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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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l’exactitude militaire, à la tête du premier peloton d’infanterie légère. Comme il était évident, tant par la position qu’ils occupaient que par le nombre des barques qui avaient été rassemblées, que le détachement ne devait pas quitter la péninsule par le point de communication ordinaire avec le reste du pays, il n’y avait plus d’autre alternative que d’attendre patiemment le signal de l’embarquement.
    Ce signal fut bientôt donné, et, comme l’ordre le plus parfait régnait parmi les troupes, en un instant ces troupes furent placées, et les barques commencèrent à s’éloigner lentement du rivage, précisément au moment où la lune, qui se jouait depuis quelque temps au milieu des collines, dorait les clochers de la ville, commençait à se refléter sur les eaux, et produisait en quelque sorte, sur ce tableau mouvant, l’effet du lever subit du rideau au commencement de quelque drame.
    Polwarth s’était assis à côté de Lionel ; il avait trouvé moyen de caser ses jambes à merveille, et, à mesure que la barque avançait doucement, tous les pressentiments fâcheux qui avaient accompagné ses réflexions sur les embarras de tout genre d’une guerre de partisans, se dissipèrent devant la douce influence de la scène calme et paisible qu’il avait sous les yeux.
    – Il y a des moments où j’aimerais assez la vie de marin, dit-il en s’étendant avec indolence et en jouant dans l’eau avec sa main ; il y a du plaisir à se sentir ainsi porté par l’eau sans avoir besoin de se donner du mouvement ; ce doit être excellent pour les digestions difficiles, car on a de l’air sans être obligé de faire un exercice violent. Vos soldats de marine doivent mener une vie délicieuse !
    – Mais on prétend qu’ils n’en sont pas aussi enchantés que vous êtes porté à le croire, dit Lionel, et je les ai souvent entendus se plaindre de n’avoir pas de place pour se dégourdir un peu les jambes.
    – Bah ! s’écria Polwarth, la jambe est la partie la moins nécessaire du corps humain, et pour moi, je n’en vois pas l’utilité. Je crois souvent qu’il s’est glissé une erreur matérielle dans la formation de l’animal ; car, par exemple, vous voyez qu’on n’a pas besoin de jambes pour être un excellent homme de mer ; en faut-il davantage pour être un violon de première force, un tailleur distingué, un docteur habile, un respectable ministre, un cuisinier fort passable, en un mot pour exercer toutes les professions, à l’exception pourtant de celle de maître à danser ? Je ne vois pas à quoi sert une jambe, si ce n’est à avoir la goutte. Après tout une jambe de douze pouces est tout aussi bonne qu’une jambe d’un mille de long, et le surplus pourrait être reporté avec avantage sur les parties plus nobles de l’animal, telles que la cervelle et l’estomac.
    – Vous oubliez l’officier d’infanterie légère, dit Lionel en riant.
    – Eh bien ! pour lui, ajoutez encore deux pouces, si vous voulez, quoiqu’en vérité, puisque dans ce monde pervers rien n’est excellent que par comparaison, cela dût revenir absolument au même, et, d’après mon système, un homme n’aurait nul besoin de jambes pour entrer dans l’infanterie légère. Pour le coup ce serait un service délicieux ! Il serait dispensé de la plupart de ces vilaines manœuvres, et surtout de ce nouveau genre d’exercice qui met à la torture. Ce serait le beau idéal de la vie militaire. Ni le corps ni l’imagination ne peuvent désirer de position plus agréable que celle où nous nous trouvons maintenant, et pourtant, je vous le demande, à quoi nous servent nos jambes ? S’il y a quelque chose à dire, elles ne font que nous gêner dans cette barque. Ici, nous avons la douce clarté de la lune, des sièges plus doux encore, une eau pure et limpide, un air vif et frais qui réveille l’appétit ; d’un côté une contrée charmante que nous apercevons à peine, mais que nous savons être riche et fertile, et de l’autre une ville pittoresque, où toutes les températures se trouvent réunies. Il n’y a point jusqu’à ces figures hétéroclites de soldats qui ne gagnent à être vues au clair de lune, avec leurs habits écarlates et leurs armes resplendissantes. – Dites-moi, avez-vous vu miss Danforth dans la visite que vous avez rendue à Tremont-Street, major Lincoln ?
    – Ce plaisir ne m’a pas été refusé.
    – Savait-elle quelque chose de

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