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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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les prés. C’est un hameau qui n’est marqué que sur les cartes d’état-major ; à trente kilomètres, pas une âme ne connaît son existence. L’arme au poing, nous nous dirigeons vers les maisons les plus proches et sachant d’expérience que les habitants protestent toujours contre ces billets de logement incessants. Tant pis ! Nous sommes chargés du cantonnement et si tout n’est pas prêt avant l’arrivée des compagnies, on se fait sonner par les officiers.
    A pas feutrés, la vie reparaît, les portes s’entrouvrent, des yeux curieux regardent. Nous allons de porte en porte en décidant du nombre d’hommes à loger ici ou là. Heureux village ! Pas une seule bombe n’y est tombée. Soudain, une fillette se précipite et jette ses bras autour du cou du Vieux.
    – Papa ! Tu es revenu ! – Des larmes coulent sur les joues de l’enfant – Je savais que tu reviendrais.
    Elle se serre contre le Vieux sans s’apercevoir qu’elle heurte de son front le bord coupant du casque.
    – Hélène ! appelle de l’intérieur une rude voix de femme. Qu’est-ce qu’il y a ?
    – C’est Papa ! Papa est rentré ! Dépêche-toi grand-mère !
    Une grande femme sombre, les cheveux tirés au-dessus du visage osseux, s’encadre dans la porte ouverte.
    – Mais non, rentre, ce n’est pas ton père.
    – Si grand-mère, cette fois c’est lui !
    Avec une dureté inutile, la femme empoigne la fillette et la repousse à l’intérieur. La modeste robe de deuil à col haut souligne encore la pâleur du visage.
    – Excusez, monsieur, l’enfant est bizarre. Son père est tombé devant Liège en 40, mais elle croit toujours qu’il vit ; sa mère a été tuée sur la route par un Stuka.
    – Il faut que je fasse le cantonnement, murmure timidement le Vieux. 1 re section, 3 e groupe, je le marque à la craie sur la porte.
    Dans la maison voisine, un couple nous offre du vin ; la femme porte une robe de soie grise démodée et nous lorgne à travers un face-à-main. Les pièces puent la naphtaline. Nos hôtes remplissent servilement nos verres en nous souhaitant la bienvenue et regardent avec intérêt nos uniformes noirs des régiments de blindés marqués au col de la tête de mort.
    – Ah ! c’est vous la Gestapo ? dit l’homme avec onction. Ben, je peux vous dire qu’il se passe ici des choses bizarres. Ça grouille de maquisards communistes qui nous attirent les pires embêtements. – Il désigne à travers la fenêtre une maison toute proche. – Tenez, là-bas, la barrière bleue, cinq des vôtres y ont été assassinés.
    Un homme vêtu d’une cotte d’ouvrier arrive au même instant sur un vieux vélo ; à son guidon pend une poule morte.
    – C’est Jacques, le frère d’un des gendarmes, dans la Résistance bien sûr, et en plus un bandit qui est derrière tous les crimes de la région. Faites aussi attention à Pierre le brigadier, il vous dira des choses intéressantes si vous savez le prendre.
    La femme approuve et ses petits yeux luisent de vengeance. J’écris sur la porte « 1er section, 4 e groupe ».
    – Sales cafards, murmure Porta. Doit s’en passer de belles ici !
    – Pas nos oignons, grommelle le Vieux. On fait le cantonnement, c’est tout.
    Plus loin, dans le village, nous tombons sur le brigadier en bourgeron, son képi délavé rejeté au sommet de son crâne.
    – Heil Hitler ! crie-t-il vert de peur.
    Et il se met au garde-à-vous, en sabots, un bidon de calvados sous le bras. Visiblement nous sommes attendus. Nouvelle tournée. Le brigadier boit à la santé de l’Allemagne, montre les photos de famille, parle, parle, un flot ininterrompu de paroles, rit sans raison de ses propres histoires, nous frappe sur l’épaule et meurt de terreur.
    – Les soldats allemands sont les meilleurs du monde ! Vous gagnerez la guerre. La guerre est l’œuvre des Juifs, ajoute-t-il après une courte pause. – Il tire une liste de sa poche. – Voilà ceux que j’ai arrêtés. Grand temps qu’on nettoie enfin le pays des Juifs. N’ont jamais amené que des emmerdements à commencer par le capitaine Dreyfus.
    – Il était innocent, insinue le Vieux. Une erreur judiciaire.
    – Tant pis, dit l’homme têtu. Quand même un sale Juif.
    Porta tripote d’un air horripilé sa mitraillette.
    – Dis donc, on chuchote que tu fais partie de la Résistance et qu’il se passe ici de drôles de choses ? C’est vrai ?
    – Quelle est l’ordure qui a pu

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