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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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lorsqu’une garnison commence à remplir ses greniers, c’est qu’elle s’attend à un siège ?
    – Je n’ai pas fait plus d’honneur que je ne le devais en conscience au repas du major Lincoln, répondit Polwarth, et loin d’avoir un appétit très-extraordinaire, je ne me suis pas senti en disposition de rendre toute la justice qu’ils méritaient à quelques uns de ces mets délicats. – Monsieur Meriton, je vous serai obligé de faire porter à la caserne le reste de cette oie sauvage ; mon laquais s’en chargera. Écoutez, comme la marche sera peut-être longue, et qu’on n’a pas toujours des vivres comme on veut, joignez-y la langue et une volaille, et un peu de ragoût ; nous pourrons le faire réchauffer dans quelque ferme. – Nous prendrons la pièce de bœuf, Mac-Fuse. – À propos, j’oubliais… Lionel aime beaucoup le jambon ; vous mettrez aussi le jambon, n’est-ce pas ? D’ailleurs, si nous sommes longtemps en route, il se gardera mieux que toute autre chose. – Et puis… je crois que cela suffira, Meriton.
    – C’est bien heureux, s’écria Mac-Fuse, et j’en suis aussi ravi que je le serais d’entendre lire une proclamation de guerre à Charing-Cross {36} . La nature vous avait formé pour la cantine, Polwarth, ou tout au moins vous devriez être fournisseur d’armée.
    – Riez tant qu’il vous plaira, Mac, reprit l’enjoué capitaine ; vous me remercierez demain, quand nous ferons halte pour déjeuner ; mais à présent je suis à vos ordres.
    Dès qu’ils furent sortis de la maison, il continua : – J’espère que Gage n’a pas d’autre intention que de nous pousser un peu en avant, dans la vue de protéger les fourrageurs et d’assurer les vivres de l’armée, ce qui ne serait pas si mal en effet ; et en développant un peu ce système, on pourrait donner à la table des officiers le premier choix de tout ce qui paraît au marché.
    – Je parierais que tous ces grands apprêts n’ont d’autre cause que quelque vieille pièce de canon en fer, à laquelle un homme ne saurait mettre le feu sans perdre la vie, répondit Mac-Fuse d’un ton dédaigneux. Quant à moi, capitaine Polwarth, si nous devons nous battre un jour contre ces colons, je voudrais que ce fût en braves, et je permettrais à ces pauvres diables de rassembler un arsenal convenable ; car maintenant, dans l’état des choses, je rougirais, comme soldat et comme Irlandais, de dire à mes hommes de faire une charge sur un ramassis de paysans dont les armes à feu ont plutôt l’air de longs tuyaux rouillés que de mousquets, et qui ont une demi-douzaine de canons dont la lumière est assez grande pour qu’un homme puisse y passer la tête, tandis que la bouche en est si étroite qu’une bille aurait peine à en sortir.
    – Écoutez donc, Mac, dit Polwarth, tandis qu’ils se dirigeaient en toute hâte vers leurs quartiers respectifs, une bille ainsi lancée peut suffire pour vous ôter l’appétit ; et les gens du pays ont un grand avantage sur nous : ils ne sont pas embarrassés pour avoir des vivres, et s’ils sont un peu plus mal armés, cette différence ne fait que rétablir l’équilibre.
    – Je ne veux contredire personne en matière d’honneur et de délicatesse, capitaine Polwarth, dit le grenadier d’un air fier et martial ; mais je crois qu’il existe une différence matérielle entre un boucher et un soldat, quoique leur métier à tous deux soit de tuer. J’espère, Monsieur, je le répète, que cette expédition secrète a un plus noble but que de priver les pauvres diables, contre lesquels nous allons combattre, des moyens de se défendre comme il faut, et j’ajoute, Monsieur, que telles sont les vraies doctrines militaires, quels que soient ceux qui peuvent juger à propos de dire le contraire.
    – Vos sentiments sont nobles et généreux, Mac ; mais il y a une obligation tout à la fois physique et morale qui force tous les hommes à manger ; et si, en permettant à nos ennemis de porter des armes, nous nous exposons à mourir de faim, c’est alors pour nous un devoir impérieux de les leur ôter, mesure dans laquelle je seconderai Gage de tout mon pouvoir, parce qu’elle est éminemment conservatrice.
    – Et Gage sera sans doute très-flatté, Monsieur, d’être secondé par vous, reprit le grenadier. Je crois pourtant, capitaine Polwarth, que, si le lieutenant-général Gage a besoin d’hommes de cœur dans quelque occasion

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