décret solennel de ton Dieu, et puisse-t-il t’accorder la fermeté nécessaire pour le supporter !
    Sa main décharnée présenta alors une lettre ouverte à Mrs Lechmere, et le regard rapide de Lionel lui apprit que c’était à lui qu’elle était adressée. Malgré la découverte qu’il faisait pour la seconde fois de la liberté avec laquelle Ralph s’immisçait dans ses secrets les plus intimes, Lionel ne s’en plaignit point, et attendit avec la plus vive impatience l’effet que cette étrange communication produirait sur sa tante.
    Mrs Lechmere, comme sous l’influence d’un charme, reçut la lettre avec une sorte de soumission qui prouvait l’ascendant qu’avait pris sur elle le ton ferme et solennel du vieillard. Dès que ses yeux en eurent aperçu le contenu, ils devinrent fixes et hagards. Le billet était court, et la lecture en fut bientôt terminée. Elle le tenait encore par une sorte de mouvement machinal mais son œil vague et égaré prouvait assez qu’elle n’était plus capable de lire. Un moment de silence pénible s’ensuivit, un frémissement général vint ébranler le corps affaibli de la malade, un tremblement convulsif agitait tous ses membres, et on eût entendu dans le coin le plus reculé de l’appartement le frottement du papier qu’elle froissait sans le savoir.
    – Cette lettre m’est adressée, s’écria Lionel touché de compassion en voyant l’état où elle était réduite, et c’est à moi qu’elle aurait dû être remise.
    En disant ces mots, il la prit des mains de la malade, sans que celle-ci opposât la moindre résistance.
    – Lisez tout haut, mon cher Lionel ! lui dit à l’oreille la voix la plus tendre ; tout haut, je vous en conjure !
    Ce fut peut-être encore moins par suite de cet appel touchant fait d’une voix dans laquelle toute l’âme de Cécile semblait avoir passé, que par l’impossibilité de contenir les sensations impétueuses qui bouillonnaient dans son cœur, que le major Lincoln se conforma à sa demande. D’une voix devenue calme par l’excès même de son émotion, il lut le contenu du billet fatal, et si distinctement que chaque mot résonnait à l’oreille de son épouse, au milieu du silence qui l’entourait, comme des avertissements prophétiques sortis du sein même du tombeau.
    « L’état de la ville a empêché de donner à la maladie de Mrs Lechmere cette attention soutenue que sa position rendait nécessaire. Une gangrène intérieure s’est formée, et le soulagement qu’elle éprouve actuellement n’est que l’avant-coureur de sa mort. Je crois de mon devoir de prévenir que, quoiqu’il soit possible qu’elle vive encore quelques heures, il n’est pas probable qu’elle passe la nuit. »
    Au bas de ce billet court, mais terrible, était la signature bien connue du médecin qui l’avait soignée. Quel changement soudain et imprévu ! Tout le monde avait cru que la maladie s’était éloignée, lorsque au contraire elle attaquait sourdement les parties les plus vitales. Laissant retomber ses bras, Lionel s’écria dans le premier mouvement de surprise :
    – Qu’elle passe la nuit ! Grand Dieu ! se pourrait-il ?
    L’infortunée, lorsque l’espèce d’attaque nerveuse qu’elle avait eue fut passée, promena son œil inquiet de figure en figure, et écouta avidement la lecture du billet. On eût dit qu’elle se flattait de voir briller un rayon d’espérance sur leurs physionomies. Mais le langage du médecin était trop clair, trop positif, pour qu’il fût possible de s’y méprendre. Sa concision même lui imprimait le cachet terrible de la vérité.
    – Le croyez-vous donc ? demanda-t-elle d’une voix étouffée, comme si elle voulait rejeter loin d’elle cette affreuse conviction ; vous, Lionel Lincoln, que j’avais cru mon ami !
    Lionel se détourna en silence pour éviter le douloureux spectacle de sa misère ; mais Cécile se jeta à genoux au pied de son lit, et, joignant ses mains, offrant dans tous ses traits l’image consolante de l’espérance sanctifiée par la religion, elle dit à voix basse :
    – Ce n’est pas l’ami sincère, ma chère grand’maman, qui doit flatter au moment du départ ; mais il est un appui plus sûr et plus infaillible que tous ceux que ce monde pourrait offrir !
    – Et vous aussi, s’écria Mrs Lechmere en se levant sur son séant avec une force et une énergie

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