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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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poursuivit-elle
avec audace :
    — Quand tu seras roi d’Égypte, Thouty, il
faudra faire de cet endroit un véritable paradis. Ne t’y plais-tu pas ?
    Elle observa les alentours où le vent n’avait
laissé que dégâts et ravages.
    — Ce khamsin est la réincarnation de
Seth, le dieu le plus néfaste de l’Égypte.
    Thoutmosis passa son bras derrière le buste de
la jeune fille et le tint serré contre lui. Elle respirait à petits coups
rapides tant l’air était sec et la chaleur écrasante. Dans les champs, les
cultures se desséchaient d’heure en heure. Il y avait longtemps que les
chadoufs ne fonctionnaient plus et que les canaux étaient asséchés, remplis de
sable et de pierres que le khamsin avait apportés.
    Potagers et jardins n’offraient plus que désolation,
l’arrosage ne venait plus les reverdir. Orge, vignes et blé ressemblaient à de
vastes étendues désertiques, brûlées, squelettiques, colorées d’un noir
sinistre qui ravageait les regards.
    Le jeune homme redressa son buste et passa sa
main libre sur son front moite. Une mèche de cheveux rebelle et frisée vint
heurter ses doigts, il la repoussa d’un geste rapide, puis essuya son cou
mouillé de sueur.
    Satiah se dégagea un instant et posa sa main
sur la sienne. Elle était grande, chaude, ferme. Elle l’y laissa le temps qu’il
retrouvât un souffle d’air pour apaiser son corps brûlant. La jeune fille aussi
transpirait et elle sentait qu’une sueur désagréable recouvrait la peau
délicate de ses seins, de son ventre, de ses cuisses.
    — Si nous prenions un bain ? proposa-t-elle
en retirant sa main. L’eau du fleuve nous rafraîchira peut-être.
    Ils coururent jusqu’au Nil. L’eau était si
basse qu’ils durent aller jusqu’à l’endroit où, habituellement, elle était en
plein centre de son lit. Ils la trouvèrent bouillante et leurs pieds heurtaient
le tranchant des cailloux qui s’y étaient accumulés. Satiah fit la grimace.
    — Marchons un peu sur la couche de
papyrus que le vent a déposée. Elle rafraîchira nos pieds.
    — Non, Satiah. Tu sais bien qu’après le
passage du khamsin, les vipères à cornes s’y logent et s’y prélassent.
    La jeune fille fit la moue.
    — Alors, il ne reste plus que ce sable
brûlant qui dévore nos pieds puisque tout est inapprochable.
    — Crois-tu que nous puissions nous
écarter de ta demeure ? Tu es déjà partie sans prévenir et si tu ne m’avais
pas trouvé sur les berges du fleuve, tu serais retournée chez toi.
    Satiah se mit à rire, découvrant une rangée de
dents petites et blanches sur des lèvres pulpeuses.
    — L’aubaine, c’est que je t’ai trouvé,
là, étendu sur les bords de notre Nil nubien, rêvant sans doute à l’armée qui t’attend
près de la troisième cataracte. Te manque-t-elle à ce point, Thouty ?
    Il prit sa main et la garda dans la sienne.
Ensemble, ils firent quelques pas. Le bruit du vent claquait dans leurs oreilles,
car le khamsin semblait reprendre des forces.
    Ils avançaient lentement, serrés l’un contre l’autre.
La jeune fille avait un pagne court qui laissait ses jambes et ses cuisses
nues. Un lien serrait ses hanches étroites et elle avait passé un fin corsage
qui moulait sa jeune poitrine aux formes délicatement arrondies.
    Ils marchèrent ainsi en silence jusqu’à la
boucle où le fleuve s’élargissait. Habituellement, à cet embranchement du Nil,
des bosquets de papyrus cachaient une foule de passereaux et les oiseaux des
marais venaient y pondre leurs œufs.
    Mais le khamsin avait arraché feuilles et
branches, ne laissant que des racines séchées. Çà et là, des trous avaient été
rebouchés par le sable et des pierres de granit avaient déboulé de la montagne,
s’accumulant en de tristes monceaux que la poussière recouvrait aussitôt.
    Au loin, les champs de Bouhen étalaient des
cultures calcinées et les paysans se lamentaient, voyant que leurs greniers ne
seraient pas suffisamment emplis cette année-là.
    Thoutmosis avançait tête baissée.
    — Nous devrions rentrer, fit-il. Ce n’est
pas un temps ordinaire. Le vent se lève et, à nouveau, il va souffler
sauvagement.
    Satiah serra sa main dans la sienne et libéra
ses craintes.
    — Regarde, je connais un abri derrière
cet amoncellement de roches. Les pêcheurs viennent y dormir les nuits où ils
tendent leurs filets. À l’aube, quand le soleil se lève, ils n’ont plus qu’à
les soulever et en établir le

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