Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
Vom Netzwerk:
dents claquer les unes contre les autres.
    – Je vous remercie mille fois, Monsieur, dit Meriton en tirant une seconde fois sa bourse avec une promptitude d’instinct ; quel en est le prix, s’il vous plaît ?
    Allen dressa les oreilles à cette question, et appuyant sur son épaule son fusil qu’il avait porté jusqu’alors de manière à être prêt à s’en servir au premier moment, il s’approcha de Meriton avec un air plus cordial.
    – Je n’avais dessein que de vous le prêter, dit-il ; mais, si vous en aviez envie, je ne voudrais pas vous le refuser.
    – Vous en donnerai-je une guinée, deux guinées, Monsieur le rebelle ? demanda Meriton dont l’esprit était troublé par la terreur.
    – Je me nomme Allen, l’ami, et nous aimons les propos civils dans cette colonie : deux guinées pour un mouchoir ! je ne suis pas homme à faire une demande si ridicule.
    – Eh bien ! en voulez-vous une demi-guinée, quatre demi-couronnes ?
    – Je ne pensais pas à le vendre quand je suis parti de chez moi ; il est tout neuf, comme vous pouvez le voir en l’étendant ainsi devant la lune ; d’ailleurs, à présent qu’il n’y a pas de commerce, vous savez que les marchandises deviennent chères ; eh bien ! si vous désirez l’acheter, je ne veux pas vous le faire payer trop cher ; prenez-le pour deux couronnes.
    Meriton donna l’argent sans hésiter un instant, et l’Américain le mit en poche, fort satisfait de son marché puisqu’il avait vendu sa marchandise à un profit d’environ trois cents pour cent. Il saisit bientôt l’occasion de dire à l’oreille de son camarade qu’il venait de conclure une assez bonne affaire, et lui en ayant donné les détails, ils convinrent unanimement que la mission qui leur avait été donnée n’était pas une mauvaise corvée.
    D’une autre part, Meriton, qui savait aussi bien que les Américains que le coton n’avait pas la même valeur que la soie, n’en était pas moins content de son marché, quoique sa satisfaction partit d’une autre source que celle d’Allen. Une longue habitude lui avait appris à croire que chaque civilité avait son prix, comme sir Robert Walpole le disait du patriotisme, et la crainte dont il était saisi faisait qu’il ne s’inquiétait guère de la somme qu’il avait payée pour son acquisition. Il se regardait alors comme ayant un droit manifeste à la protection de son garde, et cette idée fut pour son esprit un calmant qui fit succéder la sécurité à ses appréhensions.
    Ce marché venait d’être conclu, et chacune des parties était en possession de ce qu’elle venait d’acquérir, quand ils arrivèrent sur la terre basse connue sous le nom du Neck {66} . Tout à coup les deux gardes s’arrêtèrent, se penchèrent en avant avec un air de grande attention, et semblèrent écouter un bruit qu’on entendait dans l’éloignement dans l’intervalle de la canonnade.
    – Ils viennent, dit l’un d’eux à son camarade ; avancerons-nous ou attendrons-nous qu’ils soient passés ?
    L’autre lui répondit à voix basse, et, après une courte conversation, ils continuèrent à marcher.
    Cette conférence avait attiré l’attention de Cécile ; elle avait entendu le peu de mots que ses gardes avaient laissé échapper, et, pour la première fois, elle commença à avoir quelque inquiétude sur le lieu où elle était conduite. Entièrement occupée du motif important qui l’avait déterminée à quitter Boston, elle dévoua alors toutes ses facultés au soin de chercher à découvrir la moindre circonstance qui pourrait tendre à déjouer ses projets. Elle marchait si légèrement sur l’herbe brûlée par la gelée, qu’il eût été impossible d’entendre le bruit de ses pas, et plus d’une fois elle fut tentée d’engager ses compagnons à en faire autant, afin qu’aucun danger ne pût se présenter à l’improviste. Enfin ses doutes furent soulagés, quoique avec une augmentation de surprise, en entendant un bruit sourd de roues qui annonçait l’approche de voitures marchant lentement sur la terre gelée. Un moment après ses yeux confirmèrent le témoignage de ses oreilles, et la clarté de la lune lui permit de voir qu’elle ne s’était pas trompée dans ses conjectures.
    Ses guides changèrent alors de dessein et se retirèrent avec leurs prisonniers sous l’ombre d’un grand pommier qui était à quelques pas de la ligne que suivaient évidemment les voitures qui

Weitere Kostenlose Bücher