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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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Quelques minutes après, Lionel se trouva près de la porte basse d’Abigaïl Pray, où il s’arrêta un instant, frappé du contraste qui existait entre le seuil triste et solitaire qu’il allait franchir et le brillant portique qu’il venait de quitter. Pressé cependant par son impatience, il frappa doucement à la porte ; après avoir recommencé plusieurs fois avec une force toujours croissante, ne recevant aucune réponse, il leva le loquet et entra dans le vieux magasin sans plus de cérémonie. Le grand appartement dans lequel Lionel se trouva était triste et silencieux, comme les rues obscures qu’il venait de parcourir. Après avoir quelque temps cherché son chemin à tâtons vers la petite chambre de la tour où il se rappelait que la mère de Job était lors de leur première entrevue, il la trouva, mais sombre et vide comme celle qu’il quittait. Il se disposait à sortir, assez mécontent, lorsqu’un faible rayon de lumière, qui s’échappait à travers une des fentes du plafond, vint éclairer le bas d’une espèce d’échelle qui conduisait à l’étage supérieur. Après avoir hésité un moment, Lionel céda au désir de trouver le vieillard, et monta le plus doucement possible ce qu’on ne pouvait appeler un escalier.
    Le premier étage était divisé comme le rez-de-chaussée ; une grande chambre formait le milieu, et une plus petite était pratiquée dans chaque tourelle. En suivant la pâle clarté de la chandelle qui l’avait attiré jusque là, il se trouva sur le seuil d’une de ces petites pièces, et il y vit l’homme qu’il cherchait. Le vieillard était assis sur une chaise mutilée, la seule qui se trouvât dans la chambre, et devant lui, sur la botte de paille qui paraissait lui servir de lit, d’après les vêtements qui la couvraient, était déployée une grande carte de géographie qu’il semblait étudier avec la plus grande attention. Lionel hésita de nouveau, ne sachant s’il devait interrompre ses méditations, et contempla un moment les longs cheveux blancs qui couvraient le front et les tempes de Ralph tandis qu’il se baissait pour mieux voir la carte, et qui rendaient plus grave et plus imposante encore sa physionomie déjà si remarquable.
    – Je viens vous chercher, dit à la fin Lionel, puisque vous ne me trouvez plus digne de vos soins.
    – Vous venez trop tard, répondit Ralph sans paraître ému ni surpris de cette apparition subite, et même sans lever les yeux de dessus la carte qu’il regardait si attentivement ; trop tard au moins pour prévenir de grands malheurs, sinon pour y puiser d’utiles leçons.
    – Vous connaissez donc les mouvements secrets qui se préparent pour cette nuit ?
    – La vieillesse s’endort rarement, dit Ralph en regardant pour la première fois Lionel, car la nuit éternelle qui l’attend lui promet un assez long repos. Et moi aussi, j’ai fait dans ma jeunesse l’apprentissage de votre profession sanguinaire.
    – Vos observations et votre expérience vous auront sans doute fait découvrir les préparatifs de la garnison ; mais vous ont-elles appris aussi le motif et les conséquences probables de l’entreprise ?
    – L’un et l’autre me sont connus : Gage s’imagine en coupant de faibles branches étouffer le germe de la liberté qui a pris racine dans tous les cœurs américains. Il croit pouvoir anéantir les sentiments énergiques et le patriotisme qui animent tous les esprits, en détruisant quelques magasins de munitions.
    – Il ne s’agit donc aujourd’hui que d’une mesure de précaution ?
    Le vieillard secoua la tête d’un air triste, et répondit :
    – Ce sera une mesure de sang.
    – Je compte accompagner le détachement dans cette expédition, dit Lionel ; il se postera probablement à quelque distance dans l’intérieur, et je trouverai peut-être l’occasion de prendre ces informations, qui, vous le savez, me tiennent si fort à cœur, et pour lesquelles vous m’avez promis de m’aider. C’est pour vous consulter sur la marche que je dois suivre, que je suis venu vous chercher.
    Tandis que Lionel parlait, le vieillard pâlit, et parut perdre jusqu’à la faculté de penser : ses yeux vagues et hagards erraient sur les murs dégradés qui l’entouraient, puis sur la carte de géographie ; enfin ils tombèrent sur les traits de Lionel étonné, et y restèrent quelque temps fixés, mornes et immobiles comme le regard de la mort. Lionel se disposait à lui

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