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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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l’homme à qui je parle ne craigne de marcher dans les rues de Boston en plein jour.
    – L’homme à qui vous parlez, major Lincoln, dit l’inconnu qui dans sa vivacité se rapprocha de Lionel, n’a pas craint de marcher le jour comme la nuit dans les rues de Boston lorsque les suppôts arrogants de celui que nous appelez votre maître se pavanaient insolemment à l’abri de la paix, et qu’il lui fallait dévorer leurs dédains. Maintenant qu’une nation est debout pour rabaisser leur morgue, craindra-t-il de se montrer à toute heure dans son pays natal ?
    – Ce langage est bien hardi de la part d’un ennemi qui se trouve dans un camp anglais. Je vous le demande à vous-même, quelles mesures mon devoir m’ordonne-t-il de prendre en pareille occasion ?
    – C’est une question que je laisse à décider entre le major Lincoln et sa conscience, reprit l’étranger ; quoique cependant, ajouta-t-il après un moment de réflexion et d’un ton plus doux, comme s’il se rappelait le danger de sa position, les personnes de son nom et de sa famille ne fussent pas dans l’usage de remplir le rôle de délateur, lorsqu’elles habitaient le pays natal.
    – Et c’est un rôle dont leur descendant ne rougirait pas moins. Mais que cette entrevue soit la dernière entre nous, nous ne devons plus nous voir à présent que sur le champ de bataille : ces sortes de thèses ne peuvent se discuter que l’épée à la main.
    – Soit ! dit l’étranger en saisissant la main du jeune homme et en la serrant avec la chaleur d’une généreuse émulation ; peut-être ce moment n’est-il pas bien éloigné, et puisse le ciel favoriser la bonne cause !
    Sans en dire davantage il s’entoura des plis de son manteau, et s’éloigna si précipitamment que, quand même Lionel l’eût voulu, il lui eût été impossible de retarder sa marche. Il ne lui restait alors aucun espoir de rejoindre Seth, et le jeune officier reprit d’un air pensif le chemin de son logement.
    Les deux ou trois jours suivants parurent annoncer des apprêts plus qu’ordinaires parmi les troupes, et le bruit se répandit que des officiers supérieurs étaient allés reconnaître le terrain sur l’autre péninsule. Lionel attendit patiemment la marche des événements ; mais comme il devenait probable qu’au premier moment il serait appelé à un service actif, il résolut de faire un nouvel effort pour connaître les secrets de l’habitant du grand magasin ; et, dans cette intention, il prit le chemin de la place du marché, le soir du quatrième jour après la rencontre qu’il avait faite du chef de l’assemblée politique. Il y avait déjà longtemps qu’on avait battu la retraite, et que la ville était plongée dans ce profond repos qui succède au bruit tumultueux d’une garnison. En traversant les rues, il ne rencontra que les sentinelles qui se promenaient dans les étroites limites qui leur avaient été assignées, et de temps en temps un officier qui revenait d’une ronde ou d’une partie de plaisir.
    Arrivé devant la porte du magasin, il n’aperçut aucune lumière par les fenêtres, et s’il s’y trouvait des habitants ils étaient déjà livrés au sommeil. Il lui fallut bien remettre sa visite à un autre jour ; mais, dans l’espèce d’excitation qu’il éprouvait, il ne put se décider à rentrer encore chez lui, et il continua à suivre les rues sombres et étroites de North-End jusqu’à ce que, sans le savoir, il se trouva tout à coup au milieu de l’emplacement occupé par les morts de Copp’s-Hill. Le général anglais avait fait élever une batterie de canons sur cette hauteur ; Lionel évita les sentinelles qui avaient été placées pour les garder, afin de n’être pas obligé de répondre à leurs questions ; et, arrivé sur l’éminence, il s’assit sur une pierre et commença à méditer profondément sur ses aventures et sur la situation de son pays.
    La nuit était obscure ; mais les vapeurs qui semblaient suspendues sur la ville s’entr’ouvraient quelquefois lorsqu’une étoile brillait au ciel, pour laisser apercevoir les vaisseaux de guerre qui étaient à l’ancre dans le port, et l’autre côté du rivage qui se dessinait en noir sur l’horizon. Le calme du soir dominait sur toute la scène ; et, lorsque les cris des sentinelles ou des matelots, se répétant l’un à l’autre : – Tout va bien ! {47} – s’élevaient des vaisseaux et des batteries, à ce

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