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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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poupe, que si vous la voyiez de côté, particulièrement de bâbord. – Touchez l’eau bien doucement, vous autres, et donnez ensuite un coup de rame vigoureux et prolongé : ces Yankies ont l’oreille longue comme des ânes, et nous approchons du rivage. – Cette attaque sur l’isthme de Dorchester vous fera faire une longue promenade pour arriver à Cambridge, Madame ; mais il était impossible de toucher ce soir à un autre point du territoire occupé par les rebelles, où, comme vous le voyez, nous aurions été obligés de marcher en face de leurs canons.
    Cécile, se prêtant à la conversation pour remercier le jeune officier du désir qu’il montrait évidemment de lui faire paraître la traversée moins longue par son entretien, lui répondit :
    – N’est-il pas bien singulier que les colons, qui bloquent la ville de si près au nord et à l’ouest, négligent totalement de l’attaquer du côté du midi ? car je crois qu’ils n’ont jamais cherché à occuper les montagnes de Dorchester ; et cependant c’est un des points les plus près de Boston.
    – Il n’y a là aucun mystère, dit le jeune homme en secouant la tête avec l’air de sagacité d’un vétéran ; ce serait vouloir s’attirer sur les oreilles une autre affaire de Bunker-Hill, car vous voyez que les hauteurs de Dorchester sont de ce côté exactement la même chose que celles de Charleston de l’autre. – Maniez légèrement vos rames, vous autres, très-légèrement. Et il baissa lui-même la voix, à mesure qu’on approchait du rivage. – D’ailleurs, Madame, une batterie placée sur cette hauteur pourrait jeter des dragées sur nos navires, ce que notre vieil amiral ne souffrirait pas ; il en résulterait donc ou qu’il y aurait une bataille rangée dans toutes les règles, ou que la flotte s’éloignerait, et alors que deviendrait l’armée de terre ? Non, non, les rebelles ne voudraient pas risquer de chasser les morues de leur baie en faisant une pareille tentative. – Les rames en repos, allons, camarades ; je veux examiner s’il n’y a pas quelques Yankies qui soient à prendre le frais au clair de lune le long du rivage.
    Les marins obéissants cessèrent leur travail à l’instant, et le midshipman prenant une longue-vue, reconnut avec soin tous les environs de l’endroit où il comptait débarquer. Cet examen lui ayant paru satisfaisant, il ordonna aux rameurs de se diriger vers une petite anse où l’ombre des montagnes pouvait faciliter un débarquement secret.
    À compter de ce moment, on observa le plus profond silence, la barque avançant rapidement, mais avec précaution, vers l’endroit indiqué : elle y arriva bientôt ; on entendit la quille toucher le fond, et bientôt l’esquif devint stationnaire. Le jeune midshipman aida Cécile à sortir de la barque, et sautant ensuite sur le rivage avec un air d’insouciance, il s’approcha de celle dont il allait se séparer.
    – Je désire que ceux que vous allez rencontrer vous montrent le même respect que ceux que vous quittez, lui dit-il avec une franchise qui eût été digne d’un plus vieux marin ; que Dieu vous protège, ma chère dame ! j’ai laissé chez moi deux jeunes sœurs, presque aussi jolies que vous, et je ne vois jamais une femme avoir besoin d’assistance sans penser à elles. Adieu ! quand nous nous reverrons, j’espère que vous verrez de plus près la belle frégate que…
    – Vous n’êtes pas si près de vous séparer que vous l’imaginez, s’écria un homme qui était caché derrière un rocher en s’avançant rapidement vers les nouveaux débarqués ; si vous faites la moindre résistance, vous êtes tous morts.
    – Partez, camarades, partez, et ne songez pas à moi ! s’écria le midshipman avec une présence d’esprit admirable ; sauvez la chaloupe au péril de votre vie !
    Les marins lui obéirent sans hésiter, et le jeune officier, profitant d’un moment où l’Américain qui était survenu si mal à propos se retournait pour appeler ses compagnons, courut vers le rivage, dont il n’était qu’à quelques pas, avec la légèreté d’un cerf, et, s’élançant de toute sa force, il tomba dans la mer assez près de la barque pour en saisir le plat-bord. Les marins le tirèrent de l’eau sur-le-champ. Une douzaine d’hommes armés arrivèrent sur le bord de la mer presque en même temps que lui, et leurs mousquets étaient dirigés contre les fugitifs, quand celui qui avait

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