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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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ce fou votre confident ?
    – Ce fou est l’enfant de mon sein, dit Abigaïl en levant les mains comme pour implorer le pardon de son indiscrétion. Ah ! Madame, vous qui êtes riche, respectée et heureuse, et qui avez une petite-fille si douce et si sensible, vous ne concevez pas qu’on puisse aimer un être comme Job ; mais lorsqu’un cœur brisé est chargé d’un pesant fardeau, il s’en décharge sur celui qui veut bien le porter avec lui, et Job est mon enfant, quoiqu’il ne soit guère plus qu’un idiot.
    Mrs Lechmere fut quelque temps sans répondre, et Lionel en profita pour faire un violent effort sur lui-même, et s’arracher à une conversation qui l’intéressait vivement, mais qui n’était point faite pour son oreille. Il arriva dans le parloir, et se jeta sur un siège sans s’apercevoir qu’il n’était pas seul.
    – Quoi ! le major Lincoln est déjà rentré ! s’écria la douce voix de Cécile Dynevor qui était assise de l’autre côté de la chambre ; et le voilà armé jusqu’aux dents comme un bandit.
    Lionel tressaillit, et répondit en se frottant le front, comme un homme à demi éveillé :
    – Oui, un bandit, ou tout autre nom qu’il vous plaira de me donner ; je les mérite tous.
    Certainement, dit Cécile en pâlissant, personne n’oserait parler ainsi du major Lincoln, et lui-même ne se rend pas justice.
    – Quelle extravagance ai-je donc prononcée, miss Dynevor ? s’écria Lionel en revenant à lui ; j’étais tellement absorbé dans mes pensées, que j’ai entendu votre voix sans comprendre votre question.
    – Cependant vous êtes armé ; je vois votre épée, et vous portez même des pistolets !
    – Oui, répondit le jeune militaire en déposant ces armes dangereuses, j’accompagne cette nuit, comme volontaire, un détachement qui doit s’avancer dans l’intérieur des terres, et j’ai voulu me donner un air tout guerrier, quoique vous connussiez bien mes intentions pacifiques.
    – S’avancer dans le pays et dans l’ombre de la nuit ! dit Cécile en pâlissant encore davantage et en respirant à peine. Et comment le major Lincoln s’associe-t-il volontairement à une pareille entreprise ?
    – Je ne compte faire autre chose que d’être témoin de ce qui peut arriver, et j’ignore autant que vous le but de l’expédition dont il s’agit.
    – Alors restez où vous êtes, dit Cécile d’un ton ferme, et ne prenez point part à une entreprise qui peut être impie dans son but et dangereuse dans ses résultats.
    – Quant au but, je n’ai rien à me reprocher, puisque je l’ignore ; ma présence ou mon absence n’y saurait rien changer ; et il ne peut y avoir de danger à accompagner les grenadiers de l’infanterie légère de cette armée, miss Dynevor, lors même qu’il s’agirait de marcher contre un nombre triple de troupes choisies.
    – D’après ce que vous venez de dire, s’écria Agnès Danforth en entrant dans le parloir, il paraît que notre ami Mercure, cet homme de plume, le capitaine Polwarth, doit faire partie de ces déprédateurs nocturnes ? En ce cas, gare aux poulaillers !
    – Vous savez donc ce qu’on projette, Agnès ?
    Agnès répondit, en s’efforçant de cacher son mécontentement sous un air d’ironie :
    – J’ai entendu dire que des hommes sont armés, et que des chaloupes entourent la ville dans toutes les directions, pour empêcher que personne puisse entrer dans Boston ou en sortir, comme nous avions coutume de le faire, Cécile, à telle heure et de telle manière que cela nous plaisait, à nous simples Américaines. Dieu seul sait à quoi aboutiront toutes ces mesures oppressives.
    – Si vous ne comptez être que simple spectateur des déprédations des troupes, dit Cécile, n’avez-vous pas tort de les sanctionner par votre présence ?
    – J’ai encore à apprendre qu’il doive se commettre aucune déprédation.
    – Vous oubliez, Cécile, interrompit Agnès d’un air de mépris, que le major Lincoln n’est arrivé que depuis la fameuse marche de Roxbury à Dorchester ! Alors les troupes moissonnèrent leurs lauriers à la face du soleil ; mais il est aisé de concevoir combien leur gloire sera plus brillante encore, lorsque l’ombre de la nuit couvrira leur honte.
    Le feu monta à la figure de Lionel, mais il se leva pour partir et dit en riant :
    – Vous me forcez à battre en retraite, ma sémillante cousine ; mais si, comme vous le pensez, la

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