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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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demi-heure ? Ce serait par trop bête !
    Au moment où la voiture traversait le pont Saint-Michel, le jeune homme eut une défaillance.
    – Quel âge as-tu mon garçon ? demanda le Vieux avec compassion.
    – J’aurais dix-huit ans demain.
    – Alors c’est une fessée que tu aurais dû recevoir, et qu’on te renvoie chez ta mère, déclara Porta.
    – C’est nous qui avons la garde demain ? redit le Vieux d’un air rêveur.
    Heide hocha la tête :
    – Oui, vingt-quatre heures à s’emmerder. – Soudain il comprit ce que voulait dire le Vieux. – Ecoute Vieux, reprit-il, ne t’en mêle pas. On ne doit pas avoir d’histoires.
    Le Vieux ne répondit pas ; il se frottait le nez comme toujours lorsque quelque chose le tourmentait. Lentement, la voiture entra dans la prison, le prisonnier fut remis au greffe et nous lui donnâmes une tape sur l’épaule en manière d’encouragement.
    – Pas de fraternisation ! cria le Hauptfeldwebel. Bas les pattes, sacs à lard !
    A 18 heures, nous prenions la relève de la garde au bloc 4. Dans une prison, c’est l’instant où tout le monde est le plus occupé : il faut emmener les détenus aux toilettes et servir le dîner. Le Hauptfeldwebel passa, l’inspection et rabattit les clapets des sonnettes d’alarme ; les clefs tournèrent dans les serrures, les portes claquèrent. Un travail fou ! Je me suspendis à la grille qui fermait la grande porte au bout du couloir de la prison, grille qui est munie d’au moins dix sonnettes d’alarme, mais je m’en foutais ! Barcelona jouait aux cartes dans la cellule de trois condamnés à mort, lesquels, pour sauver leur peau, s’étaient portés volontaires comme hommes-torpilles. Les malheureux croyaient dur comme fer à leur grâce, mais nous étions mieux renseignés. Toute la jeunesse hitlérienne fait la queue pour rentrer dans les hommes-torpilles. Tandis que les déserteurs expliquaient qu’au cours de ces dangereuses expéditions contre les navires ennemis, ils espéraient bien être faits prisonniers, Barcelona n’entendit pas les quatre coups de sifflet annonçant l’arrivée d’un nouveau fourgon. J’étouffai un juron. Allait-on arrêter tout Paris ?
    – Poste 4, dis-je agacé.
    – Cellule 409. Nouvel arrivant, aboya le sous-officier.
    Un homme en uniforme d’officier montait rapidement les marches raides. Je le reconnus avec stupéfaction : c’était un des juges du conseil de guerre parmi les plus haïs de tout Paris ! Barcelona, enfin réveillé, passa sa tête par la porte de la cellule et reconnut lui aussi le nouveau prisonnier. Il eut un sifflement admiratif, se planta au haut de l’escalier les pouces dans son baudrier, et attendit que l’homme fût arrivé en haut.
    – Redescendez ! commanda-t-il avec un sourire torve.
    Le sous-officier rigola. C’était un truc de prison vieux comme le monde : Dès que le prisonnier est arrivé en haut, on lui commande de redescendre, puis de remonter, et ça peut durer sans fin de plus en plus vite. A tous les postes, les sous-officiers de garde étaient en ébullition, car la nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre.
    Profitant de l’émotion générale, Petit-Frère forçait incontinent la porte du bureau du Hauptfeldwebel et Porta signait la sortie du jeune Juif à fin d’interrogatoire supplémentaire à 19 heures. Comme experts de la cambriole, on ne faisait pas mieux que ces deux-là, et en tant que faussaire, le talent de Porta confinait au génie. Le Hauptfeldwebel croirait qu’il avait signé lui-même l’ordre de sortie. Porta se carra dans le confortable fauteuil et étala ses pieds sur le bureau ciré.
    – Je vais songer à devenir Hauptfeldwebel. On est tout de même bien dans un bureau comme ça.
    Barcelona, très inquiet, inspectait l’horizon et devenait rouge de fureur en voyant Petit-Frère qui s’étendait sur Je large canapé.
    – Tu n’as vraiment pas plus de nerfs qu’une vache !
    – Pas quand je fais mon devoir, feldwebel ! Tu m’as donné l’ordre d’ouvrir cette piaule, eh bien, je l’ai ouverte. L’obéissance c’est ça.
    – Un jour c’est la potence à qui tu obéiras, prédit Barcelona d’un air sinistre. Pas idée de se foutre dans des histoires pareilles, ajouta-t-il en classant soigneusement à sa place le faux billet de sortie.
    Selon leur excellente habitude, Porta et Petit-Frère effacèrent minutieusement toutes les empreintes digitales, et à

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