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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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lèvres.
    — Oui, Maîtresse Swinbrooke, nous en sommes certains. On accède au sommet de la tour par une trappe que Sir William verrouillait toujours derrière lui.
    — Vous n’êtes pas encore montés là-haut, tous les deux ?
    — Non. Nous avons pensé qu’il valait mieux que Maître Murtagh donne l’ordre d’ouvrir cette trappe. Je sais ce que vous pensez, Maîtresse : la mort du gouverneur est peut-être un crime, et non pas un accident ou un suicide, et on le saura lorsque quelqu’un sera monté en haut de la tour.
    Comme Kathryn allait poser une question, d’un geste de la main, Gabele lui demanda le silence et continua :
    — Sir William était prudent. Le haut de la tour est en pierre très lisse, glissante comme un étang gelé. Il l’avait fait recouvrir de cinq centimètres de sable fin.
    Gabele toussota.
    — Quant à nous, nous avons posté un garde devant l’escalier de la tour.
    Kathryn hocha la tête et s’apprêtait à poser d’autres questions quand la porte donnant sur le jardin s’ouvrit brutalement, et Wuf se précipita dans la cuisine.
    — J’ai attrapé une limace, Thomasina, regarde ! s’exclama l’enfant.
    Il courut vers la servante qui, près de l’âtre, surveillait la marmite sans pour autant quitter des yeux les deux visiteurs de Kathryn. Elle caressa gentiment la tête du garçonnet, en même temps qu’elle refoulait ses larmes. L’apparition du gamin avait fait resurgir le passé. La vie pouvait-elle recommencer ? Thomasina se le demandait. Autrefois, durant le temps du premier de ses trois mariages, Thomas, son propre petit garçon, avait couru vers elle pour lui montrer un escargot. Deux semaines plus tard, il mourait de la maladie de la sueur.
    Thomasina se mordit la lèvre et s’accroupit près de l’enfant, sans plus penser à sa maîtresse ni aux visiteurs. « Je dois vieillir », se dit-elle, et elle maudit en silence les larmes qui lui piquaient les yeux.
    — Viens, Wuf, dit-elle.
    Elle prit le garçonnet par la main pour l’entraîner voir s’il se trouvait d’autres limaces dans le jardin.
    Etonnés de la voir partir si brusquement, les deux visiteurs de Kathryn, que ses questions directes avaient un peu désarçonnés, sautillaient d’un pied sur l’autre.
    — Je vous ai dit ce que nous savons, Maîtresse, dit Gabele. Nous avons déjà mis en bière le corps de Webster, et nous pensons qu’il faut avertir Maître Murtagh.
    — Il est à Kingsmead, déclara Kathryn en traversant la pièce pour prendre sa cape suspendue au portemanteau. Je vais vous y conduire.
    Elle sortit dans le jardin dire à Thomasina où elle se rendait. La servante, assise sur un petit banc en bois, regardait Wuf et se contenta de hocher la tête sans relever son visage, pour que Kathryn ne voie pas les larmes qui brillaient dans ses yeux.
    — Thomasina, qu’est-ce qui ne va pas ?
    — Rien, Maîtresse.
    Thomasina s’obligea à sourire et indiqua Wuf de la main.
    — Rien qu’un rayon de soleil surgi du passé.
    Kathryn, escortée de Gabele et de Fletcher, arriva au domaine de Kingsmead. Ils chevauchèrent sur le chemin boueux qui serpentait entre les vastes enclos et les prairies jusqu’au manoir et à ses dépendances nichés dans un bosquet d’arbres. En approchant, Kathryn entendait déjà le bruit des scies et des marteaux des ouvriers, et les champs que traversait le chemin témoignaient des travaux entrepris par Colum. On avait érigé de nouvelles clôtures avec des portillons neufs, taillé les haies, et récuré les fossés.
    Quand les trois cavaliers arrivèrent sous les arbres, Kathryn immobilisa sa monture pour regarder le vieux manoir, toujours inhabitable, mais en pleine reconstruction. Des maçons et des tailleurs de pierre s’affairaient à remonter les murs. La charpente du toit avait été mise à nu, et des charpentiers remplaçaient les poutres et les solives, tandis qu’un couvreur et son apprenti déchargeaient d’une charrette des tuiles rouges pour les disposer soigneusement sur des planchettes de bois. Il régnait en ces lieux une activité bourdonnante comme une ruche en plein été.
    Les soldats qu’avait recrutés Holbech s’entraînaient au tir à l’arc dans un pré devant le manoir. Plus bas, autour de leurs tentes et cabanes de cantonnement, les femmes des soldats s’activaient à cuisiner sur des feux de bois tandis que des enfants au visage crasseux couraient en glapissant, s’amusant avec des chiens

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