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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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jour !
    – Dites-moi donc, Job, si le major Lincoln vous a donné la même preuve d’égards que moi, dit Cécile sans faire attention à ce que venait de dire Abigaïl. Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?
    L’idiot ne répondit rien.
    – Je crois que je puis le questionner d’une manière plus intelligible pour lui, dit l’étranger en adressant à Cécile un regard d’intelligence qu’elle parut comprendre aussitôt.
    Il se tourna alors vers Job, dont il étudia quelques instants la physionomie avec attention avant de lui adresser la parole.
    – Boston doit être une belle place pour les revues et les parades, jeune homme, dit-il enfin. Allez-vous quelquefois voir les soldats faire l’exercice ?
    – Job les suit toujours en marchant en mesure. C’est un grand spectacle que de voir les grenadiers marcher au son des tambours et des trompettes.
    – Et Ralph, dit l’étranger d’un ton indifférent, marche-t-il aussi en mesure à leur suite ?
    – Ralph ! c’est un grand guerrier. Il apprend aux colons à faire l’exercice, là-bas sur les montagnes. Job l’y voit toutes les fois qu’il va chercher des provisions pour le major.
    – Cela demande explication, dit l’étranger.
    – L’explication est facile, répondit Polwarth. Ce jeune homme, depuis six mois, apporte périodiquement certaines provisions de la campagne dans cette ville, à la faveur d’un drapeau parlementaire.
    L’étranger réfléchit un instant avant de prendre la parole.
    – Quand avez-vous été pour la dernière fois parmi les rebelles ? demanda-t-il ensuite.
    – Je ne vous conseille pas de les appeler rebelles ; car ils ne souffriront pas que vous leur donniez un pareil nom.
    – J’ai eu tort, j’en conviens. Mais quand avez-vous été chercher des provisions pour la dernière fois ?
    – Job y a été samedi dernier, qui était hier.
    – Et comment se fait-il, drôle, que vous ne me les ayez pas apportées ? s’écria Polwarth avec impétuosité.
    – Il a sans doute eu de bonnes raisons pour cette négligence apparente, dit l’étranger, qui voulait maintenir l’idiot en bonne humeur. – Vous avez eu de bonnes raisons pour les apporter ici, n’est-il pas vrai, Job ?
    – Oui, pour satisfaire sa gloutonnerie ! dit le capitaine irrité.
    Abigaïl, qui était assise par terre, joignit les mains avec un mouvement convulsif, fit un effort pour se lever et pour parler, mais elle retomba dans son humble posture, et une forte émotion la priva de l’usage de la parole.
    L’étranger ne fit aucune attention à cette courte pantomime, et il continua ses questions avec le même sang-froid et le même ton d’aisance qu’auparavant.
    – Sont-elles encore ici ? lui demanda-t-il.
    – Certainement elles y sont encore. Job les a cachées jusqu’à ce que le major revienne. Ralph et le major Lincoln ont oublié de dire à Job ce qu’il devait faire des provisions.
    – En ce cas je suis surpris que vous ne les ayez pas suivis avec votre fardeau.
    – Tout le monde croit que Job est fou, répondit l’idiot ; mais il ne l’est pas assez pour reporter sur les montagnes les provisions qu’il en a apportées. Croyez-vous qu’on en manque là-bas ? Non, non, ajouta-t-il, ses yeux brillants prouvant combien il appréciait cet avantage ; on y amène des chariots pleins de vivres, tandis que la famine est dans la ville.
    – Vous avez raison ; j’avais oublié qu’ils étaient allés tous deux joindre les Américains. Et ils sont sans doute sortis de la ville à l’aide du drapeau que vous portiez pour y entrer ?
    – Job ne porte pas de drapeau. Ce sont des enseignes qui portent des drapeaux. Job a apporté un beau dindon et un gros jambon ; mais il n’y avait pas de drapeau.
    Au nom de ces comestibles, les oreilles du capitaine se dressèrent, et il aurait probablement violé une seconde fois les règles rigides du décorum, si l’étranger n’avait continué ses questions.
    – Tout ce que vous me dites est fort sensé, mon cher Job, et j’en reconnais la vérité. Il était bien facile à Ralph et au major Lincoln de sortir de la ville de la même manière que vous avez coutume d’y entrer.
    – Bien certainement, répondit Job que toutes ces questions commençaient à fatiguer, en enfonçant sa tête sous sa couverture ; Ralph connaît le chemin, il est né à Boston.
    L’étranger se tourna vers Cécile, qui écoutait avec grande attention, et la salua,

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