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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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directe avec notre constitution, et qu’on pouvait entendre non seulement sans répugnance, mais souvent même avec plaisir. Mais le langage que vous tenez aujourd’hui approche de la trahison.
    – Allez donc, répondit l’étranger sans s’émouvoir ; descendez dans cette plaine avilie, et donnez ordre à vos mercenaires de venir me saisir. Ce ne sera que le sang d’un vieillard, mais il servira à engraisser la terre ; ou bien envoyez vos grenadiers impitoyables tourmenter leur victime avant que la hache fasse son devoir. Un homme qui a vécu aussi longtemps peut bien trouver quelques instants à donner aux bourreaux.
    – Je pense, Monsieur, que vous auriez pu m’épargner de pareils reproches, dit Lionel.
    – Eh bien oui ! et je fais plus encore, j’oublie mes cheveux blancs, et je demande pardon. Mais si, comme moi, vous aviez connu l’esclavage dans ce qu’il a de plus horrible, vous sauriez apprécier l’inestimable bienfait de la liberté.
    – Est-ce que, pendant le cours de vos voyages, vous auriez connu l’esclavage autrement que dans ce que vous appelez la violation des principes ?
    – Si je l’ai connu ! s’écria l’étranger en souriant avec amertume ; je l’ai connu comme un homme ne devait jamais le connaître, de corps et d’esprit ; j’ai vécu des jours, des mois, des années même, entendant d’autres hommes exposer froidement mes besoins, les voyant mesurer la faible ration nécessaire à ma subsistance, les entendant s’arroger le droit d’apprécier les souffrances que moi seul éprouvais, et de contrôler jusqu’à l’expression de mes douleurs, seule consolation que Dieu m’eût laissée.
    – Pour avoir souffert une pareille servitude, il faut que vous soyez tombé entre les mains de barbares infidèles.
    – Oui, jeune homme, vous les qualifiez comme il faut ; ils méritent bien en effet ces épithètes : infidèles, qui reniaient les préceptes de notre divin Rédempteur ! barbares, qui traitaient comme une bête brute un être ayant une âme, et doué de raison comme eux !
    – Pourquoi n’êtes-vous pas venu à Boston, s’écria Job, dire tout cela au peuple dans Funnel-Hall ? cela ne se serait point passé ainsi.
    – Enfant, je suis venu à Boston mainte et mainte fois en pensée, et l’appel que je faisais à mes concitoyens aurait ému jusqu’aux murs de l’antique Fanueil, s’il avait pu être proféré dans son enceinte ; mais c’était en vain : ils avaient la puissance, et, comme des démons, ou plutôt comme de misérables humains, ils en abusaient.
    Lionel, vivement ému, se préparait à répondre d’une manière convenable, lorsqu’il s’entendit appeler à haute voix, comme si celui qui parlait gravissait l’autre côté de l’éminence. Dès que la voix eut frappé son oreille, le vieillard, qui était assis au pied du fanal, se leva tout à coup, et, suivi de Job, il s’éloigna avec une rapidité surprenante : le brouillard qui environnait encore les flancs du rocher les eut bientôt dérobés l’un et l’autre aux regards.
    – Vous voilà donc enfin, Lionel, s’écria le nouveau-venu en paraissant sur la hauteur ; ma foi, si vous tenez du lion par le nom, vous tenez du daim pour l’agilité : que diable venez-vous faire si matin au milieu des nuages ? Il faudrait vraiment avoir été dressé à Newmarket {25} pour escalader un pareil précipice. Mais Lionel, mon cher camarade, je suis charmé de vous voir ; nous savions que vous étiez attendu par le premier vaisseau, et, en revenant ce matin de la parade, j’ai rencontré deux coquins de valets portant la livrée verte de Lincoln {26} , et conduisant chacun un cheval en laisse. Par ma foi ! soit dit en passant, l’un de ces chevaux m’aurait fort bien convenu pour gravir ce maudit rocher ; mais n’en parlons plus. Vous jugez bien que j’ai reconnu la livrée au premier coup d’œil ; quant aux chevaux, j’espère faire bientôt avec eux plus ample connaissance. Dites-moi, mon ami, dis-je en m’adressant à l’un de ces marauds en livrée, qui servez-vous ? – Le major Lincoln de Ravenscliffe, Monsieur, répondit-il d’un air aussi impudent que s’il eût pu dire, comme vous et moi : – Nous servons Sa Majesté. Voilà pourtant le ton que prennent les domestiques de ces gens qui ont dix mille livres sterling de rente. Qu’on fasse une pareille question à mon fripon de valet, il se contentera de répondre : – Le capitaine

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