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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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belligérante que cette arme redoutable semblait indiquer ; car il prit tous les soins possibles de sa prisonnière, et lui témoigna toutes les attentions imaginables.
    Au pied de la hauteur, ce galant demi-militaire mit en réquisition un chariot qui s’en retournait à vide, et, après quelques préparatifs nécessaires, Cécile se trouva assise près de lui sur un banc suspendu par des courroies, tandis que l’inconnu, Meriton et ses deux premiers gardes étaient assis sur les planches au fond de la voiture. Leur marche fut d’abord lente et difficile, plusieurs centaines de chariots qui s’en retournaient obstruant le chemin à chaque pas ; mais quand ils furent une fois sur la route de Roxbury, ils avancèrent plus rapidement. Tandis qu’ils avaient à traverser une ligne de chariots qui paraissait interminable, l’officier donna toute son attention à cette manœuvre importante ; mais quand cet obstacle n’exista plus, il ne négligea pas ces petits soins que, depuis un temps immémorial, une jolie femme a le droit d’obtenir des hommes de sa profession.
    – N’épargnez pas le fouet, dit-il au conducteur dès que la foule des voitures commença à diminuer. Allez grand train, par honneur pour vos chevaux, et pour faire honte à ces bêtes à cornes. L’animal qui est à notre droite doit être un tory ; on le voit à sa lenteur et à la répugnance qu’il montre à tirer pour le bien commun. Traitez-le en conséquence, l’ami, et en retour vous serez traité en bon whig {67} quand nous ferons une halte. Vous avez sans doute passé l’hiver à Boston, Madame ?
    Cécile ne répondit que par une inclination de tête.
    – L’armée royale doit figurer plus avantageusement aux yeux d’une dame que celle des colons, et cependant on convient qu’il se trouve parmi nous des gens qui ne manquent pas de connaissances militaires, et qui ont une certaine tournure martiale. – Et, en parlant ainsi, l’officier travaillait à faire sortir de dessous sa redingote la garde d’argent du grand sabre de son aïeul. – Les officiers au service du roi, Madame, vous donnent sans doute souvent à Boston des bals et des divertissements ?
    – Je crois qu’on trouverait parmi les femmes de cette ville peu de cœurs disposés à partager leurs amusements.
    – Que Dieu les en récompense ! Chaque boulet que nous jetons dans la ville est comme si nous tirions du sang de nos propres veines. Je suppose que les officiers du roi ne font plus si peu de cas des colons, depuis la petite affaire de Charleston.
    – Personne ayant quelque intérêt à prendre aux événements de cette fatale journée, n’oubliera facilement l’impression qu’elle a produite.
    Le jeune Américain fut trop frappé du son mélancolique de la voix de Cécile, tandis qu’elle parlait ainsi, pour ne pas se douter que, dans le triomphe de son cœur, il avait rouvert en elle quelque blessure que le temps n’avait pas encore bien guérie, et, après cette tentative malheureuse pour engager la conversation, il garda le silence ; jusqu’au moment où ils entendirent le bruit d’une cavalcade nombreuse qui avançait. Au premier coude que fit la route, ils rencontrèrent une troupe de cavalerie qui courait au galop du côté de la hauteur qu’ils venaient de quitter. Le commandant de ce détachement s’arrêta en passant devant le chariot, et l’officier américain, voyant qu’il avait dessein de lui parler, ordonna au conducteur d’arrêter également.
    Ce nouveau venu avait un air de hauteur et d’aisance qui engagea Cécile à écouter ses discours avec plus d’attention qu’on n’en accorde ordinairement aux lieux communs que s’adressent des gens qui se rencontrent sur une route. Son costume n’était ni tout à fait civil, ni tout à fait militaire, quoique sa tournure fût évidemment celle d’un soldat. Lorsqu’il s’arrêta, trois ou quatre chiens sautèrent autour de lui pour le caresser, passant entre les jambes de son beau coursier avec une liberté qui annonçait qu’il régnait une grande intimité entre ces quadrupèdes de race différente, quoique leur hardiesse parût importune à leur maître.
    – Jolie discipline, pardieu ! s’écria ce singulier chef des Américains. Je présume, Messieurs, que vous venez des hauteurs de Dorchester, et que, y étant allés du camp à pied, vous essayez combien il faut de temps à une voiture à quatre roues pour faire le même chemin dans une retraite.
    Le

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